Chemot: Moïse, berger des Enfants d’Israël (vidéo)

Moïse, naquit en Egypte 130 années après l’entrée de Jacob et ses enfants en Egypte et, Moïse était âgé de 80 ans lorsqu’il conduisit le peuple hors d’Egypte. En ajoutant ces données nous obtenons 400 ans (60+130+130+80=400).

Les années d’esclavage furent de 210 ans : 130+80=210. L’esclavage de par lui-même ne fut pas rude d’emblée mais la sévérité de ces années- là suivit une courbe ascendante : au départ, les bené Israël conformément aux vœux du Pharaon qui avait connu Joseph et, tant que celui-ci vécut et occupa un poste honorifique, les douze tribus et leurs familles occupèrent la terre de Goshen, à la disparition de Joseph, les choses empirèrent : l’ancien pharaon mourut, Joseph disparut à son tour, les onze autres fils de Jacob n’étaient plus en vie et furent tous enterrés en Canaân.

Les petits enfants de Jacob commencèrent à « s’assimiler ». L’esclavage commença à toucher ces nouveaux résidents.

Petit à petit, les mesures s’endurcirent et les travaux publics pour Pharaon revêtirent l’aspect de travaux obligatoires, puis la sévérité rendit le caractère de ces travaux de plus en plus durs.

L’esclavage en Egypte s’alourdit

Les mesures s’endurcirent par degrés : lorsque la population s’accoutumait à une mesure, une nouvelle arrivait et était appliquée.

Malgré cela, les hommes soupiraient et s’habituaient et ils cédaient à l’environnement.

L’arrêt divin, eût pu être changé si la conduite avait été modifiée et si, au lieu de se laisser absorber par le milieu ambiant, les descendants du Patriarche avaient opéré un changement dans leur attitude et leur mode de vie.

La descente en Egypte ne fut pas une descente exclusivement physique mais aussi spirituelle car l’Egypte représentait le plus haut niveau d’impureté.

Le Keli Yakar fait remarquer que lors de la promesse d’alliance, HaShem a évoqué 4 niveaux de souffrance qui frapperait ce peuple: il se sentira étranger dans un pays qui n’est pas à eux, ils seront astreints à de durs travaux et à de grandes souffrances.

ETRANGER : La Torah rappelle à chaque occasion de protéger et de ne pas maltraiter les étrangers car nous-mêmes, rappelle le texte sacré, avons été étrangers en Egypte (et ailleurs aussi par la suite)…

UN PAYS QUI N’EST PAS A EUX : Le Juif a souvent été errant et contraint de s’expatrier et de se perdre de pays en pays ou de continent en continent.

DE DURS TRAVAUX : Le travail n’est pas, en réalité, quelque chose qui peut mettre une personne en danger MAIS………… le mot AVODA revêt une autre signification que le travail, le labeur : AVODA peut-être le CULTE et le CULTE ETRANGER, les HABITUDES ETRANGERES et devenir esclave des mœurs étrangères !!!!

DE GRANDES SOUFFRANCES : Ces souffrances touchent le peuple qui s’est laissé absorbé et noyé dans les rituels qui ne sont pas les siens et la souffrance devient physique et morale !

D’après de nombreux Tanaïm, cette descente en Egypte et l’esclavage que les bené Israël y ont trouvé, constituent une première purification physique et spirituelle après l’épisode du serpent et d’Eve dans le jardin d’Eden.

Cette impureté du serpent a rejailli sur toute l’humanité mais les Juifs ont tenu à se purifier dit-on dans la Guemara Shabbat. C’est une partie de cette impureté qui s’est amassée et s’est durcie que l’on désigne dans un langage cabalistique sous le terme de « klipa » (écorce). Plus l’écorce se durcit et plus il devient improbable de s’en débarrasser.

