Juifs allemands : chronique du réveil brutal et des craintes ©

Juifs d’Allemagne : chronique du réveil brutal et des craintes

 

En septembre 2015, le gouvernement allemand dirigé par la Chancelière Angela Merkel, a ouvert les frontières du pays à une vague massive de réfugiés à prédominance musulmane. Cette politique irréfléchie a déjà donné nassiance à de nombreuses conséquences principalement négatives, qui semblent bien être là pour durer pendant un long moment. Cela a conduit à une augmentation alarmante du sentiment d’insécurité parmi les Juifs d’Allemagne, d’autant plus parce qu’ils avaient exprimé leurs inquiétudes relativement tôt et que personne ne les a écoutés. 

A l’origine, les dirigeants juifs devaient procéder avec circonspection dans l’expression de leur malaise, à cause de l’atmosphère politiquement correcte de « l’euphorie de l’accueil » qui prévalait en Allemagne durant cette période. Leurs inquiétudes découlaient de leur compréhension plus profonde que la moyenne des dangers que représentait un afflux massif de Musulmans issus de pays où l’antisémitisme est monnaie courante.

Au début d’octobre,  Josef Schuster, le chef de l’organisme coordinateur des Juifs d’Allemagne, le Zentralrat der Juden in Deutschland ( le Conseil Central des Juifs d’Allemagne), a exprimé ses inquiétudes lors d’une réunion avec Angela Merkel. Il a affirmé que parmi les gens qui cherchent refuge en Allemagne, nombreux sont ceux qui viennent de pays où Israël est considéré comme l’ennemi primordial, soulignant que ces gens ont été élevés en haïssant Israël et qu’ils transfèrent fréquemment ce ressentiment à tous les Juifs. Par conséquent, les Juifs sont inquiets de l’augmentation de l’antisémitisme musulman en Allemagne. Schuster, cependant, a déclaré que la communauté juive souhaite la bienvenue aux réfugiés qui arrivent.

Ensuite, Levi Salomon, un expert juif allemand de l’antisémitisme, a déclaré au Daily Express britannique que l’idéologie nazie de haine des Juifs et que la haine d’Israël sont le coeur de la doctrine des partis Baath, à la fois en Syrien et en Irak depuis des décennies. Il a ajouté que, par conséquent, on doit supposer quel a majorité des réfugiés syriens sont antisémites. 

On a cité Lala Susskind, l’ancienne dirigeante de la communauté juive de Berlin, disant que : « Nous ne pensons pas que nos craintes sont prises au sérieux par les hommes politiques ». Le journal mentionnait également qu’en Allemagne, lers « crimes antisémites ont augmenté à leur niveau le plus haut depuis cinq ans en 2014, avec 1596 crimes de haine enregistrés contre des Juifs,bien plus que dans tout autre pays de l’UE ». Stephen Kramer, ancien secrétaire-général du Zentralrat a aussi exprimé cette opinion que les politiciens ne se préoccupent guère des inquiétudes des Juifs. 

Vers la fin novembre, l’euphorie de bienvenue des Allemands commençait déjà à décliner. Schuster a ainsi pu oser faire quelques demandes concrètes. Il a demandé à ce qu’on détermine une limite au nombre de réfugiés admis et il a requis des contrôles plus stricts des frontières. Schuster a aussi souligné les défis de l’intégration des réfugiés, alertant, de manière presque prophétique, comme cela s’est avéré ensuite, contre des risques accrus envers les homosexuels et les femmes.  

Schuster a démontré une bien plus grande intuition et une meilleure perspicacité que le système politique allemand, sa police et ses médias, en ce qui concerne ces problèmes. il s’est exprimé au beau milieu de reportages initiaux sur les violences contre des homosexuels. La violence augmentait  et 95 plaintes pour violence ont été déposées à l’association des Lesbiennes et des Gays de Berlin-Brandebourg (LSVD), entre août et décembre 2015 par des réfugiés homosexuels, victimes de passage à tabac, d’agressions sexuelles ou d’insultes, qui se sont déroulés essentiellement au sein des centres pour réfugiés. En outre, ses avertissements sont survenus un mois avant les agressions sexuelles sans précédent de la veille du Nouvel An dans de nombreuses villes d’Allemagne et dans d’autres pays,commises par des vastes foules de réfugiés venus des pays musulmans. 

