Cette tribune est une réponse à celle publiée par Nabil Ayouch, intitulée « Peuple d’Israël, lève-toi! ».Rappel des propos stupides tenus par Nabil Ayouch, auteur d’une tribune dans le Huffington Post

« Tsahal s’est remise au travail… Comme dans un jeu de massacre, on enferme des êtres humains dans une boîte et on tire au hasard. »

Après avoir d’entrée de jeu campé la situation, une tuerie à ciel-ouvert, le cinéaste franco-marocain Nabil Ayouch s’adresse au « Peuple d’Israël » (en fait au peuple juif d’Israël), essentiellement pour l’incriminer, le culpabiliser.

Il fait d’abord le constat d’un peuple insensible, aveugle et sourd à un autre sort que le sien, et donc à la tragédie des Gazaouis:

« Les terroristes sont morts. Ton Etat est sauf. La vie peut reprendre son cours. Tu retourneras faire tes courses au supermarché du coin de ta rue, faire ton jogging sur la plage… »

La raison immédiate, le cinéaste la connait, la haine de l’Arabe: « On t’a appris à les haïr… Depuis que tu es né, on t’a appris qu’ils n’ont rien à faire sur cette terre…. »

La raison profonde aussi, le judaïsme: « le même sang que toi, les mêmes prières, le même complexe de supériorité et la même faculté à nier l’existence de l’Autre ». En un mot: « L’humanité a tort et toi tu as raison. »  »Toi », naturellement, c’est le peuple élu.

Sans oublier la raison intermédiaire, le sionisme: « Tes dirigeants réclament avec force la reconnaissance de ton Etat comme Etat juif, au mépris de la diversité culturelle et religieuse qui le compose. »

Après avoir expliqué au « Peuple d’Israël » de quoi il est la résultante, le cinéaste l’avertit: « Peuple d’Israël, j’aimerais te dire qu’on te ment… ton gouvernement te ment… Tes médias te mentent. Tes manuels scolaires te mentent… », et pour finir le met en garde: « Tu n’es plus une victime depuis longtemps… tu es devenu le bourreau… tu es en train de creuser ta tombe. »

Le cinéaste Nabil Ayouch s’aperçoit-il qu’il a écrit là le scénario le plus manichéen de sa vie?

Un remake besogneux au demeurant, puisque De Gaulle avait résumé tout cela en cinq mots: « Un peuple fier et dominateur ». S’ aperçoit-il que sa litanie d’imprécations n’est qu’un recyclage des clichés les plus ressassés de la judéophobie universelle, mis en image par la caricature européenne puis reprise par l’imagerie arabe, sous la forme d’une pieuvre s’emparant du globe avec ses tentacules fourchues?

A trop vouloir forcer le trait, un réquisitoire se fait hommage. Le cinéaste doit le savoir, mais ses passions l’emportent.

Au point de ne pas sentir le cocasse de choisir précisément le peuple juif, pour lui asséner: « Beaucoup de civilisations ont disparu car elles n’ont pas su se regarder. », lui, l’un des rares à s’être maintenu depuis 3000 ans, justement parce qu’il n’a cessé de faire de la remise en question, un sport national.

Pourtant le texte d’Ayouch témoigne de bien d’autres choses:

1) D’abord d’une grande souffrance qui mériterait respect si elle n’était souffrance sélective d’un égo arabe profondément blessé, comme après toutes les guerres déclarées à Israël puis perdues par le monde arabe. Et si surtout on avait entendu le cinéaste élever sa voix par exemple contre les abominations de l’EIIL (l’Etat Islamique en Irak et au Levant): plus d’un millier d’étudiants chiites d’Irak de la faculté de la force aérienne de Tikrit tués l’un derrière l’autre une balle dans la tête, le 15 Juin dernier, et par le même procédé, le 14 Juillet, 270 ouvriers chrétiens, lors de la prise d’un gisement de gaz en Syrie. Sans parler la mise en fuite de tous les Chrétiens de Mossoul…

2) D’une ignorance totale de la réalité arabo-juive d’Israël. Du fait par exemple que Madame Abbas se fait soigner à Tel Aviv, la nièce d’Hanieh à Jérusalem, que ses trois sœurs sont israéliennes, et que des centaines de nourrissons palestiniens se font chaque année opérer du cœur en Israël. Du fait aussi qu’au moment où j’écris des centaines de familles arabes et juives de Jaffa mangent des brochettes sur le gazon du Front de mer, tandis que des centaines de soldats arabes et druzes se battent contre le Hamas.

3) Enfin ce texte est une nouvelle illustration des mécanismes de la pensée dominante qui prévaut dans le monde arabo-musulman, dont j’ai tenté par ailleurs de décrire les principales figures: déni du réel, bouc-émissairisation, et idéalisation de soi sous la forme d’une nostalgie (d’un passé forcément glorieux).