La reconnaissance (הכרת הטוב) et le manque de reconnaissance (כפוי טובה) peuvent aussi se traduire par des réactions peu enviables. Lors de la faute commise par Adam et Eve et la présence (l’intervention) du serpent, furent décelées trois fautes : le manque de reconnaissance d’Adam envers son Créateur qui a mis à la disposition de l’Humanité non seulement un univers plein et débordant mais encore IL avait créé une compagne et en signe de reconnaissance, lorsque le premier homme dut donner des comptes il adressa des reproches au Créateur en accusant : « la femme que Tu m’as donnée ».

Avant cela le serpent qui désirait ardemment arriver à ses fins n’eut de cesse que de nier la Puissance de l’Éternel et il procéda en conséquence à une « kefira be’îkar » (la négation du Principe) כפירה בעיקר. Ceci équivalent aussi à de l’ingratitude (כפוי טובה).

Cette ingratitude se retrouve dans les décisions pharaoniques car, si tout-à-coup l’Egypte se trouve être devenu un pays riche et puissant c’est à cause des actes de Joseph qui sut régler les problèmes économiques de l’Egypte.

Cette ingratitude conduisit Pharaon à une conduite complètement hérétique….au point que lorsque Moïse fait « appel » à Pharaon celui-ci déclare avec suffisance qu’il ne sait qui est D.
Nous avons déjà évoqué précédemment qu’Abram et Saraï n’ont pas eu d’enfants ensemble jusqu’à ce que l’Éternel juge qu’ils étaient purifiés de leur passé et de leurs origines. Abram eut un enfant avec une Égyptienne idolâtre.

Cet enfant, Ismaël, bien que né d’Abram n’entre pas dans la lignée réelle de Jacob puisque lors de l’ordre de lier Isaac est reçu par Abraham, l’Éternel précise : TON FILS, TON UNIQUE FILS, ISAAC…. La première procréation d’Abram fut avec une idolâtre.

Lorsqu’Isaac et Rebecca ont deux enfants, l’un d’eux bien que né d’une mère juive est lui rebelle et le Ari zal dévoile qu’Esaü est une réincarnation de Caïn qui habité par un esprit « étranger » pensait qu’il poursuivrait ses crimes jusqu’à ce que son père disparaisse, Esaü pensait qu’il tuerait Jacob après que son père, Isaac, disparaîtrait…

Mais HaShem est là et veille et surveille; IL connaît les torts et les mérites de chacun comme il est écrit dans Az Yashir Moshé (le Cantique de la Mer Rouge), les uns sont ballottés comme fétus de paille, d’autres coulent comme le plomb etc….

Lorsque les esclavagistes décidèrent de ne plus fournir de matières premières pour faire des briques et que chacun devrait désormais se débrouiller pour trouver les matières nécessaires à la fourniture de briques jusqu’à ce que les pères de famille devinssent inhumains au point de précipiter leurs propres enfants dans le ciment pour faire davantage de briques….

La Torah et le Midrash content avec un certain merveilleux tout ce qui entoura la conception, la naissance et l’éducation de Moïse.

La sidra de shemot dit de manière très brève comment les parents de Moshé se sont mariés et comment il est né. Le Midrash se répand en explications : la situation était catastrophique. Les devins et sorciers qui entouraient Pharaon avaient eu la révélation que le « libérateur » d’Israël frapperait l’Egypte par l’élément eau. Ils ne savaient pas si ce libérateur était déjà vivant ou pas ni comment il frapperait l’Egypte.

Pharaon prit donc la décision de tuer tous les bébés mâles à naître et de les jeter dans le Nil. La réaction qui s’en suivit fut le divorce de nombreux couples. Amram et Yokhéved qui étaient les parents déjà d’Aharon et Myriam divorcèrent. Myriam les accusa d’être plus sévères que Pharaon qui s’en prenait aux garçons tandis qu’eux refusaient même la naissance à des filles éventuelles…

Devant un tel argument ils se ré épousèrent en secret pour rendre leurs épousailles publiques trois mois plus tard alors que Yokheved était déjà enceinte. C’est ainsi qu’elle accouche en secret et éleva son enfant secrètement jusqu’au moment où les officiers royaux ne tarderaient pas à se rendre chez cette femme pour y surprendre un nouveau-né……

