AVEC 630 HEURES PAR AN LES FRANÇAIS SONT (APRÈS LES TURCS) CEUX QUI TRAVAILLENT LE MOINS DANS L’OCDE.

Le nombre d’heures travaillées par habitant en France est quasiment le plus faible au sein des économies développées. La faute aux difficultés d’insertion des jeunes et aux départs précoces des seniors du marché du travail.

Les Français ne travaillent-ils pas suffisamment ? C’est un sujet sensible, surtout en plein mouvement social contre la réforme des retraites. Car au-delà de l’enjeu de l’équilibre financier du système des retraites, l’autre objectif poursuivi par le gouvernement à travers l’allongement de l’âge légal de départ est d’accroître la quantité de travail dans le pays et donc la croissance potentielle.

Depuis plusieurs années, d’Emmanuel Macron à Bruno Le Maire en passant par Olivier Dussopt, l’exécutif martèle que les Français ne travaillent pas assez par rapport à leur voisin.

Qu’en est-il vraiment ?

Si on compare le temps de travail hebdomadaire des Français avec celui des autres grandes économies, il n’y a pas à rougir. Avec une moyenne de 36,9 heures par semaine selon l’OCDE en 2021, les actifs français (salariés et indépendants réunis) sont même au-dessus de la moyenne de ceux des grandes économies (36,8 heures) et même très largement au-dessus des pays souvent pris en exemple pour leur réussite économique comme l’Allemagne (35 heures), le Danemark (34,5 heures), les Pays-Bas (31,4 heures) ou la Suisse (36,2 heures). Un Français actif travaille en moyenne 2 heures de plus qu’un Allemand chaque semaine.

Le problème se corse quand on prend la quantité d’heures travaillées sur une année. Avec une moyenne de 1490 heures travaillées en 2021, le travailleur français est cette fois largement sous la moyenne de l’OCDE (1716 heures) et est même largement distancé par l’Italien (1669 heures), l’Espagnol (1641 heures), le Suisse (1533 heures) ou le Britannique (1497 heures). Plus de RTT, de temps partiels, de jours chômés… Ce sont les raisons avancées par les économistes de l’OCDE pour expliquer ce décalage français.

La France quasi dernière

Mais là encore, rien de rédhibitoire quand on se compare à certaines économies performantes. Comme avec les travailleurs allemands qui avec 1349 heures par an travaillent en moyenne 140 heures de moins que les Français tout en ayant un PIB par tête supérieure. Ce faible nombre allemand s’explique principalement par un recours très important des femmes au temps partiel outre-Rhin.

Idem pour les Danois (1363 heures), les Néerlandais (1417 heures) ou les Suédois (1444 heures). Un tissu productif à haute valeur ajoutée ainsi qu’une participation importante de la population au marché du travail peuvent permettre d’être prospère même avec un temps de travail plus faible par personne.

Or c’est là que la France est en échec. Si on prend la quantité de travail annuel non plus par travailleur, mais cette fois par habitant – c’est-à-dire en incluant les inactifs, retraités et chômeurs dans le calcul — cette fois le pays est quasiment bon dernier au sein de l’OCDE.

Selon des données fournies par l’organisation à BFM Business, avec 630 heures en moyenne en 2021 (655 en 2022 mais l’OCDE n’a pas les données de tous les pays cette année-là), les Français sont ceux qui travaillent le moins (juste devant les Turcs). La moyenne OCDE est à 805 heures.

Surtout cette fois, l’Allemagne est devant avec 725 heures, soit 95 de plus par an. Au Danemark, on est à 709 heures, en Suède 702 heures, en Suisse 896. Même des pays qui ont un taux de chômage supérieur à la France comme l’Espagne ou l’Italie ont une quantité de travail par habitant supérieur à la France. C’est ainsi 685 heures pour les Espagnols et 704 heures pour les Italiens.

Un décrochage français qui s’explique par un temps d’emploi (part des actifs dans la population totale) plus faible qu’ailleurs. Autrement dit, les actifs français travaillent beaucoup, mais les Français sont plus rarement actifs qu’ailleurs.

