La Chemita: on l’appelle l’année chabbatique
Tous les 7 ans, en Israël, nous devons observer l’année shabbatique pour toute l’agriculture: les arbres, (y compris les vignes) ou pas, l’agriculture en général : légumes, fruits de la terre : pastèques, melons, cacahuètes, etc et évidemment les céréales de toutes sortes, car, de même que l’homme doit se reposer chaque shabbat ou 7ème jour de la semaine, la terre d’Israël devra chômer chaque septième année.
En Diaspora les agriculteurs observent ce principe un peu différemment : ils mettent en jachère un tiers ou un quart de leurs possessions agricoles tous les 7 ans pour chacune des parcelles. Ainsi, la terre se repose et ne nécessite pas de soins intensifs (comme les engrais) pour livrer une production régulière.
Le Shabbat, nous appliquons un certain nombre de règles édictées par la Torah et aussi par le rabbinat qui a su développer, dans d’infinies précisions, ce que nous pouvons faire sans risque… « d’infractions ».
Il en va de même pour l’année shabbatique de la terre : entre la Torah et le Talmud, les règles rabbiniques détaillent toutes les indications nécessaires à notre comportement durant cette période qui, en réalité, s’étend sur plus d’une année comme nous le constaterons plus bas (1):
JARDINS PRIVES, JARDINS PUBLICS, CHAMPS ET PROPRIÉTÉS AGRICOLES/VITICOLES
1- PLANTATION D’ARBRES : Si vous projetez de planter un arbre dans votre jardin ou plus vaguement dans un coin de votre propriété, et que, comme cette année ב »תשפ 5782) soit, du 6 septembre 2021 au soir jusqu’au 25 septembre 2022 au soir sera une année shabbatique, vous pourrez procéder à cette plantation jusqu’à la date limite du 15 Ab 5782 soit vendredi 12 août 2022 jusque vers 12h (pour ne pas risquer d’empiéter sur le shabbat.
Pourquoi le 15 Ab ? Car on pense que la plantation, pour être considérée comme effective, nécessite un laps de temps de 40 jours. Auquel cas, si tout a été bien fait, l’arbre planté est tenu pour un arbre d’UN AN. (2)
2- ÉLAGAGE, ÉMONDAGE, TONTE DU GAZON, ARROSAGE……. En principe, ces opérations, visant à l’entretien régulier du jardin ou des propriétés, est interdit SAUF, si le fait de ne pas élaguer, tondre arroser favorise la venue de nuisibles (serpents, rongeurs et autres) ou, si, par manque d’entretien, les plantations existantes peuvent entraîner la mort de ces arbres, arbustes, haies et même certaines sortes de gazon… auquel cas, il sera permis de procéder à certaines opérations car on craint pour la salubrité du lieu ou pour la perte de ces plantations. IL EST NÉCESSAIRE DE VÉRIFIER AUPRÈS D’UNE AUTORITÉ RABBINIQUE ET DE NE PAS CRAINDRE D’INTERROGER.
3- « VENTE » DES PROPRIÉTÉS AGRICOLES pour cette disposition, il est aussi recommander de QUESTIONNER car faire faire tous ces travaux par un non-juif n’est pas toujours valable ni approprié.
4- PRODUCTION DES ARBRES/VIGNES…ET CHAMPS..: Il est strictement interdit de tirer un profit de la production (des fruits) d’arbres ou des légumes produits pendant la 7ème année. Le propriétaire d’une vigne, par exemple, s’il craint pour les productions à venir de ses vignes devra à l’entrée de son domaine préciser que les Vignes sont « HEFKER » (abandonnées) ce qui signifie que chacun peut se servir comme il le désire mais, s’il préfère produire son vin comme à l’accoutumée, il devra « céder » son vin au conseil rabbinique le plus proche pour demander comment procéder. La Rabbanout, en général propose à la vente le vin de la 7ème année et celui qui l’acquerra devra déclarer qu’il s’agit d’un achat de la shemita et il devra faire en sorte que ne soit pas versé (gaspillage) stupidement (comme quelqu’un qui ferait mousser une bouteille de champagne et arroser les invités présents)…. Car, toute la production de la 7ème année est considérée comme SAINTE il faut donc la « traiter » avec égards (3).
5- QUAND ET QUOI CONSOMMER ? Il est clair que se trouvant en septembre/octobre tous les fruits proposés en cette saison n’appartiennent pas à la shemita car la floraison de ces arbres a eu lieu pendant la 6ème année. Quels sont les fruits concernés ? Tous ceux dont la floraison et la production se feront après Tou Bishvat 5782 (janvier/février 2022) et jusqu’en septembre 2022 ce qui fera que la production de la vigne, des orangers/citronniers (et autres agrumes), des afarsemonim (kakis ou « persimon » ou plaquemines ou encore « sharon »), dattes, olives…. Seront de la shemita mais consommables avec les mêmes précautions jusqu’en janvier 2023 ou avant Tou bishvat 5783.
6- CONSERVATION DE FRUITS/LÉGUMES : Là encore il faut questionner son rabbin mais, pour le cas où ces fruits ou légumes sont conserves en pots ou en confitures pour être consommés lors de cette année de shemita il ne semble pas qu’il y ait de précautions particulières. Cependant il est bon de s’entourer de conseils en précisant les intentions.
7- EN ERETZ ISRAEL IL EXISTE SOIT L’IMPORTATION DE FRUITS ET LÉGUMES DE L’ETRANGER et/ou CE QUI S’APPELLE OTSAR BEITH DIN’ OU OTSAR HAARETZ :
Depuis une vingtaine d’années une société qui est « OTSAR HAARETZ » se soucie de proposer à la clientèle du pays des produits agricoles cultivés par des Juifs selon des critères autorisés (nous n’allons pas entrer ici dans des détails techniques comme les salaires des employés etc…)
« OTSAR BEITH DIN » est une sorte de société dirigée par des autorités rabbiniques pour distribuer à toute la population des fruits et légumes provenant aussi d’une culture tout-à-fait permises malgré les restrictions de cette année shabbatique….
Selon ces deux sociétés tout gaspillage et destruction des fruits/légumes seront évités.
LA CULTURE HYDROPHILE: Dans plusieurs contrées on essaie de lutter contre l’appauvrissement et la pollution de la terre en favorisant la culture hydrophile ce qui apparaît être une solution miracle pour la 7ème année puisque la terre n’entre pas en ligne de compte….
Caroline Elishéva REBOUH
- Il est inutile de préciser qu’il ne s’agit ici que d’un abrégé des lois concernant la shemita.
2. Ceci est important pour le décompte des années de la « ORLA » des arbres (il est interdit de consommer les fruits d’un arbre jusqu’à 3 ans et il y a aussi l’interdit de la 4ème année que l’on pourra éviter selon une certaine procédure de rachat : se renseigner auprès d’une autorité rabbinique).
3. Ceci obligera d’ailleurs à traiter les pelures, les pépins, les graines et autres , différemment des épluchures ménagères d’une autre année que celle de la shemita.