Dans moins de quinze jours, le 1er septembre, François Hollande et les grands industriels français de l’armement accueilleront Salmane Ben Abdel Aziz Al-Saoud, prince héritier et puissant ministre de la défense d’Arabie saoudite. Autant dire que le braquage, dimanche 17 août aux portes de Paris, d’un autre prince, neveu du ministre et surtout du roi Abdallah, ne pouvait pas plus mal tomber.Quelques heures après l’attaque « crapuleuse », assure le ministère de l’intérieur, du prince Abdel Aziz Ben Fahd, le vol de 250 000 euros en liquide et de quelques documents, la France a d’ailleurs fait parvenir un message au roi Abdallah pour exprimer « ses regrets » et assurer une enquête rapide et aussi discrète que possible. L’affaire est d’autant plus essentielle qu’au-delà de la prochaine visite officielle du numéro deux du régime saoudien, Paris et la Côte d’Azur restent parmi les destinations les plus prisées des milliardaires de la péninsule Arabique, et que la relative facilité avec laquelle ont opéré les braqueurs peut inquiéter ces touristes et hommes d’affaires de luxe.

Le prince Abdel Aziz Ben Fahd venait de quitter, dimanche soir, l’hôtel George V, un de ces palaces où il a ses habitudes lorsqu’il vient passer quelques jours à Paris. Un convoi d’une douzaine de voitures puissantes, dont certaines appartenant à l’ambassade d’Arabie saoudite, devait l’accompagner jusqu’à l’aéroport du Bourget, en Seine-Saint-Denis, où un avion privé l’attendait avec sa suite.

UNE PRÉDILECTION POUR LES PALACES AVEC VUE SUR LA TOUR EIFFEL

Ce n’est pas la première fois que ce prince de 41 ans, mieux connu pour ses extravagances et sa richesse ostentatoire que pour son poids politique au sein du royaume, se rend à Paris. Abdel Aziz Ben Fahd fait partie de ces richissimes rentiers du régime, transformé en hommes d’affaires tirant les dividendes de complexes immobiliers, aux Etats-Unis et en Europe. A Paris, il retrouve souvent Saad Hariri, fils de l’ex-premier ministre libanais assassiné Rafic Hariri, un proche des Chirac, mais s’il passe pour un play-boy, il reste considéré par les spécialistes comme un membre du « second cercle » saoudien, moins proche du pouvoir.

Comme beaucoup de membres plus discrets de la famille royale, ce fils du défunt roi Fahd – « son préféré », dit-on encore en Arabie saoudite – avait attendu le 2 août et la fin du ramadan pour entamer ses vacances à travers l’Europe et descendre dans les plus grands hôtels avec, dans la capitale française, une prédilection pour ces palaces qui offrent une vue sur la tour Eiffel ou, plus prosaïquement, une proximité avec les maisons de couture et les joailliers. « Là, reconnaît un Français spécialisé depuis quinze ans dans les relations d’affaires franco-saoudiennes (et qui souhaite garder l’anonymat), il est rare que ces riches clients, voyageant le plus généralement avec famille et domesticité, passent inaperçus. Dès leur arrivée, leurs intermédiaires libanais ou égyptiens amènent jusqu’à eux toutes sortes de solliciteurs, bijoutiers, marchands de tapis ou agents immobiliers. » Il n’est alors pas rare que, usant le plus souvent d’argent liquide, les princes saoudiens règlent d’énormes additions dans les restaurants parisiens à la mode : « On n’invite pas un prince », souligne le Français.

« LES PRINCES SAOUDIENS VOYAGENT BEAUCOUP AVEC LEURS PROPRES PERSONNELS »

Abdel Aziz Ben Fahd a-t-il été surveillé, ou victime d’une fuite de son entourage ? « Les princes saoudiens voyagent beaucoup, à plusieurs, avec leurs propres personnels, cuisiniers, femmes de chambres, gardes du corps, et utilisent assez peu le personnel des hôtels, rappelle le concierge d’un des palaces pour milliardaires. Ils sont souvent méfiants et il est toujours difficile de prévoir le moment de leur arrivée, comme s’ils n’avaient jamais d’horaires. Mais il est aisé de prévoir leur départ, parce que le gros du travail consiste alors à veiller à ce que tous les bagages de la suite soient bien embarqués jusqu’à l’aéroport. »

Dimanche, c’est justement sur la route du départ, en arrivant porte de la Chapelle, au niveau de l’embranchement de l’autoroute A1, que le convoi du prince a été attaqué, vers 21 h 15. Huit braqueurs cagoulés et munis d’armes de poing, circulant à bord de deux BMW X5 volées et sans plaques, ont attaqué la première voiture, un monospace Mercedes Viano. Le véhicule, un peu détaché du reste du cortège, comprenait trois personnes, le chauffeur, un officier de sécurité et un intendant chargés d’effectuer en avance les formalités préalables au départ en avion.

Après s’être rapidement emparés de « 250 000 euros en petites coupures », selon le témoignage des victimes, et de mallettes contenant des documents « sans importance ni stratégique ni diplomatique », assurait lundi 18 août le quai d’Orsay, les braqueurs ont relâché leurs victimes, sans avoir tiré un coup de feu ni blessé qui que ce soit. La Mercedes des Saoudiens et l’une des BMW des voleurs ont été retrouvées brûlées vers 22 heures, dans le village de Saint-Mesmes (Seine-et-Marne), à 36 km de Paris, toutes les empreintes digitales ayant disparu dans l’incendie.