Aussi n’est-il pas étonnant que parmi les 1207 mots de ce texte, on ne trouve ni guerre, ni Hamas.

Tsahal qui a déjà perdu à ce jour plus de 60 soldats, se battrait-il contre des Djinns?

Si le Hamas, sa charte, sa judéophobie enracinée dans les textes sacrés de l’islam, ses chefs, son Etat voyou et totalitaire, sa barbarie, ses médias, son armée de 20.000 hommes surentraînés, parmi lesquels plus d’un millier d’enfants, n’existent pas, alors oui les milliers de prisonniers et de tués, ne sont que des civils, forcément innocents. Logique.

Seuls existent le « MONSTRE », Israël, et face à lui, un peuple-enfant orphelin, « le-peuple-pa-les-ti-nien ». Imparable.

Ce déni du réel, justifié par l’ignorance ou l’absence de liberté d’expression, confine pourtant à la malhonnêteté intellectuelle lorsque l’on habite en France, qui plus est à l’ère d’internet. Pourquoi Ayouch inverse-t-il la chronologie, procédé très courant dans l’historiographie arabe, sinon pour transformer un agresseur en victime…?

Ayouch doit urgemment écouter Hanina, cette ingénieure palestinienne réfugiée, sur France Info!

Car nul n’est censé ignorer que:

– Israël n’a usé de son droit de légitime défense, qu’à partir du 200e missile. Près de 3000 à ce jour, ciblant 70% de la population israélienne, Juifs et Arabes, ces derniers n’étant pas plus épargnés que les Juifs…).

– Depuis presqu’une décade, le Hamas s’est lancé dans une des plus grandes entreprises terroristes que l’humanité ait jamais connue, la construction de centaines de tunnels aboutissant en territoire israélien, et destinés le jour  »J » à permettre une grande tuerie des populations civiles environnantes (La technique des tunnels n’est pas nouvelle. C’est son utilisation contre les populations civiles qui l’est. Les Vietnamiens, eux, en avaient fait un instrument de lutte uniquement contre des armées).

Tunnels partant de domiciles privés ou de bâtiments publics, et même de cliniques de l’ONU.

– Des écoles de l’ONU, des mosquées, des hôpitaux, servent tout à la fois d’entrepôts d’armes, de rampes de lancements, de centres de commandement et de boucliers humains. (Ne rater à aucun prix ce reportage de France 24!).

– Des journalistes palestinien et étrangers, une fois qu’ils ont quitté Gaza, révèlent qu’ils ont été les otages du Hamas, soit terrifiés soit menacés . Et même que le bombardement de l’hôpital Shifa fut le fait du Hamas, ses miliciens « vus en train d’enlever les débris d’obus ».

Certes le Hamas n’existant pas, l’homme d’image qu’est Ayouch ne pouvait s’étonner de l’absence d’images de ses combattants dans toutes les TV du monde. Reconnaissons qu’il a quand même eu la décence de ne pas reprendre à son compte les deux clichés en tête du hit parade médiatique, « blocus » et « Gaza-prison-à-ciel-ouvert ». Difficile, certes, à présent que l’on évalue le stock de missiles à près de 20.000, et que l’on sait à quoi ont servi les milliers de tonnes de matériaux de construction détournés…

Et il ne pouvait arriver à Ayouch que ce qu’il arrive à tous ces intellectuels du monde arabe, qui, impuissants à bousculer les tabous fondateurs, se refusent à dire la réalité. Il ne leur reste plus alors qu’à projeter sur l’Autre sa propre responsabilité, mais aussi ses propres tares (teigneux, hideux, haineux, vaniteux, oublieux, monstrueux, consumériste, colonialiste, etc…). Comme chacun le sait, le monde arabe n’est pas judenrein, et en Israël, le cinquième de la population n’est pas arabe.

Tares qui sont celles de tous les totalitarismes et donc du monde arabo-musulman: absence de liberté d’expression, presse bâillonnée, historiographie trafiquée, mensonge, double discours, déliquescence, persécutions de toutes les minorités, sexuelles ou spirituelles, haine anti-juive, sauvagerie. Chaque citoyen arabe peut donner des quantités d’exemples.

A la décharge d’Ayouch, il a un ancêtre tutélaire prestigieux, un des intellectuels les plus raffinés du monde arabe, chrétien arabe palestinien; de mère libanaise, ayant vécu aux USA depuis l’âge de 15 ans, Edward Saïd.

Sa technique consistait à culpabiliser l’Occident. Plus habilement que par son bras armé, l’Occident coloniserait le mental arabe par l’image orientaliste qu’il lui renvoie. Victimes du regard de l’Autre, les Arabes pour s’en libérer, n’auraient plus qu’à changer ce regard. Non la réalité. Subtil!

