Un hebdomadaire estonien qui a publié dans ses pages humoristiques un encart vantant des « pilules régime minceur du Dr Mengele », avec comme illustration une photo de prisonniers d’un camp nazi, a déclaré lundi n’avoir voulu offenser personne, après des protestations d’organisations juives « choquées » par cette publication. Le magazine Eesti Ekspress a publié dimanche une photo originale de prisonniers du camp de concentration de Buchenwald avec le commentaire:

« Eins, zwei, drei (Un, deux, trois)… les pilules minceur du docteur Mengele font des miracles.

Il n’y avait pas d’obèses à Buchenwald ».

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le médecin nazi Josef Mengele se livra à de cruelles expériences pseudo-scientifiques sur des prisonniers dans les camps.

«L’encart a été publié dans nos pages humoristiques.

Je pense que les gens qui vivent dans d’autres environnements culturels que le nôtre, tout simplement ne l’entendent pas comme nous», a déclaré à l’AFP Sulev Vedler, rédacteur en chef adjoint d’Eesti Ekspress.

« Pour nous, il s’agit d’une blague anti-fasciste et d’une réaction à une récente publicité déplacée d’une société estonienne.

Il n’était pas dans notre intention de nous moquer de quelque nationalité que ce soit.

Il n’est question d’aucune nationalité sur la photo », a-t-il expliqué.

La compagnie gazière estonienne GasTerm Eesti avait posté en août une publicité sur son site internet avec la photo du tristement célèbre portail du camp nazi d’Auschwitz-Birkenau portant l’inscription « Arbeit macht frei » (« Le travail rend libre »), accompagnée du message: « le chauffage à gaz – flexible, confortable, efficace ».

Cette publicité a été rapidement retirée du site après des protestations.

L’encart d’Eesti Ekspress, deuxième hebdomadaire d’importance en Estonie, a provoqué les protestations lundi de la communauté juive locale et du Centre Simon Wiesenthal qui traque les criminels nazis.

« Je ne pense pas que vous compreniez le problème », a écrit dans une lettre ouverte Efraïm Zuroff, directeur du Centre Simon Wiesenthal en Israël.

« L’Holocauste n’est pas un sujet pour la satire », a-t-il souligné.

Alla Jakobson, porte-parole de la communauté juive d’Estonie, a pour sa part estimé que son pays était confronté à « des problèmes moraux et éthiques majeurs ».

Le chef de la diplomatie estonienne Urmas Paet a lui aussi condamné l’attitude de l’hebdomadaire.

« Quelque chose qui cause de la peine et qui insulte tant de gens, ne peut pas être appelé une blague.

Nous savons tous combien de personnes ont été brutalement assassinées dans les camps de concentration.

Il est inacceptable de tenter d’en faire une sorte de blague », a déclaré M. Paet à la télévision publique.

L’histoire de l’Estonie pendant la Seconde Guerre mondiale demeure très
controversée.

Certains Estoniens considéraient les nazis comme un moindre mal, après que les Allemands eurent chassé les troupes soviétiques qui occupaient le pays depuis 1940 et qui avaient déporté des milliers d’Estoniens, provoquant leur mort.

Mais les nazis apportèrent leur lot de terreur.

Avant la guerre, la communauté juive d’Estonie comptait environ 4.400 personnes.

Beaucoup d’entre eux avaient fui avant l’invasion allemande, mais le millier de Juifs qui étaient restés dans le pays périrent.

En outre, les nazis et leurs collaborateurs locaux causèrent la mort d’environ 10.000 Juifs déportés dans des camps en Estonie.

En 1944, l’Armée rouge chassa les nazis d’Estonie, pays qui devint une République soviétique et le resta jusqu’à l’implosion de l’URSS en 1991.

AFP/ EJP Article original

TAGS : Shoah Estonnie Talinn Eesti Ekspress Histoire Buchenwald

Simon Wiesenthal Center Zuroff GasTerm Eesti Presse Nazisme Mengele

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