Par Raphaëlle Bacqué et Faïza Zerouala – Le Monde.fr
Article original

Braquage d’un convoi saoudien à Paris: « Des individus très bien renseignés »

Cinq à huit malfaiteurs ont tendu dimanche soir un guet-apens au convoi d’un prince saoudien près de la porte de la Chapelle, à Paris. Ils ont dérobé 250 000 euros en cash et « des documents diplomatiques », avant de s’échapper à travers les champs. Le point sur l’enquête.

Tout s’est déroulé très vite. Un braquage spectaculaire a eu lieu dimanche soir, vers 21 heures, aux abords de la porte de la Chapelle (XVIIIe arrondissement de Paris). Le convoi d’un prince saoudien a été stoppé net par deux BMW , juste avant la bretelle qui mène à l’autoroute. A leurs bords, plusieurs individus cagoulés et armés. Ces derniers prennent d’assaut le monospace qui ouvre le cortège avant de prendre la fuite. Les trois occupants saoudiens, pris en otages, sont très vite relâchés. Aucun coup de feu n’est tiré.

Les ravisseurs s’emparent de 250 000 euros en liquide ainsi que plusieurs « documents diplomatiques ». Ils abandonnent et brûlent ensuite le monospace et l’une de leurs deux BMW près d’un village de Seine-et-Marne. Ce mardi, ils sont toujours en fuite. L’enquête a été confiée à la Brigade de répression du banditisme de la PJ de Paris.

Qui sont les braqueurs?

Le commando comportait cinq à huit malfaiteurs. « Ce sont visiblement des individus très bien renseignés et expérimentés. Ils ont agi vite et sans faire usage de leurs armes », note pour L’Express Rocco Contento, responsable de la section Paris du syndicat SGP Police. « Ils me font penser à des commandos des pays de l’Est, main d’oeuvre bon marché qui n’a pas froid aux yeux. » On dirait « une affaire envoyée, avec des complicités internes », du personnel de l’ambassade par exemple ou « à la société de location » des véhicules, note un policier dans Libération ce mardi. En tout cas, ils étaient visiblement « au courant de l’heure à laquelle le fourgon ouvreur partait ».
Plusieurs individus étaient armés, rapporte Le Parisien. Des armes que l’on se procure assez « facilement », estime un policier. France Inter évoquait ainsi lundi des « armes de poing. »

Qui sont les victimes?

Le convoi saoudien comportait 13 véhicules de luxe, indique Le Figaro, et partait du prestigieux hôtel Georges V, dans le VIIIe arrondissement de Paris. Le cortège devait se rendre à l’aéroport du Bourget afin de décoller vers l’Arabie Saoudite. Dans les véhicules étaient notamment présents un prince saoudien et un membre de la famille royale, note France Info.
« Le prince ne semble pas être une personnalité de premier plan. Sinon, il y aurait eu une escorte policière. Pareil si c’était, par exemple, un membre de l’exécutif », observe Rocco Contento de SGP Police. Une source judiciaire assure à L’Express que le prince était visiblement à Paris « à titre personnel » et non diplomatique. Ce n’est pas en tout cas pas son véhicule qui a été attaqué mais le premier du convoi, qui transportait trois personnes: un chauffeur, un intendant et un garde du corps, énumère Le Figaro.

Quel est le mobile?

Les enquêteurs tentent de savoir si les malfaiteurs voulaient s’emparer en priorité des 250 000 euros ou des documents diplomatiques, dont la nature reste inconnue. Dans le premier cas, l’affaire tombe dans le domaine du grand banditisme classique, dans le second cas, elle pourrait s’avérer plus complexe. « Mon analyse personnelle, c’est que mobiliser huit hommes armés pour seulement 250 000 euros, c’est beaucoup », avance un policier, qui parle de documents qui pourraient être relatifs « à des contrats ou des marchés entre l’Arabie Saoudite et la France. » Beaucoup de syndicalistes évoquent d’ailleurs un mode opératoire « hors-norme » et sans précédent.

De son côté, une source judiciaire assure que l’affaire relève pour l’instant d’une « enquête classique de vol à main armée en bande organisée ». Que la sensibilité des documents volés n’est pas encore prouvée et que ces derniers pourraient très bien se révéler sans importance. D’autant que le secteur, la porte de la Chapelle, est réputé pour ses braquages de voitures en raison de l’autoroute située à proximité, permettant une fuite rapide.

Les détails de la fuite

Ce mardi, Le Parisien retrace précisemment la fuite du commando. « Après avoir quitté l’autoroute A1, les malfaiteurs ont pris la direction de la Seine-et-Marne (…), ils ont rejoint un chemin de terre reliant Mitry-Mory, une ville contiguë à l’aéroport de Roissy, au village de Saint-Mesmes. Les malfrats ont alors emprunté la départementale 212 avant de s’engager dans le chemin de la Sablonnière, une voie difficilement praticable ». Il s’agit d’un raccourci selon le maire de Saint-Mesmes, Alfred Stadler: « Ils devaient connaître les lieux. On ne vient pas ici par hasard », dit-il au Parisien.

C’est à côté d’un champ de maïs que les enquêteurs ont retrouvé le véhicule incendié. Lundi matin, « le sol était encore jonché de nombreux médicaments, de dentifrice, de rasoirs et divers produits de parapharmacie abandonnés derrière eux. Et aussi deux billets de 500 euros et des documents en arabe. » note Le Parisien. Là un complice attendait les malfaiteurs. « Ils ont fait plein d’échanges de sac entre deux voitures, raconte un témoin cité par le quotidien. Ils criaient: ‘Vite! Vite! On se dépêche!’ Les visages dissimulés, les cinq braqueurs ont mis le feu à leur berline avant de repartir ».

Par Jérémie Pham-Lê et S.P.- EXPRESS Article original

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