«Tu vas bientôt retrouver les martyrs au paradis»: le Hamas face à la gronde sociale

DÉCRYPTAGE- Des fonctionnaires non payés, un chômage monstrueux, des approvisionnements en eau et en électricité erratiques… Les islamistes sont critiqués pour leur mauvaise gestion de Gaza.

C’est une «déclaration» comme les habitants de la bande de Gaza en lisent rarement, un texte en plusieurs points, qui s’en prend directement au gouvernement du Hamas. Il a été publié dimanche sur un compte Instagram intitulé «Al Virus», bien connu dans ce petit territoire coupé du monde. Ses 150.000 abonnés apprécient sa liberté de ton.

«Pendant des années, nous sommes restés immobiles, nous avons écouté les fausses promesses de changement. Mais nous ne resterons plus silencieux au sujet de nos besoins élémentaires», peut-on y lire. S’ensuit une série de revendications concrètes: «Régler le problème de l’électricité», «payer les salaires», «ne pas détourner les aides du Qatar destinées aux familles pauvres». Dans les heures qui ont suivi, ce texte a été liké plus de 17.000 fois et a suscité une pluie de commentaires.

Concerts de casseroles

Territoire soumis à un blocus israélien depuis 2007 et la prise du pouvoir par les islamistes du Hamas, la bande de Gaza est dans une situation économique catastrophique. Plus encore que le manque de liberté et l’interminable conflit avec Israël, ce sont les difficultés du quotidien qui usent ses deux millions d’habitants. Ici, le taux de chômage atteint au moins 47 %, l’eau sort salée du robinet et est impropre à la consommation, l’approvisionnement en électricité est erratique: depuis deux semaines, l’envolée des températures sature un système déjà à bout de souffle. Les habitants ne reçoivent désormais du courant que 5 heures toutes les 12 heures. Le reste du temps, ils doivent recourir aux générateurs, mais avec un prix du kilowatt huit fois plus cher, la plupart se résignent au «black-out».

La publication de cette déclaration sur Instagram est en fait la réponse à une annonce du gouvernement du Hamas. Dimanche, il a annoncé qu’il ne pourrait pas payer les salaires de ses 50.000 fonctionnaires, en raison d’un retard dans le versement d’aides allouées par le Qatar. «La crise financière que traverse le gouvernement s’aggrave mois après mois, a reconnu publiquement un député du Hamas. Nous déployons des efforts significatifs pour payer les salaires et nous espérons y parvenir d’ici la fin de la semaine.» Pour tenter de compenser ses déficits, le mouvement islamiste augmente les impôts, mesure impopulaire qui suscite des mouvements de grève chez les commerçants.

La publication Instagram se conclut par une menace: «Vous êtes le gouvernement ; la principale cause du chômage à Gaza. C’est à vous de trouver les solutions.» Il promet, si ses exigences ne sont pas entendues avant le 30 juillet, une «révolution populaire sur toutes les places dans la bande de Gaza. Nous brandirons ce slogan: la mort vaut mieux que la vie. Que notre peuple prépare cette grande journée pour que nous obtenions enfin nos droits.» Cette journée aura-t-elle lieu? Les derniers mouvements de colère ont été étouffés dans l’œuf par le Hamas. «Tu vas bientôt retrouver les martyrs au paradis», pronostiquait lundi un commentateur sur le compte rebelle, à quoi un autre répondait: «Soyez courageux, descendez dans les rues!» En attendant, des concerts de casseroles sont improvisés, la nuit tombée, depuis la pénombre d’appartements privés de lumière.

Par Guillaume de Dieuleveult  Correspondant à Jérusalem  www.lefigaro.fr
Des membres du Hamas lors d’un rassemblement contre les raids israéliens, le 7 avril à Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza. Habboub Ramez/ABACA

 

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Jg

Un blocus c est rien ne rentre rien ne sort .C’est loin d être le cas avec Israël ! Mais pour les journaleux francouillons blâmer l état Juif fait parti du boulot !

Moses

Blocus d’armes seulement. Des dizaines de camions apportent chaque jour d’Israel des marchandises

Moshé

Il n’y a pas de « blocus » israëlien, Gaza ayant une frontière avec l’Egypte.