FIGAROVOX/ANALYSE- Le politologue Marc Crapez analyse les résultats des municipales. Selon lui, il faut relativiser les résultats du Front national comparables à ceux de 1995.Aucun indicateur ne confirme les pronostics de chambardement de la vie politique française à l’occasion de ces élections.

Il ne s’est rien passé. Pas de montée spectaculaire du FN: les résultats sont comparables à ceux des municipales de 1995.

Pas de poussée de l’abstention conjoncturelle: la courbe est structurelle depuis 30 ans.

Pas de hausse du vote blanc, pourtant médiatisé par un projet de comptabilisation.

Pas de traduction électorale des antis-mariage gay ou des bonnets rouges.

On nous avait pourtant prédit la bérézina pour le PS, une UMP incapable d’incarner une alternative et un Front national à 25% minimum.

Beaucoup de bruit pour rien.

Les 20% de sondés qui soutiennent le PS ont confirmé leur choix dans l’isoloir, en donnant une proportion de 20% du corps électoral exprimé en faveur de la majorité présidentielle. Socle maigre, mais solide et suffisant.

Parallèlement, l’UMP se refait une santé: ce n’est peut-être pas une adhésion, mais c’est du moins un vote de raison.

● Aller à l’idéal et comprendre le réel

Côté PS, quelques voix s’alarment de la fuite des catégories populaires. Mais le mot d’ordre est d’interpréter le message des électeurs comme réclamant «plus de justice et plus d’efficacité».

Autant dire plus de gauche et plus de droite. Une fois de plus, le PS camoufle ses contradictions doctrinales derrière un discours démagogique et sirupeux.

La déclaration de principe qui tient lieu de charte à ce parti ne reprend-elle pas la formule évasive de Jaurès: «aller à l’idéal et comprendre le réel»?

Cajoler l’électeur donc, mais tirer son épingle du jeu.

Et ne pas affronter l’antinomie entre les promesses de réduction des inégalités sociales et d’accroissement des libertés publiques.

Côté FN, c’est le grand malentendu. Même délesté, dans ce scrutin municipal, de sa proposition la plus aléatoire, la sortie de l’euro, ou la plus contestée, la préférence nationale, les résultats sont fort médiocres.

Surtout si l’on songe à des épisodes où les Français furent forcés de boire le calice jusqu’à la lie, comme l’affaire Leonarda, qui était censée pousser de nouveaux électeurs dans les bras de ce parti.

Mais certains électeurs de droite, qui avaient voté «un petit coup» FN dans les années 80, sont devenus des retraités sagement UMP.

● Gestion de bon père de famille

Isolé, le FN ne conquiert des mairies quasiment que dans des cas spécifiques: candidats «dés-extrême-droitisés» et médiatisés (Robert Ménard, après Gilbert Collard aux législatives) ou opposés à des communistes à bout de souffle (à Villeneuve-Saint-Georges, après Brignoles à une cantonale partielle) ou encore opposés à des systèmes socialistes vermoulus (à Hénin-Baumont).

Pour le reste, il n’y aura environ, dans les communes françaises, qu’un conseiller municipal FN pour 400 conseillers municipaux d’autres familles politiques.

Autant dire que le FN passe à côté de son rôle historique: celui d’être la mauvaise conscience de l’UMP et de l’obliger à se réformer en la tirant dans un sens de fidélité à ses origines.

Il fut un temps, en effet, où un politologue définissait le politicien de droite comme celui qui «rougirait de promettre ce qu’il sait ne pouvoir tenir».

Dans les années 1970, le maire RPR ou UDF se voulait économe des deniers publics et ne subventionnait pas inconsidérément l’emploi parapublic et associatif.

A l’inverse, les hommes politiques du Modem, de l’UDI, voire parfois de l’UMP, déversent des subventions pour acheter la paix sociale.

En promettant une baisse des impôts locaux par une gestion de «bon père de famille», Marine Le Pen rompt avec sa démagogie antilibérale, pour occuper le créneau libéral de l’anti-gabegie qui était jadis celui de la droite.

Mais cette posture à front renversé ne sera guère lisible. L’UMP restera influencée par une UDI qui, en dépit de personnalités de valeur, a troqué l’héritage de Raymond Barre pour la démagogie électoraliste.