Un midrash conte que lorsque Moïse – jeune enfant – assis sur les genoux du pharaon s’empara de la couronne, les devins crièrent au sacrilège…

Parmi ces devins figurait le prêtre de Midiane (jéthro) qui tranquillisa l’assemblée en affirmant qu’il ne s’agissait que d’un acte sans valeur provenant d’un enfant IL conseilla de mettre l’enfant à l’épreuve différemment : préparer deux plateaux l’un avec des joyaux et l’autre avec des braises enflammées.

Moïse avança la main vers les joyaux mais un ange fit bifurquer sa main vers les braises qu’il saisit à pleines mains et déposa sur sa langue ce qui le rendit malhabile en parlant…

Certaines sources évoquent le fait qu’il fallait ceci pour « purifier » sa bouche d’avoir bu le lait d’une nourrice égyptienne.

La péricope est longue et les enseignements multiples. Les prochaines parashot seront également fertiles en matière à penser.

JForum.fr avec   Elisheva  Rebouh Ben Abou אלישבע  רבוה בן אבו

 

Le défi du leadership juif

Je disais, à moitié en plaisantant, que la preuve que Moïse était le plus grand des prophètes était que lorsque Dieu lui demanda de diriger le peuple juif, il refusa quatre fois : Qui dois-je diriger ? Ils ne croiront pas en moi. Je ne suis pas un homme de mots. Veuillez envoyer quelqu’un d’autre.

C’est comme si Moïse savait avec une précision étrange dans quoi il s’exposerait. D’une manière ou d’une autre, il pressentait à l’avance qu’il peut être difficile d’être juif, mais qu’être un leader juif est presque impossible.

Comment Moïse a-t-il su cela? La réponse se trouve dans sa jeunesse il y a de nombreuses années. C’est alors que, devenu grand, il sortit pour la première fois voir son peuple. Il les a vu réduits en esclavage, contraints à de durs travaux.

Il vit un Égyptien battre un Hébreu, un des siens. Il est intervenu et lui a sauvé la vie. Le lendemain, il vit deux Hébreux se battre et il intervint de nouveau. Cette fois, l’homme qu’il avait arrêté lui dit : « Qui t’a nommé chef et juge ?

Notez que Moïse n’avait même pas encore pensé à devenir un leader et que son leadership était déjà remis en question. Et ce sont les premières paroles enregistrées adressées à Moïse par un compatriote juif. C’était sa récompense pour avoir sauvé la vie d’un Israélite la veille.

Et bien que Dieu ait persuadé Moïse, ou lui ait ordonné, de diriger, cela n’a jamais cessé d’être difficile et souvent démoralisant. Moïse a dû passer plus de quarante ans à diriger un groupe de personnes enclines à critiquer leur situation, à pécher et à se rebeller, et à se disputer entre elles.

Dans une effroyable démonstration d’ingratitude, les Israélites se plaignent à plusieurs reprises dans le livre de Chemot, après avoir été témoins d’actes miraculeux de la part de Dieu et de son chef désigné. A Marah, on se plaint que l’eau est amère. Puis, en termes plus agressifs, ils protestent contre le manque de nourriture (« Si seulement nous étions morts par la main du Seigneur en Égypte ! Là, nous étions assis autour de marmites de viande et mangions toute la nourriture que nous voulions, mais tu nous as fait sortir en Égypte »). ce désert pour faire mourir de faim toute cette assemblée »). Plus tard, à Réfidim, ils se plaignent du manque d’eau, ce qui pousse Moïse à dire à Dieu : « Que dois-je faire de ce peuple ? Ils sont presque prêts à me lapider !

