L’accord Poutine-Erdogan risque de neutraliser les percées d’Alep (contre Al Qaïda) et de Manbij (contre Daesh). 

Tout au long des deux jours de vendredi et samedi 11-12 août, les combattants d’élite des forces Radwan du Hezbollah -on en annonce 3.000 au total – ont afflué vers le champ de bataille crucial d’Alep, de tous les coins du Liban et de Syrie. Selon les sources des renseignements militaires de Debkafile, ils suivent les ordres de leur dirigeant Hassan Nasrallah, mis en garde par Téhéran que l’armée d’Assad combattant dans la seconde ville du pays s’affaiblit gravement et risque de plier face aux assauts rebelles.

Les forces Radwan ont été appelées comme la seule force armée capable de sauver la situation d’Assad et de ses alliés. Nasrallah évitait prudemment cette mesure, à cause des lourdes pertes que son organisation a déjà subies pour son soutien à l’armée syrienne -plus de 1500 morts en trois ans – et d’intenses retombées à l’intérieur. Il est maintenant contraint de sacrifier son seul atout militaire subsistant pour mener une des batailles les plus sanglantes qui ait jamais eu lieu au Moyen-Orient ces dernières années, même si elle promet  une procession ininterrompue de cercueils de retour au Liban.

Selon nos sources militaires, la bataille visant à arracher le contrôle d’Alep au rebelles, maintenant qui dure depuis deux mois, a provoqué 2000 morts pour cause de guerre et 4.000 blessés dans les deux camps – sans compter les masses de civils qui ont trouvé la mort. Certaines unités ont perdu plus d’un quart de leurs effectifs combattants et ont abandonné le terrain.

Nasrallah sait pertinemment ce qui se passe sur cette arène cruciale. Il comprend aussi qu’une unité qui perd 30% de ses combattants est, en termes militaires, réputée inapte à poursuivre le combat et que la bataille d’Alep va se prolonger longtemps et qu’elle sera sanglante. Pourtant, il est prêt à engager toutes les ressources militaires qui sont disponibles sur le pont pour appuyer le combat de Bachar al Assad à Alep.

Il n’y a aucun espoir de résolution proche à Alep, parce que l’impasse entre les combattants est exceptionnellement compliquée et impitoyable. Chaque fois qu’un des deux camps reprend du terrain, il découvre rapidement qu’il s’est laissé attiré dans un piège et qu’il se retrouve encerclé.

Cette épreuve de force sans issue et sans espoir est la conséquence du refus de Moscou de fournir un soutien aérien suffisant à l’armée d’Assad et à ses alliés, pour qu’ils puissent réaliser une percée, à la suite des discussions entre le Président Vladimir Poutine et le Président turc Recep Tayyip Erdogan, à Saint-Petersbourg, mardi 9 août.

Erdogan a expliqué que si les rebelles qui tiennent Alep étaient vaincus par l’armée d’Assad, aux côtés du Hezbollah et de l’Iran, il subirait un grave coup à son prestige et que cela serait un revers complet pour sa politique syrienne. Ce serait plus qu’il ne peut endurer dans l’atmosphère trouble qui règne en Turquie, à la suite du coup d’Etat avorté contre son pouvoir. Il a, par conséquent, demandé au Président russe son protégé Bachar al Assad, l’Iran et le Hezbollah à leur sort à Alep.

Erdogan était soutenu dans sa requête à Poutine par une vaste délégation des renseignements militaires turcs qui sont arrivés à Saint-Petersbourg, le jour suivant, pour travailler avec leurs homologues russes afin d’installer un centre de commandement et de contrôle militaire conjoint en Turquie.

Les sources de Debkafile dévoilent les deux mission prioritaires attribuées à cette nouvelle salle de commandement conjoint :

1. Les bombardements russes au-dessus d’Alep n’iront pas au-delà de l’aide pour empêcher les rebelles de vaincre les forces de l’armée syrienne et de ses alliés à Alep, mais ils s’abstiendront de soutenir les actions offensives de ce dernier pour tenter de mettre en déroute les Islamistes.

2. Les forces aériennes et terrestres turques demeureront en état de préparation au combat afin d’assurer que les Forces Démocratiques Syriennes (FDS) guidées par la milice kurde des YPG ne fassent pas mouvement depuis la ville de Manbij, d’où ils onyt chassé Daesh de la plupart des quartiers, vers la ville de Jarabulus, à la frontière turque.

Daesh utilisait Manbij comme sa gare centrale de triage pour y stocker les cargaisons venues de Turquie à 30 kms au nord (voir la carte du haut). Mais pour chasser complètement les djihadistes hors de la région frontalière entre la Syrie et la Turquie, les forces rebelles conjointes arabo-kurdes doivent pousser leur avancée jusqu’à Jarabulus et en évincer encore les djihadistes de Daesh.

Cependant, les officiers turcs du centre de commandement conjoint avec la Russie ont fait clairement savoir que toute force kurde qui se permettrait de rejoindre la frontière se mettrait directement sous le coup d’une attaque immédiate de l’armée turque.

Le Président russe s’est conformé, pour le moment, aux souhaits d’Erdogan concernant le front Manbij-Jarabulus, ainsi qu’à propos d’Alep.

DEBKAfile Reportage Exclusif 13 août 2016, 6:26 PM (IDT)

Adaptation : Marc Brzustowski

NDLR : on peut aussi croire que si les Forces Démocratiques syriennes menées par les Kurdes coupaient toutes les routes partant de Jarabulus pour empêcher l’acheminement de renforts, d’armes et de produits divers vers Mossoul ou d’autres places fortes de Daesh, elles seraient en mesure de circonscrire la menace et d’affaiblir durement la logistique de Daesh. Concernant Alep, cela peut demeurer sans solution, jusqu’à ce qu’ils se résignent à une partition… 

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jcg

Si hollande pouvait reprendre en main les operations ,des solutions durables seraient trouvees y compris l humanitaire ,en deplacant les civils vers la france et l allemagne et le reste d eurabia !
N oublions pas ,avec un peu de petrole ( pour l argent de poche des politiciens )