L’AIEA a trouvé des traces d’uranium dans « l’entrepôt nucléaire de l’Iran » signalé par Netanyahu, déclarent des diplomates

L’AIEA a comparé ses échantillons par des travaux en comptabilité nucléaire, examinant patiemment les déclarations du pays sur ses activités et ses matières nucléaires, alors que le processus de recherche d’une explication de la part de l’Iran a duré deux mois.

Des échantillons prélevés par le gendarme nucléaire de l’ONU dans ce que le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait désigné comme un « entrepôt atomique secret » à Téhéran, ont montré des traces d’uranium, que l’Iran n’a pas encore expliquées, indiquent deux diplomates qui suivent de près les inspections de l’agence.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) étudie l’origine des particules et a demandé à l’Iran d’expliquer les traces. Mais selon les diplomates, Téhéran ne l’a pas fait, attisant les tensions entre Washington et Téhéran. Les sanctions américaines ont réduit les ventes de pétrole iranien et l’Iran a réagi en violant ses engagements envers l’accord de 2015 sur le nucléaire avec les puissances mondiales.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu présente ce qu'il appelle les archives nucléaires secrètes de l'Iran (Photo: Roee Idan)

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu présente les archives nucléaires secrètes de l’Iran (Photo: Roee Idan)

 

Dans un discours prononcé il y a un an, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui s’opposait avec véhémence à cet accord, a demandé à l’AIEA de se rendre immédiatement sur les lieux, affirmant que l’Iran avait hébergé 15 kg de matières radioactives non spécifiées qui avaient depuis été retirées.

En avril, Reuters a annoncé pour la première fois que l’AIEA, qui contrôle l’accord nucléaire, avait inspecté le site – une mesure qu’elle avait prise « uniquement lorsque cela était nécessaire » – et que des échantillons de l’environnement prélevés avaient été envoyés pour analyse.

Les médias israéliens et américains ont depuis rapporté que les échantillons avaient révélé des traces de matières radioactives – le même langage vague utilisé par Netanyahu.

Les diplomates ont toutefois déclaré que ces traces étaient bien de l’uranium – le même élément que l’Iran est en train d’enrichir et l’un des deux seuls éléments fissiles avec lesquels on peut fabriquer le noyau d’une bombe nucléaire. Un diplomate a déclaré que l’uranium n’était pas très enrichi, ce qui signifie qu’il n’a pas été purifié à un niveau comparable à celui nécessaire pour les armes.

« Il y a beaucoup d’explications possibles », a déclaré ce diplomate. Mais comme l’Iran n’a pas encore communiqué les détails à l’AIEA, il est difficile de vérifier l’origine des particules et il est également difficile de savoir si les traces sont des vestiges de matériaux ou d’activités antérieurs à l’accord historique de 2015 ou plus récents, selon des diplomates.

L’AIEA n’a pas répondu à une demande de commentaire. Les responsables iraniens n’étaient pas disponibles pour commenter.

L’accord a imposé des restrictions strictes au programme nucléaire iranien en échange d’un allègement des sanctions, et reposait sur une distinction des activités passées de l’Iran. L’AIEA et les services de renseignement américains estiment que l’Iran a mis en place un programme d’armes nucléaires qui a pris fin plus de dix ans avant l’accord.

L’Iran dit que ses ambitions nucléaires ont toujours été pacifiques.

Le président iranien Hassan Rouhani à la centrale nucléaire de Bushehr (Photo: AP)

Le président iranien Hassan Rouhani à la centrale nucléaire de Bushehr (Photo: AP)

 

Netanyahu, qui a accusé à plusieurs reprises l’Iran de vouloir la destruction d’Israël, rappelle le passé de Téhéran et son art de la dissimulation pour affirmer qu’il est impossible de lui faire confiance et qu’il gèle momentanément ses recherches tout en gardant l’option de procéder ultérieurement à l’assemblage des pièces du puzzle nucléaire. Le secret maintenu par la République islamique pourrait expliquer pourquoi des traces d’uranium ont été trouvées à un endroit qui n’a jamais été déclaré à l’AIEA.

L’AIEA prélève des échantillons de l’environnement, car elle peut capter les particules révélatrices même longtemps après que les matériaux ont été retirés du site. Des traces d’uranium pourraient indiquer, par exemple, la présence antérieure d’équipements ou de matériaux liés d’une manière ou d’une autre à ces particules.

Cornel Feruta, directeur général par intérim de l’AIEA, a rencontré des responsables iraniens dimanche. Une déclaration de l’AIEA a ensuite déclaré: « Feruta a souligné que ces interactions (sur ses engagements nucléaires) exigent une coopération totale et rapide de l’Iran ».Les États-Unis, retirés de l’accord nucléaire par le président Donald Trump l’année dernière, tentent de forcer l’Iran à négocier un accord plus ambitieux par rapport à l’accord actuel, couvrant les missiles balistiques et le comportement régional de Téhéran.L’Iran a déclaré qu’il ne négocierait pas tant qu’il ne serait pas libéré des sanctions imposées par les États-Unis, ce que la France tente de négocier. Entre-temps, l’Iran enfreint pas à pas les restrictions imposées par l’accord à ses activités nucléaires, en réponse à ce qu’il appelle la « guerre économique » menée par les États-Unis.

Un rapport trimestriel de l’AIEA publié il y a une semaine ne mentionnait pas les résultats de l’échantillon, car les questions relatives à l’inspection étaient hautement confidentielles. Mais il souligne que la coopération de l’Iran pourrait être meilleure.

« Les interactions en cours entre l’Agence et l’Iran (…) nécessitent une coopération totale et rapide de l’Iran. L’Agence continue de poursuivre cet objectif avec l’Iran », indique le rapport.

C’est loin d’être la première fois que l’Iran traîne les pieds dans ses relations avec l’AIEA sur le mandat de non-prolifération de l’agence. L’AIEA avait déjà lancé des appels similaires dans ses précédents rapports, en vue d’accorder rapidement l’accès aux inspections.L’AIEA a comparé ses travaux à la comptabilité nucléaire, examinant patiemment les déclarations des pays soumis à enquêtes, sur leurs activités et leurs matières nucléaires, les vérifiant et recherchant au besoin des explications supplémentaires avant de parvenir à une conclusion, ce qui peut prendre beaucoup de temps.Le processus de recherche d’une explication de la part de l’Iran a duré deux mois, a déclaré jeudi à la presse le chef de la division des garanties à l’AIEA dans un briefing, selon des diplomates présents. Mais il a décrit ce que l’agence cherchait à obtenir de manière beaucoup plus générale (vague), c’est-à-dire une réponse concernant la déclaration de l’Iran sur ses matières et activités nucléaires, dans la mesure où les détails sont confidentiels.

« Ce n’est pas quelque chose qui est si particulier à l’Iran. L’agence est confronté à ce type de cas dans beaucoup d’autres situations », a déclaré un diplomate de haut rang, à propos de l’impasse actuelle des discussions avec l’Iran. « En fonction de l’engagement, cela peut prendre deux mois, six mois. »

« Le directeur général par intérim de l’AIEA se rend en Iran au moment même où l’AIEA informe son conseil d’administration que l’Iran pourrait dissimuler des matières et / ou des activités nucléaires », a déclaré samedi le conseiller américain à la Sécurité nationale, John Bolton. « Nous nous associons à d’autres États membres du Conseil, désireux d’obtenir un rapport complet dans les meilleurs délais. »

Le conseil des gouverneurs de l’AIEA, composé de 35 pays, tient une réunion trimestrielle d’une durée d’une semaine à compter de lundi.

Reuters | Publié: 09.08.19, 19:03

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