Il était plus simple, pour des étrangers, peu affectés par le respect du politiquement correct et « l’euphorie de l’accueil », de souligner la menace évidente d’antisémitisme croissant en Allemagne. Le Rabbin Abraham Cooper et moi-même avons écrit, à la fin octobre : « Les Juifs sont laissés à eux-mêmes, à se demander si quelqu’un d’autre exprimera l’inquiétude que l’Allemagne pourrait accueillir certains parmi ces nouveaux arrivants qui prennent le Coran à la lettre et qui pensent que les Juifs sont des porcs et de singes. Au XXème siècle, la déshumanisation des Juifs a été la pièce-maîtresse de l’idéologie nazie allemande, qui catégorisait les Juifs comme de la vermine ou des bactéries, ce qui a pavé la voie à la Shoah.

En décembre, Jeffrey Herf, un professeur américain dominant dans le champ de l’histoire européenne moderne, notait que l’Allemagne est « un pays qui reste sous l’influence de son rôle dans le meurtre de masse des Juifs d’Europe. L’Allemagne accepte maintenant sur son sol des victimes du régime Assad et de l’Etat Islamique qui, l’un comme l’autre adoreraient détruire Israël, l’Etat Juif si seulement ils le pouvaient ». 

A la mi-janvier, plus d’un million de réfugiés, la plupart des pays musulmans sont entrés en Allemagne et la situation n’a cessé d’empirer de façon significative. Le porte-parole de la communauté juive d’Hambourg, Daniel Killy, a déclaré que les Juifs sont face à un danger accru du fait de la détérioration de la sécurité intérieure en Allemagne. Il a mentionné la désintégration du pouvoir de l’Etat, les excès de l’extrême-droite, la perte de crédibilité politique et la crainte énorme d’appeler l’islamisme par son nom. Killy concluait que les Juifs ne sont plus en sécurité en Allemagne. 

Quelques jours plus tard, Salomon Korn, l’adjoint de Schuster au Zentralrat a signalé que des réfugiés, un afghan et un syrien, venaient d’attaquer un Juif protant la kippa dans l’île de Fehmann. Il a ajouté que les « Enfants des pays arabes sont endoctrinés de la même façon que les enfants sous le Troisième Reich. Nous ne devrions pas accepter l’illusion que nous puissions intégrer ces personnes dans notre société ». Pourtant, Korn a déclaré qu’il craint encore plus l’augmentation de la violence d’extrême-droite.

La nouvelle Allemagne démocratique a réussi a attirer l’immigration des Juifs, au cours de ces dernières décennies, principalement ceux provenant de Russie. L’actuelle population juive d’Allemagne, estimée à environ 230.00 à 270.000 personnes, et perçue jusqu’à aujourd’hui comme une expression d’une normalisation tant souhaitée de l’Allemagne, n’est désormais plus sûre de préserver sa sécurité.

L’irresponsabilité de la politique d’ouverture des frontières de Merkel a des conséquences à travers toute la société allemande et les inquiétudes croissantes des Juifs au cours de ces quelques derniers mois sert comme l’un des indicateurs significatifs parmi tant d’autres. Les Juifs sont inquiets et étant donné le passé et le présent immédiat, à juste titre, que leurs craintes risquent de se matérialiser dans un avenir pas aussi éloigné, par une augmentation des incidents, des agressions physiques contre la communauté juive. Ceci résulte d’une politique qui, bien qu’elle ne soit pas aussi délibérément perverse que par le passé, s’est avérée extrêmement négligente.

Il semble que les dirigeants juifs locaux et les commentateurs de l’étranger, qui ne se sont pas bornés à l’expression politiquement correcte, ont démontré une plus grande intuition et une véritable conscience des risques de l’actuelle crise des réfugiés dont a cruellement manqué le gouvernement allemand. Tout ce à quoi cela a contribué jusqu’à présent, ce n’est qu’à quelques bonnes paroles exprimant un peu de compréhension à l’égard des inquiétudes des Juifs.

Par Manfred Gerstenfeld

 

Le Dr. Manfred Gerstenfeld a présidé pendant 12 ans le Conseil d’Administration du Centre des Affaires Publiques de Jérusalem (2000-2012). Il a publié plus de 20 ouvrages. Plusieurs d’entre eux traitent d’anti-israélisme et d’antisémitisme.

Adaptation : Marc Brzustowski.