L’armée turque comme les Irakiens, paralysée par les ripostes de Daesh

Mercredi 28 décembre, quelques heures avant que le Secrétaire d’Etat américain John Kerry doit livrer un discours important sur sa vision du Moyen-Orient, la Turquie et la Russie ont annoncé un plan de cesser-le-feu qui devrait entrer en vigueur la même nuit pour toute la Syrie et dans toutes les régions, où se déroulent les combats entre les forces pro-gouvernementales et des groupes d’opposition-excepté pour les organisations terroristes.

Moscou et Ankara assument le rôle d’assureurs des garanties pour ce processus. Cet accord sera présente pour approbation devant la conférence pour la paix en Syrie, qui doit être convoquée à Astana, la capitale du Kazakhstan, cette semaine, à laquelle assisteront la Russie, la Turquie, le Gouvernement syrien et les principaux groupes de l’opposition syrienne. Les Etats-Unis et l’Europe n’ont pas été invités.

Non content d’être parvenu à expulser Washington de tout rôle dans la résolution de la crise syrienne, le Président turc Tayyip Erdogan a accusé les Etats-Unis , leader de la guerre occidentalecontre Daesh, de soutenir les « groupes terroristes ».

Il a prétendu, mardi, détenir des preuves que les Etats-Unis « apportent tout leur soutien aux groupes terroristes dont Daesh et les YPG-PYD kurdes ».. « Nous disposons de tableaux, de photos et de vidéos ».

Alors qu’Erdogan marque des points dans l’arène diplomatique, il n’est confronté qu’à une immense frustration sur le plan militaire, à cause de l’échec de l’immense armée professionnelle turque, à pouvoir gagner du terrain dans la bataille d’al-Bab, au nord de la Syrie. C’est le tout premier face-à-face de l’armée turque avec l’Etat Islamique, au cours de son opération « Bouclier de l’Euphrate » et cela ne se passe pas bien du tout. Les combats sont meurtriers alors qu’aucun aboutissement concluant n’est en vue.

Cela peut être mis sur le compte du comportement étrangement inconséquent d’Erdogan.

Mardi 26 décembre, Erdogan n’a pas craint le ridicule en exigeant de l’Administration Obama un renforcement de son soutien aérien à la campagne turque pour la conquête d’Al-Bab, à 55 kms au nord d’Alep, la seule ville centrale entre les mains de Daesh dans cette partie du Nord syrien, à l’exception de Raqqa. Il a accusé les Etats-Unis de ne pas en faire assez.

C’était doublement bizarre, puisque la Turquie est censée disposer d’une telle force aérienne de son propre cru et si cette force n’était pas suffisante pour soutenir la campagne contre Daesh, l’adresse la plus évidente à laquelle Erdogan aurait pu avoir recours aurait pu êtreson allié dans l’arène syrienne, le Président russe Vladimir Poutine. Après tout, Ankara, Moscou et Téhéran sont au beau milieu d’un effort partagé pour définir les règles du jeu en Syrie, qui ont exclu de façon remarquée les Etats-Unis sousl a férule de l’Administration Obama.

En ce qui concerne la situation des combats, le 21 décembre, Erdogan a affirmé : « Jusqu’à présent, Al-Bab est complètement assiégé par l’Armée Libre Syrienne et nos soldats ». En fait, ce siège est en place depuis des semaines et, pire encore, les pertes humaines ne cessent d’augmenter cruellement.

Mercredi 28 décembre, l’armée turque a déclaré avoir « neutralisé 44 combattants de Daesh à Al-Bab et blessé 117 autres dans le même secteur, alors qu’elle aurait frappé 154 cibles de l’Etat Islamique, grâce à son aie et d’autres armements (tanks).

L’armée truque combattant à Al-Bab n’a diffusé aucun bilan sérieux. On peut estimer les pertes de manière conservatoire (pour ne pas se risquer tr à 90 morts et des centaines de blessés. Mais les pertes de la fameuse « Armée libre syrienne », les forces rebelles locales combattant pour le compte de l’armée turque, sont indubitablement beaucoup plus lourdes,  compter les désertions de ceux qui fuient les combats.

Nos experts des renseignements militaires et de l’anti-terrorisme expliquent comment les combattants encerclés de l’Etat Islamique ne font pas que tenir leurs positions d’al Bab face à une armée en nombre supérieur, mais qu’ils sont eux-mêmes en train de se frayer des zones d’encerclement autour cette armée.

Les djihadistes ont pris la précaution de creuser des passages dans les deux sens, d’al Bab vers leurs quartiers généraux à Raqqa, à 140 kms au sud-Est et vers Palmyre, à 330 kms de là.

Cette dernière ville du Patrimoine mondial que les Russes avaient repris à Daesh il y a plusieurs mois (en mars 2016), a été reprise par les djihadistes, un peu plus tôt ce mois-ci (les 11 et 12 décembre), alors que les forces russes étaient pleinement engagées à reprendre Alep. Les forces aériennes américaines ont redoublé, ces derniers jours, leurs frappes contre Palmyre – à la fois pour rompre l’afflux de renforts et d’approvisionnement vers les combattants de Daesh assiégés à al Bab et pour nettoyer le passage afin que les Russes reprennent la ville perdue (avec leurs supplétifs syriens, iraniens, irakiens, libanais, etc).

Cet effort de coopération américano-russe est aux antipodes de la présentation faite par l’Administration Obama des relations épineuses entre Washington et Moscou.

Quelles que soient les forces rassemblées contre lui, Daesh est, jusqu’à présznt, parvenu à repousse presque toutes les tentatives turques pour briser les défenses d’al-Bab – grâce aux nouvelles tactiques qu’il a introduit dans les deux batailles pour la ville syrienne d’al Bab et la ville irakienne de Mossoul, qui marquent un tournant dans la guerre cnotre le terrorisme islamiste dans ces deux pays.

Ces tactiques s’articulent lourdement sur le fait de maximiser les pertes ennemies dans le but de chasser l’armée adverse hors du champ de bataille.

Daesh y parvient grâce à un mélange meurtrier de méthodes terroristes et de guérilla, qui comprend l’envoi de voitures et camions-piégés, de hordes de terroristes suicide portant des ceintures d’explosifs, grâce à des engins explosifs improvisés, des escouades de snipers, des planeurs transportant des explosifs lancés avec de petits parachutes, ainsi que l’usage intensif croissant de missiles anti-aériens et bombes à poisons chimiques.

Mardi, le Premier Ministre irakien Haydar Al-Abadi a estimé que l’armée irakienne aurait besoin d’encore au moins trois mois pour vaincre Daesh à Mossoul. Il essayait de remonter le moral au peuple irakien en dissimulant la situation véridique.

Le fait est que l’offensive militaire irakienne contre Daesh dans son bastion de Mossoul est au point mort – et ce n’est guère étonnant, puisque certaines unités ont subi des pertes lourdes de 50% de leur main d’oeuvre.

Le Commandant des troupes américaines en Syrie et en Irak, le Général Townsend, était d’avis, la semaine dernière, qu’on aurait besoin d’environ encore deux ans de combat avant de chasser définitivement Daesh de ses deux capitales, Mossoul et Raqqa. Il ne l’a pas formulé de cette façon, mais la signification de cette expression était claire : pour atteindre cet objectif, il faudrait un bien plus grand nombre de troupes au sol que le personnel militaire disponible à présent ne le permet.

DEBKAfile Analyse  Exclusive 28 Décembre 2016, 12:25 PM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski

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