Le FN ne soustraira pas l’UMP à l’influence de l’UDI, pour peser sur la droite, en la ramenant vers ses fondamentaux historiques.

Il échouera dans ce rôle d’aiguillon anti-corruption que jouent des élus écologistes vis-à-vis de la gabegie socialiste dans certaines instances locales.

Marc Crapez/ Figaro Vox Article original

Marc Crapez est chercheur en science politique associé à Sophiapol (Paris-X). Son dernier ouvrage, «Un besoin de certitude» a été publié chez Michalon.

Vous pouvez également retrouver ses chroniques sur son site. Article original

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Armand Maruani

{{Seuls avec leur conscience les citoyens une fois dans l’urne reprennent leurs esprits en fuyant l’aventure .}}

{{En effet , les images de l’histoire défilent cruellement .}}

poid lourd

Bonsoir et bonjour, dans cet article il y a une phrase qui attire mon attention: » comprendre le réel ».
Parlez moi du réel qui est le vôtre, expliquez le dans les détails pour qu’il me soit possible de comprendre les « limites » à ce réel qui est le vôtre. Si vous avez des notions solides d’une science qui est la cosmologie alors nous pouvons envisager une conversation; si vous avez une « vue correcte de vôtre « vacuité » nous pouvons discuter, dans le cas contraire parlez aux murs qui sont derrière moi.
Explications: le « réel » c’est écrire la « réalité »qui n’est pas accessible aux sens de perception qui sont les nôtres; pour et dans le détail: nos yeux ne perçoivent que 4% de la totalité du spectre électromagnétique, nos doigts perçoivent uniquement ce que nous pouvons « toucher », nôtre langue perçoit et capte les « gouts » qu’elle peut appréhender, nos oreilles rien d’autre que le son qui leur parvient. Quand à nôtre langue et pas le langage elle prépare l’introduction suivante:.
La « réalité » des choses c’est la « vérité » et ce préambule me parait aussi salutaire qu’indispensable: » ne pas avoir conscience d’une chose, n’empêche pas celle-ci d’exister ». La sagesse est d’abord de ne pas parler et encore moins d’écrire sur un sujet dont ont ne connait rien et dont on maitrise encore moins que rien, ce qui implique de devenir un « pas grand chose » du genre un déchet de l’histoire avec un grand H.
La réalité comme la vérité sont d’abord deux mots qui désignent une seule et unique chose dont vous n’avez pas conscience et qui n’empêche pas celle-ci d’exister; en tout état de cause il ne s’agit pas de vôtre pouvoir d’achat, en vous précisant que certaines choses ne sont pas à vendre.
La « vérité » comme la réalité » n’est rien d’autre qu’un miroir tombé de la main de D.ieu; quand il a percuté le règne minéral il s’est brisé et s’est fragmenté, chaque être humain peut en trouver un morceau et le ramasser, l’erreur humaine consiste à enfermer ce « fragment » dans un cadre pour idolâtrer ce cadre comme ce qui est à l’intérieur de celui-ci pour mépriser tout ce qui se trouve en dehors de celui-ci; le ciel et la terre. Il résulte de ce qui précede que ceux qui prétendent détenir la vérité et en être les gardiens tout en imposant par tous les moyens une vision aussi rigoriste que « primaire » d’une vérité dont en fait ils ne connaissent « absolument » rien; sont les monarques les plus dangereux de nôtre monde et le pire c’est qu’ils ne le savent pas et qu’ils refuseront de l’admettre. Les gens les plus dangereux sont pleins de ces certitudes qui sont aussi fausses qu’incomplètes.
Ce bruit de bottes qui de la France à la Crimée résonne à nos oreilles comme à nos conscience n’est pas vraiment là pour rien, nous devons savoir dès à présent que le monde idéal dont nous rêvions ne sera jamais depuis que le grand public a eu les révélations suivantes: Auschwitz, Tréblinka; Maïdanek; Sodibor et combien d’autres encore.
Bénie soit cette liberté retrouvée qui me permet d’écrire ces lignes. Bénis soyez vous qui les lisez jusqu’au bout.
Hag saméhah Pessah a toutes et tous.