Israël, le défi de la démographie.

L’accroissement de sa population et le réchauffement du Moyen-Orient posent de nouveaux défis à l’État hébreu : il va devoir réorienter sa politique de développement des énergies renouvelables et d’urbanisation, écrit Ha’Aretz.

Le changement climatique va se faire sentir de plus en plus dans les prochaines décennies, et Israël va devenir dans le même temps un pays de plus en plus densément peuplé. Si l’ensemble du Moyen-Orient est déjà très fragilisé par le réchauffement, la croissance démographique est un défi supplémentaire et propre à l’État hébreu.

Jusqu’à présent, la solution privilégiée par Israël a toujours été la destruction d’espaces verts pour y bâtir de nouveaux quartiers résidentiels. Or la sauvegarde d’un maximum de zones ouvertes est essentielle pour, entre autres, l’implantation de parcs de panneaux solaires et d’éoliennes.”

Le dilemme de la transition énergétique

Ce n’est que très récemment que des organismes comme l’Autorité israélienne de la nature et des parcs (INPA) et la Société pour la protection de la nature en Israël (SPNI) se sont mis à étudier les effets de la destruction des sols, non seulement sur la biodiversité mais aussi sur la capacité à produire des énergies renouvelables.

En août dernier, dans la foulée du dernier rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), l’INPA a publié un document intégrant la question du changement climatique. Yehoshua Shkedy, directeur du département scientifique de l’INPA, y écrit qu’Israël manque encore d’informations suffisantes sur la façon dont le dérèglement climatique affectera nos écosystèmes, même si l’on peut déjà prédire que ce dernier réduira les précipitations, modifiera la répartition des espèces et accélérera la propagation de nouvelles maladies. Une des solutions préconisées par l’INPA est l’octroi d’un statut protégé aux zones encore ouvertes.

Quant à Nir Papai, vice-président de la SPNI, il souligne le dilemme que pose la transition vers les énergies renouvelables. “Nous nous sommes longtemps contentés de nous opposer à la construction d’installations de production d’énergies renouvelables dans les zones ouvertes. Nous estimions que la construction de parcs à éoliennes risquait de menacer la circulation des oiseaux, mais nous ne proposions pas d’alternatives. Désormais, notre réflexion intègre explicitement la nécessité de produire des énergies renouvelables en utilisant des bâtiments déjà existants ou des espaces déjà altérés par le processus d’urbanisation.”

Dans le même mouvement, selon le directeur général du ministère de l’Énergie, Ehoud Adiri, la plupart des efforts gouvernementaux en matière d’énergies renouvelables vont désormais se concentrer sur la promotion de l’utilisation des toits et des espaces déjà exploités économiquement. Quant à la prochaine loi annuelle sur l’aménagement du territoire, qui sera bientôt soumise à la Knesset [Parlement israélien], elle comprend une obligation faite au Conseil national de la planification et de la construction d’allouer davantage de terrains aux installations d’énergie solaire que les 20 000 dunams [2 000 hectares] actuels.

Comme à la SPNI, le vœu du ministère de l’Énergie est que la recherche se concentre sur le développement de nouvelles technologies permettant de produire des énergies renouvelables sans exploiter davantage de zones ouvertes. Trouver par exemple un moyen d’installer massivement des panneaux solaires dans les champs, tout en préservant au maximum l’ensoleillement nécessaire des terres cultivées : les ministères de l’Agriculture et de l’Énergie collaborent actuellement sur un projet pilote impliquant des agriculteurs de plusieurs régions tests. Les résultats de l’expérience détermineront s’il s’agit d’une méthode appropriée pour garantir un équilibre entre les besoins de l’agriculture et la production d’électricité.

Repenser l’aménagement du territoire 

Une autre option retenue par les autorités, explique Nir Papai, est la plantation de nouveaux arbres et la préservation des terres nécessaires pour absorber l’eau de pluie et affronter l’aggravation attendue des inondations. “Il faut réhabiliter les bassins de nos rivières, de manière à rendre possibles le contrôle et le stockage des eaux de crue”.

La plantation de nouvelles zones boisées devrait également permettre d’absorber davantage de carbone. Cependant, les organismes environnementaux sont méfiants face cette politique d’expansion forestière. “Une politique de forestation inconsidérée dans des espaces ouverts où la végétation absorbe déjà le dioxyde de carbone risque tout simplement de saper de larges écosystèmes”, estime Yehoshua Shkedy. “La politique de plantation doit se concentrer sur les villes, où elle aura une valeur ajoutée importante.”

Nir Papai ne dit pas autre chose. “La crise du logement offre une combinaison de menaces et d’opportunités. Jusqu’à présent, la planification résidentielle s’est toujours faite au détriment des espaces ouverts. Cependant, cette crise devrait être mise à profit pour encourager une politique d’urbanisation davantage axée sur la densification de l’habitat que sur son expansion.” Cela relèverait non seulement le défi environnemental posé par le réchauffement [climatique] et l’urbanisation extensive, mais cela permettrait aussi de développer des infrastructures publiques plus denses et plus accessibles.