Si avec plus de 68%, ce taux d’emploi est au plus haut en France depuis 1975 selon l’Insee, il reste malgré tout le plus faible parmi les grandes économies. En Allemagne, plus de 77% des habitants étaient actifs fin 2022, au Danemark c’est 76,7%, aux Pays-Bas 82%, au Royaume-Uni 76% ou encore 77% en Suède. Si la France avait le taux d’emploi de l’Allemagne, soit 13% de plus, le PIB serait donc potentiellement supérieur de 300 milliards d’euros (2354 milliards en 2022).

La difficulté du marché de l’emploi français se situe aux deux extrémités. Des jeunes moins bien formés qu’on a plus de mal à intégrer. Des seniors qui partent plus tôt.

« La France a du mal à intégrer les jeunes dans l’emploi, notamment les moins qualifiés, et presque autant à maintenir dans l’emploi les plus de 54 ans, résume Antoine Goujard, économiste au bureau France de l’OCDE. Il constate qu’on travaille moins longtemps sur le cycle de vie en France qu’ailleurs dans l’OCDE: l’âge effectif de sortie du marché du travail est le second plus bas de tous les pays de l’OCDE pour les hommes et le septième plus bas pour les femmes. »

Le taux d’emploi des plus de 55 ans a certes fortement augmenté ces 20 dernières années en France mais il reste en retrait de la moyenne européenne.

« Même si l’âge de départ à la retraite est un choix de société, les coûts d’un départ précoce tant pour les individus (retraites plus basses) que pour la société (renoncement à d’autres projets collectifs) peuvent être très élevés », résume l’économiste de l’OCDE.

Frédéric BianchiFrédéric Bianchi – BFM

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Merci

Les jeunes qui manifestent la plupart sont des fainéants qui veulent du fric sans bosser, une idée que l’ingénieux socialiste Hamon à la présidentielle de 2017 avait mis en avant , ces jeunes sont restés avec ça en tête sur toutes les manifestations, voilà le futur de ce pays si on ne fait pas des réformes sur l’éducation, le travail, et le tissu économique doit être réformé , la France deuxième pays où on travaille le moins finira par battre la Turquie et sera un pays sous développé

Franck DEBANNER

Finalement, si le vrai problème des retraites en France peut servir de prétexte, pour se débarrasser du nuisible incrusté à l’Elysée, nous aurions bien tort de ne pas en profiter.

Nicole

Les transports tout ça c’est un problème partout

Je n’apprécie pas MMacron, mais je ne le pense pas responsable de cette situation dont il a plutôt hérité…
Pour ce qui me concerne la formidable machine à assister a été creee par M. Mitterrand
Le problème d’intégration des jeunes ? Parlons peut être plutôt de leurs comportements au travail d’abord – insolents, dès que vous leur avez transmis le métier c’est arrogant et vous envoie sur la touche – quand ils veulent faire quelque chose…
A leur décharge : des patrons qui paient au lance pierre, et qui ne partagent pas les profits, un comportement égoïste de personnes qui oublient que sans l’ouvrier leur entreprise ne produit RIEN.
ce qui aboutit à du découragement et chute de motivation programmée.
Des personnes habituées à être assistées durant des générations ne se remettent pas au travail comme ça
Il faudrait aussi peut-être recréer notre industrie, les PME qui faisaient la force du tissu économique français et moduler les importations – un protectionnisme modéré est obligatoire les américains l’ont compris
On n’est pas là pour se faire envahir de produits fabriqués ailleurs quand nous pouvons les faire c’est une légitimité humaine, échanger ok mais de manière cohérente pour tout le monde.
L’UE doit réviser ses positions et mieux filtrer les lobbyistes qui à la longue détruisent plus qu’ils ne construisent

Et les patrons qui font des marges de +50 roulent en Mercedes et se plaignent des charges là on arrête il faut partager les bénéfices sinon les employés ne retravailleront jamais….(?)
Et les employés de comprendre que sans patron pas de dynamique économique

Ce sont les égoïsmes qui bloquent tout, le profit doit exister personne n’est là pour travailler à perte, mais pas dans la sauvagerie.

Joseph

Le temps perdu dans les transports est problématique dans tous les pays. Pour le secteur tertiaire, le télétravail deux a trois jours par semaine résout en partie le problème. Une autre solution, la semaine de 4 jours avec des journées plus longues et qui réduit le temps de transport de un cinquième. En Israël, lorsque l’on voit les embouteillages , le temps perdu est très important.

Richard MALKA

Combien d’énergie perdu dans les transports pour aller bosser ? Là est aussi la question !