«Pour lutter contre l’antisémitisme, le déplorer, défiler et le condamner ne suffit plus»

Par Jean-Pierre Bansard

FIGAROVOX/TRIBUNE – Face à l’explosion d’actes antisémites sur notre sol, il est urgent de trouver de nouveaux arguments et moyens d’action, affirme le sénateur Les Républicains Jean-Pierre Bansard. Ce n’est pas aux associations mais à l’État d’agir et d’assumer ses missions, ajoute-t-il.

Jean-Pierre Bansard est sénateur Les Républicains des Français établis hors de France, et ancien président du Consistoire central.

L’antisémitisme est un fléau, le combattre est l’affaire de tous. Depuis l’assaut de l’armée israélienne contre les terroristes du Hamas dans la bande de Gaza, le nombre d’actes antisémites recensés en France a explosé. Certes, la plupart d’entre eux sont verbaux. Il n’empêche, ils en disent long de la détestation que peuvent inspirer les Juifs dans notre pays, avec des conséquences sur la société française dans son ensemble. Sur les réseaux sociaux – comme c’était prévisible -, sans discernement et par d’ignobles amalgames, un déchaînement de haine se déverse ainsi en flots continus. Combien de Français juifs, de peur d’être montrés du doigt, de s’exposer à la vindicte d’individus agressifs ou d’être menacés dans leur intimité, effacent leur nom de leurs boîtes aux lettres et interphones, n’osent plus commander un taxi sous leur vrai patronyme ou se faire livrer un repas à domicile ? Comme si, sombre répétition de l’histoire, ils devaient se cacher, disparaître du paysage social, avoir honte de ce qu’ils sont. Comme si un nom à consonance juive devenait subitement radioactif, synonyme d’une vermine à éliminer, et qu’ils n’étaient finalement pas aussi Français que les autres.

Est-il besoin de rappeler que l’opération conduite par Tsahal est la conséquence directe de la barbarie qui s’est abattue sur le sud d’Israël, à l’aube du 7 octobre dernier ? Or cette barbarie n’était pas la manifestation de la traditionnelle revendication nationaliste et territoriale palestinienne, née avec la création de l’État hébreu en 1948. Non, elle traduisait de façon inédite, avec une terrifiante rage, lisible sur les visages des assaillants, la volonté du mouvement islamiste d’anéantir l’ennemi sioniste et juif ; son existence même.

Dans ces conditions, n’importe quel Juif – et n’importe quel être humain – quelle que soit sa nationalité, qu’il soit religieux ou agnostique, ne pouvait que se sentir bouleversé, blessé, écrasé par ce massacre, ce crime contre l’humanité. C’est cette détresse qui habite aujourd’hui les Français juifs. C’est également cette meurtrissure que ressentent tous les Français qui mesurent l’ampleur des horreurs commises. Les Juifs français n’ont pas, comme on le leur demande actuellement, à répondre de la politique de l’État hébreu ni des initiatives de ses gouvernants, dont ils restent étrangers et dont ils ne sont pas responsables. Il est regrettable que, sur les bords de la Seine, cette interprétation ne prévale pas toujours, tant s’en faut… Il existe actuellement comme une inversion accusatoire.

L’urgence commande de trouver de nouveaux arguments et moyens pour faire reculer l’antisémitisme. Le déplorer, le dénoncer, le condamner ne suffit plus. Pas plus que de marcher, défiler ou manifester dans les rues entre Juifs français. Jean-Pierre Bansard

Alors comment vaincre, en France, cet antisémitisme virulent ? Un antisémitisme aux traits renouvelés, qui se propage à nouveau dans la société française, cette fois par le biais des influences islamistes, pouvant s’appuyer sur des personnalités opportunistes de la gauche radicale. Un antisémitisme qui ne trouve plus sa source, uniquement, dans l’affaire Dreyfus, le régime de Vichy ou la Shoah, mais, pour certains jeunes d’aujourd’hui, dans le conflit israélo-palestinien, qui ne font pas la différence entre politique et religion. L’urgence commande de trouver de nouveaux arguments et moyens pour faire reculer l’antisémitisme. Le déplorer, le dénoncer, le condamner ne suffit plus. Pas plus que de marcher, défiler ou manifester dans les rues entre Juifs français. «Combattre l’antisémitisme n’est pas une lutte pour les Juifs, mais pour tous ceux qui tiennent aux valeurs universelles de liberté et de démocratie», a dit récemment un grand chef d’État. Il a mille fois raison !

Aucune association juive, laïque ou confessionnelle, ne parviendra à atteindre l’objectif car, pour mener ce combat-là, il faut sortir de l’entre-soi. Il convient d’aller beaucoup plus loin que le rituel des dîners, congrès et rendez-vous annoncés avec tambours et trompettes, où chacun des hôtes y va de son couplet victimaire ou revendicatif ; et où, en retour, les invités officiels ressassent immanquablement d’un ton grave et pénétré les mêmes promesses et professions de foi tous les ans. On connaît la suite. Rien ne change et ne changera si l’on n’en reste là, à la complainte des pleureuses, incapables de dialoguer avec ceux qui n’ont pas exactement la même position, ou qui font semblant de l’avoir le temps d’une rencontre.