Moins connue, mais non moins cinglante, fut la réfutation* du philosophe égyptien Fouad Zakariya: « Si nous (les Arabes) rejetons le regard orientaliste, c’est d’abord parce qu’il lève ce voile protecteur… Ces vérités, quel que soit le mobile de ceux qui mettent le doigt dessus, ont beau nous faire mal, nous ne nous relèverons pas tant que nous refuserons de les voir… L’orientalisme désenchante l’histoire des sociétés musulmanes et orientales en général. Il fait de l’histoire islamique une histoire profane produite par de simples mortels… ».

S’étant abstenu d’analyser le lait tété jusqu’à aujourd’hui par les intelligentsia arabes, l’islam et sa version laïque le nationalisme arabe, s’étant gardé de déconstruire leur postulat commun d’une Oumma mohammedienne parfaite, le saïdisme, loin d’être une idéologie de la libération, ne pouvait être qu’une technique visant à repolir un narcissisme constamment fissuré par une réalité certes impitoyable.

Et cette technique, concédons-le lui, Nabil Ayouch en use avec talent: en témoigne son gémissement lunaire et victimaire que lui arrache la nouvelle confrontation entre la branche palestinienne des Frères musulmans et Israël…

« Peuple d’Israël, lève-toi! », titre avec aplomb le cinéaste franco-marocain de mère juive, né à Paris, ayant toujours vécu en France (on soigne comme on peut son complexe de dhimmi).

Ne voulait-il pas dire plutôt « Peuple arabes, levez-vous! »?

Il serait temps. Non plus pour faire la guerre aux Juifs, mais pour enfin leur procurer ces bonheurs tout simples, comme Ayouch le laisse échapper: « faire ses courses, faire son jogging, rejoindre ses amis, défiler à la Gay Pride, puis retourner étudier, bâtir son avenir, aller dans les meilleures écoles, faire l’armée, voyager, travailler, vivre, mourir etc, etc… ».

Vivre quoi!

Jean-Pierre Lledo

Cinéaste d’Algérie, essayiste

Jean-Pierre Lledo, né en 1947 à Tlemcen, est originaire d’Algérie depuis 26 siècles par sa mère juive, et depuis quatre générations par son père d’origine espagnole. Il a dû quitter l’Algérie en 1993, face aux menaces islamistes. Réalisateur de cinéma, ses derniers films sont tous consacrés à l’échec du rêve d’une Algérie indépendante et multiethnique. Son dernier film Algérie, histoires à ne pas dire a été interdit en Algérie en 2007, et le demeure. Les Editions Colin ont publié ses deux derniers livres sur le Monde arabe :

‘’La Révolution démocratique dans le monde arabe, Ah ! si c’était vrai’’ (2012),

‘’Le Monde arabe face à ses démons, Nationalisme, Islam, et Juifs’’ (2013).,

HUFFINGTON POST
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DANIELLE

Pardon je n’avais pas vu qu’elle était en français parce qu’on me l’a adressée aussi en anglais et j’avais confondu le site, mais cela ne change rien à mes arguments.

DANIELLE

Vous nous demandez de signer une pétition pour crime de guerre contre le Hamas à l’égard du peuple palestinien.

Nous ne pouvons pas signer une pétition qui n’est pas rédigée dans notre langue (français ou autre), de plus qui est à l’origine de cette pétition ?

Même si c’est très honorable, je préfère passer en priorité mon peuple Israel que l’on incrimine de par le monde pour sa démocratie, que l’on guette au moindre faux pas, en somme que l’on continue de persécuter politiquement, financièrement et intellectuellement par le boycott.

André

Classique inversion accusatoire. Ce texte grotesque ne mérite qu’un haussement d’épaule.

Me Michel CALVO

Je vous informe d’une pétition qui circule.

LA PETITION –

http://takeapenglobal.com/les-dirigeants-du-hamas-doivent-etre-juges-pour-crimes-de-guerre-et-pour-crimes-contre-lhumanite/

PETITION : Les dirigeants du Hamas doivent être jugés pour crimes de guerre et crime contre l’humanité !

Nous souhaitons que les Nations Unies et le monde s’exprime à ce propos.
Comme vous le savez le Hamas est une organisation terroriste et reconnue comme telle par les Etats Unis et l’Union Européenne, mais jusqu’à ce jour, personne n’a pensé demander à poursuivre ses dirigeants pour ces infractions pénales. Aujourd’hui il est temps de le faire.

C’est pourquoi je vous demande de signer cette pétition et de la faire connaitre à vos amis et connaissances.

Nous devons dépasser le nombre de 1.000.000. Il doit bien y avoir un million de personnes dans ce monde qui oseront s’exprimer et demander que Justice soit faite.

Nous comptons sur vous!

Endre Mozes
Et
Michel Calvo