Rares sont ceux qui sont passés à côté de cette nouvelle image d’Épinal brandie tel un trophée par la bien-pensance médiatique. L’Express, France Télévisions, M6, Le Point, Entrevue, BFM TV ou encore Le Progrès… Depuis jeudi dernier, les médias grand public dressent un portrait hagiographique d’un sinistre inconnu censé incarner la sagesse populaire de la communauté musulmane, au lendemain de la grande secousse du vendredi 13. Qui est-il ?
Il s’agit d’un dénommé Bassem, un blogueur de 35 ans, plus connu sur la Toile sous le nom de Chronic 2 Bass. Le 19 novembre, celui qui se présente comme un pieux musulman a diffusé une vidéo dans laquelle il pousse un coup de gueule à l’attention de ses coreligionnaires, suite aux attentats qui ont frappé Paris.
« Allons traquer ces imposteurs qui se font passer pour des musulmans en tuant des gens ! » y déclare Bassem, pour le plus grand bonheur des adeptes de pathos.« Ce n’est pas les autorités qui vont faire le ménage, c’est nous, qui allons à la mosquée et qui prônons les valeurs de la République ! »
En quelques jours, la vidéo devient virale, avec plus de 5 millions de vues au compteur. Bassem, lui, est aussitôt hissé au rang de partisan iconique de la paix. Mais cet éloge est-il mérité ?
En y regardant de plus près, sous cette surface bien polie, la vérité sur saint Bassem est un peu plus trouble. Oui, car si la méthode manichéenne consistant à faire ressortir une généralité d’un simple échantillon offre l’illusion d’une accalmie émotive, c’est d’abord parce que nos confrères ont volontairement omis d’importantes nuances.
Si l’on se penche sur le cursus de ce blogueur originaire de Vénissieux (Rhône), on s’aperçoit effectivement qu’il n’est pas aussi pacifiste qu’on a bien voulu nous le faire croire.
Pas plus tard que début septembre, Bassem lançait une « fatwa » à l’encontre du rappeur Swagg Man, accusé d’avoir bafoué l’islam, ce qui lui a valu les sobriquets suivants : « petit fils de pute » ou encore « la plus grosse pute de Nice ». Dans une vidéo toujours en ligne sur YouTube, Bassem lance une chasse à l’homme avec une récompense de 3.500 euros pour « les frères » qui l’aideront à mettre la main sur le rappeur bébête. « Tu essaies de sauver les meubles ? Il n’y a plus rien à sauver, petit fils de pute », lâchait alors Bassem, en réponse aux excuses de Swagg Man, dont la tête est mise à prix. Son dessein est clair : « On va te faire boiter à vie, petit fils de pute ! On va te fusiller ! » hurle-t-il. « T’es un homme mort. Le mal, est fait ! […] On va arrêter de parler. On va faire les choses, inch’Allah ! […] T’es une prostituée au nom du sionisme. Je te mets dans ma cave et je te fais mordre par mon dobermann, toutes les heures […] Si vous me trouvez violent, fermez vos gueules ! »
Disons-le clairement : John Lennon n’aurait pas dit mieux ! Et pour montrer qu’il compte bien mettre ses menaces à exécution, Bassem produit, fin septembre, une autre vidéo, cette fois-ci tournée sur la promenade des Anglais à Nice, ville d’origine du rappeur Swagg Man, dans laquelle il sous-entend qu’il est prêt à en découdre, armé jusqu’aux dents : « Aujourd’hui, je suis venu, et je pèse 1,100 kg en plus. Pas besoin de te faire un dessin, petit fils de pute ! On est déterminés ! »
Nous ignorons l’épilogue de leur chamaillerie. Seul demeure cet éloge impromptu dans nos médias padamalgamistes. Pour l’heure, saint Bassem profite quand même de sa soudaine notoriété, et continue donc de véhiculer l’image d’un homme pacifiste, juste et altruiste.
Désespéré, Pascal aurait sans doute conclu ainsi, se tapant le front du plat de la main : « Qui veut faire l’ange fait la bête ! »
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