C’est à l’État de faire reculer l’intolérance et la haine pour que triomphent l’universalisme et la laïcité. Jean-Pierre Bansard

Pour qu’un judaïsme aux couleurs de la République vive – titre du livre que j’ai publié en 2004 aux éditions de l’Archipel pour dénoncer le communautarisme – et que l’on n’entende moins – plus ? – «Mort aux Juifs», il faut inventer une nouvelle philosophie de l’action. Patriotes, les Français juifs ont toujours répondu sans faille aux appels de la Nation, et continueront à le faire, comme tous les Français. Les plus pratiquants prient d’ailleurs tous les vendredis, dans les synagogues, pour la République et le peuple français. C’est précisément pour cette raison que l’État doit agir et assumer ses missions. Car c’est à l’État de faire reculer l’intolérance et la haine pour que triomphent l’universalisme et la laïcité. Deux notions indissociables de l’histoire de notre pays, mais que, malheureusement, nos gouvernants, quels qu’ils soient, et nos pouvoirs publics ont laissé peu à peu piétiner, par ceux qui, en s’attaquant aux Juifs, s’attaquent en réalité à la France, à sa culture et à ses valeurs. Autant par lâcheté que par indifférence.

Dans une conférence donnée en 2019, Pauline Bebe, première femme rabbin à exercer en France, proposait d’élaborer les « dix commandements de la lutte contre l’antisémitisme ». Si l’État doit veiller au respect de la laïcité – l’une des meilleures armes dont il dispose pour imposer la paix civile -, il incombe à tous les Français, et pas seulement aux Juifs français, de savoir parler du judaïsme, de savoir déconstruire les préjugés, de réhabiliter la spiritualité, de faciliter les échanges interreligieux, d’encourager les initiatives communes des acteurs religieux contre le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme et beaucoup d’autres causes inhérentes à une paisible vie en société. Pour faire obstacle au laisser-aller, au laisser-dire, au laisser-faire, il faut agir ensemble, la Nation réunie. «Pas un Français ne sera en sécurité tant qu’un Juif, en France et dans le monde entier, pourra craindre pour sa vie» : ainsi s’exprimait Jean-Paul Sartre. Que l’on apprécie ou pas ce philosophe, cette phrase mérite, selon moi, toute notre attention.

JForum.fr avec  www.lefigaro.fr

 

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Asher Cohen

Le problème, Mr le sénateur, est qu’en France, l’appareil d’État lui-même pratique la discrimination et la violence antijuives, rien ne change depuis l’antisémitisme d’État de Vichy. Pour bien des Juifs, la France est un pays de souffrance et de misère, au lourd passé antisémite.

Dans l’enfance, vous perdez votre temps à étudier dans des lycées où les enseignants ont à peine validé le Bac, et n’ont même-pas atteint le niveau de la licence universitaire dans leur domaine. Puis, vous allez étudier à la faculté de Médecine, avec des professeurs de médicaillerie, nommés à leur poste par la combine et non la valeur, et qui, incapables de soigner la population, ne peuvent pas apprendre aux autres ce qu’ils ne savent pas eux-mêmes. Ensuite, vous gâchez des années des jeunesse, votre temps et énergie, à préparer des concours d’internat en médicaillerie fraudés pour faire passer les copains des copains, au lieu de vous orienter à préparer les concours étrangers. De plus, si vous êtes performant à votre travail, vous dérangez les ratés haineux et ils émettront des rapports psychiatriques de complaisance, calomnieux, pour vous éliminer. Bien sûr, on fraudera la Justice, en prétendant juger au Tribunal Administratif durant votre absence de France, et en achetant l’avocat désigné pour vous représenter. Frauder la Justice permet de faire croire et de se donner l’illusion d’être dans la Réalité.

A la suite de cela, l’ANPE ne vous aidera pas à vous requalifier, et vous devez étudier l’économie et la gestion d’entreprise en vivant SDF, à Paris, pendant des années. L’ Administration Française essaiera d’entraver votre émigration, en vous refusant l’aide au départ attribuée aux arabes, mais pas aux Juifs sous le prétexte que les youpins ont la nationalité française.

Si vous dénoncez la criminalité des médicaillons et les comptes en Suisse qu’ils accumulent sur le dos de la Sécurité Sociale, donc aux dépends des pigeons qui produisent de la valeur ajoutée dans les entreprises et paient les charges sociales pour financer ces comptes en Suisse, alors la police corrompue vous enlève tous vos dossiers de travail, votre bibliothèque et vos archives, vous empêchant ainsi de gagner votre vie et de manger à votre faim, et la Justice Française pourrie refusera catégoriquement de vous les faire restituer.

En plus, quand vous cherchez à utiliser les universités françaises pour étudier les mathématiques, le Tribunal Administratif refuse catégoriquement d’ordonner au Rectorat de Paris de vous inscrire dans une université de son choix, sous prétexte qu’il n’a pas d’ordres à donner à l’Administration. Quelle différence peut-il y avoir entre cela et les lois raciales vichystes qui excluaient les youpins de l’Université ?

A cela, il faut ajouter la nécessité pour les Juifs, d’apprendre à se défendre, même contre les abus des policiers corrompus, en frappant sur les points vitaux, car dans les rues de Paris la violence antisémite est banale.

Pour les Juifs, les lois raciales vichystes n’ont jamais été réellement abrogées, et sont toujours appliquées. En France, les Juifs n’ont pas le droit au libre accès à toutes les professions, ni à la libre entreprise. La meilleure solution pour eux est donc de quitter ce pays de souffrance et de misère, et partir en pétant à la gueule de la France, lui adressant un doigt, et disant  » Ciao, Bye Bye  ».