L’expansion urbaine a conduit la SPNI à s’engager beaucoup plus largement dans la protection de la nature en ville, et à nouer des collaborations avec des experts en santé publique. “La santé, c’est non seulement une question de bien-être physique, mais aussi mental, ce dernier pouvant être atteint entre autres par la proximité avec la nature”, souligne le professeur Hagai Levine, expert en santé publique à l’Université hébraïque de Jérusalem et impliqué dans le combat pour la préservation des dernières zones ouvertes de l’est de Rehovot [une ville de 145 000 habitants située 20 km au sud de Tel-Aviv], des zones menacées par de nouveaux projets immobiliers.

“L’équation devrait aujourd’hui être la suivante : la préservation de la nature et des espaces ouverts ne peut aller de pair qu’avec une politique de regroupement à l’intérieur des espaces urbains existants et de densification de l’habitat”, affirme l’urbaniste Moti Kaplan, rédacteur en chef du TAMA-1 [Plan directeur national pour Israël], un projet privé qui compile les plans directeurs locaux israéliens et milite pour l’élaboration d’une politique urbanistique israélienne coordonnée. “C’est toute la culture israélienne en matière d’environnement qui doit être revue, une culture dont l’expression la plus caricaturale est sans doute la ville de Modi’in [une ville de 95 000 habitants située à mi-chemin entre Tel-Aviv et Jérusalem et s’étendant sur 5 000 hectares, à cheval sur la Ligne verte, la ligne de démarcation entre Israël et la Cisjordanie occupée]. Si l’on avait privilégié une politique de densification urbaine et des services publics dans les villes jumelles de Ramla et Lod [situées à 5 kilomètres à l’ouest de Modi’in], la construction de cette aberration environnementale qu’est Modi’in aurait pu être évitée et des milliers d’hectares d’espaces verts préservés”. ( NDLR – il ne faut pas s’étonner que Modi’in soit le problème du journal de gauche Haaretz, si cela avait été une ville arabe, il aurait trouver çà magnifique)

Ouvrir le débat sur “la politique ultra-nataliste d’Israël”

Une autre menace – et non des moindres – qui pèse sur la capacité d’Israël à affronter le défi climatique et environnemental est sa croissance démographique effrénée. Or ce facteur n’est quasi jamais abordé par les organisations écologistes et encore moins par les organismes environnementaux. Ce n’est que cette année que l’INPA a enfin osé, prudemment, évoquer cette vache sacrée de la politique israélienne depuis la création de l’État juif. Dans le document rédigé suite à la publication du dernier rapport du Giec, Yehoshua Shkedy affirme qu’il “ne sera bientôt plus possible d’éviter le débat sur les défis posés par la politique ultra-nataliste d’Israël”. Mais il ne s’agit que d’une voix isolée. Ainsi, Nir Papaï doute de la capacité de l’opinion publique et du monde politique israéliens à affronter ce problème. “Soulever le défi démographique dans le débat sur le changement climatique risque tout simplement d’être contre-productif”, estime-t-il.

Or dans quarante ans, Israël sera le deuxième pays le plus densément peuplé au monde, juste derrière le Bangladesh, avec plus de 20 millions d’habitants en 2065, contre 9,4 millions en 2021 sur une superficie de 20 770 km2 carrés [sans tenir compte de la Cisjordanie et de la bande de Gaza]. Par ailleurs, les autorités israéliennes ont adopté, en 2017, un plan portant sur la construction de 2,6 millions d’unités de logement dans tout le pays, Cisjordanie inclus, dont 1,4 million d’ici à 2040. S’il n’est pas bientôt soulevé, le principal obstacle à l’adaptation au changement climatique et environnemental qu’est notre croissance démographique risque de devenir une bombe à retardement.

NDLR – La gauche israélienne, jamais en retard sur une erreur, a toujours prétendu qu’Israël serait rayé de la carte à cause de la démographie arabe et a toujours pousser à la capitulation face aux exigences des Arabes d’Israël. Après 73 ans, il n’en est rien, et le peuple juif est et sera plus nombreux que jamais à la grande affliction de la gauche. Maintenant, elle voudrait nous mettre en garde contre la croissance du peuple juif, avec en point de mire les implantations en Judée Samarie. Tous ses postulats pour convaincre le peuple juif à la capitulation face aux Arabes se sont avérés faux, voir mensongers, et c’est la raison pour laquelle la gauche israélienne n’est crédible sur aucun sujet. Ceci étant la politique immobilière en Israël est dangereuse à plus d’un titre. Les grands ensembles sont une source de problèmes sociétaux, que l’on néglige au profit de la spéculation éhontée qui prend les israéliens en otages avec la passivité des pouvoirs publics. En cas de bulle immobilière, ce ne sera pas les promoteurs qui paieront la note, mais les israéliens eux-mêmes qui auront ainsi la double peine.

Zafrir Rinat – Haaretz

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Ratfucker

Le dernier cheval de bataille antisioniste est l’écologie politique. Sur Times of Israel sévit une gauchiste américaine, Sue Surkes, dont l’obsession est de priver d’eau les Juifs, critiquant la baisse de niveau de la Mer Morte où il faudrait laisser le Jourdain déverser la totalité du débit (dont plus de 60% est capté par la Jordanie), imputant la qualité de l’eau à Gaza à Israël (qui n’est pourtant pas responsable de la démographie démentielle des Arabes), critiquant les usines de dessalement, dont les rejets augmentent la salinité de la Méditerranée, justifiant les vols d’eau en Judée Samarie ainsi que le refus de stations d’épuration par l’AP, critiquant le projet de canal Mer Rouge-Mer Morte, etc…