Dans Devarim, Moïse se souvient du moment où il dit à Dieu : « Comment pourrais-je supporter moi-même tes problèmes, tes fardeaux et tes disputes tout seul » (Deut. 1 : 12). Et puis, à Beha’alotecha, Moïse souffre de ce que j’appelle souvent une dépression émotionnelle :

Il a demandé au Seigneur : « Pourquoi as-tu causé ce problème à ton serviteur ? Qu’ai-je fait pour te déplaire pour que tu me fasses porter le fardeau de tous ces gens ? Ai-je conçu tous ces gens ? Est-ce que je leur ai donné naissance ? Pourquoi me dis-Tu de les porter dans mes bras, comme une nourrice porte un enfant, vers la terre que Tu as promise par serment à leurs ancêtres ? . . . Je ne peux pas porter tous ces gens seul ; le fardeau est trop lourd pour moi. Si c’est ainsi que Tu comptes me traiter, vas-y, tue-moi – si j’ai trouvé grâce à Tes yeux – et ne me laisse pas affronter ma propre ruine. Nombre. 11h11-15

Et cela a été dit, ne l’oubliez pas, par le plus grand dirigeant juif de tous les temps. Pourquoi les Juifs sont-ils presque impossibles à diriger ?

La réponse fut donnée par le plus grand rebelle contre le leadership de Moïse, Korach. Écoutez attentivement ce que lui et ses associés disent :

Ils vinrent en groupe s’opposer à Moïse et à Aaron et leur dirent : « Vous êtes allés trop loin ! Toute la communauté est sainte, chacun d’entre eux, et le Seigneur est avec eux. Pourquoi alors vous placez-vous au-dessus de l’assemblée du Seigneur ? Nombre. 16:3

Les motivations de Korach étaient fausses. Il parlait comme un démocrate mais ce qu’il voulait, c’était être un autocrate. Il voulait être lui-même un leader. Mais ses propos laissent entrevoir ce qui est en jeu.

Les Juifs sont une nation composée d’individus forts. « Toute la communauté est sainte, chacun d’entre eux. » Ils l’ont toujours été. Ils le sont toujours. C’est leur force et leur faiblesse. Il y avait des moments où ils avaient du mal à servir Dieu. Mais ils ne serviraient certainement à personne de moins. C’étaient des gens « au cou raide », et ceux qui ont le cou raide ont du mal à s’incliner.

Les prophètes ne se prosterneraient pas devant les rois. Mardochée ne voulait pas se prosterner devant Haman. Les Macchabées ne se prosterneraient pas devant les Grecs. Leurs successeurs ne se prosterneront pas devant les Romains. Les Juifs sont farouchement individualistes. Parfois, cela les rend invincibles. Cela les rend également presque ingouvernables, presque impossibles à diriger.

C’est ce que Moïse a découvert dans sa jeunesse lorsque, essayant d’aider son peuple, sa première réponse fut de dire : « Qui t’a nommé chef et juge ? C’est pourquoi il a tant hésité à relever le défi du leadership et a refusé à quatre reprises.

Il y a eu récemment de nombreux débats au sein de la communauté juive britannique et américaine [1] sur la question de savoir s’il devait y avoir une position collective convenue de soutien inconditionnel à l’État et au gouvernement d’Israël, ou si notre position publique devait refléter les profondes différences qui existent entre les Juifs d’aujourd’hui. en Israël ou à l’extérieur.

Mon point de vue est qu’Israël a besoin de notre soutien en cette période critique. Mais le débat qui a eu lieu est superflu. Les Juifs sont une nation composée d’individus forts qui, à de rares exceptions historiques près, ne se sont jamais mis d’accord sur quoi que ce soit. Cela les rend incontrôlables ; cela les rend également invincibles. Les bonnes et les mauvaises nouvelles vont de pair. Et si, comme nous le croyons, Dieu a aimé et aime encore ce peuple malgré tous ses défauts, pouvons-nous faire moins ?

[1] Il convient de noter, à titre de contexte, que cet essai a été rédigé par le rabbin Sacks en novembre 2010, au milieu d’un vaste débat communautaire concernant Israël.

JForum.fr avec rabbisacks.org  CHEMOT • 5771 , 5784

 

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