Marseille : un candidat juif menacé de mort

« Colistier du PS Christophe Masse dans les 11ème et 12ème arrondissements de Marseille, Hagay Sobol a dû déposer plainte, hier, contre deux personnes qui le harcèlent et le menacent, lui et sa famille, par Internet ou sur son téléphone. Généticien du cancer à l’Institut Paoli-Calmettes, il s’était présenté sans succès, face à Zvi Amar, lors des élections à la Présidence du Consistoire israélite de Marseille, en 2011. Parmi les menaces les plus inquiétantes qu’il a reçues, figure un post Facebook où on le traite :

« d’immonde collabo avec le parti de l’antisémitisme et de l’anti-France . Une fois ces élections finies, l’éternel (sic) se chargera des traîtres comme vous ». Bonne ambiance ». La Provence.

L’homme qui a eu accès au compte Facebook et à son n° de tel, pour envoyer des SMS de menaces, prétend être un militant centriste qui se fait appeler « Simon Hanavi ».

La terminologie des messages reçus flirte avec celle de l’extrême-droite, mais d’un genre particulier : les individus qui menacent Hagay Sobol et sa famille, en espérant, en quelque sorte, que « l’E.ternel » ferait le « sale boulot » à leur place -comble de l’interdit de prononcer Son Nom en vain-, outre qu’ils attaquent « en traîtres », c’est-à-dire, sous le couvert lâche de l’anonymat, se revendiquent « Juifs ». Ils ne le sont pas forcément, mais ce masque leur permettrait de donner un vernis de « crédibilité » à leur appel au meurtre d’un adversaire politique, lors d’une campagne municipale. Ils sont « du bon côté », celui des « victimes » d’actes antisémites ou antiblancs, anti-France… Et ils accusent H. Sobol d’être, en quelque sorte, leur « bourreau », du seul fait des idées qu’il véhicule.

En mettant la cause de l’antisémitisme en avant, dont le PS local serait « coupable » à leurs yeux, sur le plan local et national, – avant celle de la France-, ces criminels, selon la loi, prétendent agir au nom d’une juste cause collective qu’ils salissent.

Aucune institution ni aucune personne morale engagée dans cette lutte ne saurait justifier d’un appel au meurtre. Ces soi-disant « plus Juifs que moi tu meurs » (qu’ils le soient ou pas, en réalité, mais prenons-les au mot) sont de dangereux extrémistes, qui passent outre tous les codes et règles de vie en démocratie pour donner libre cours à leurs instincts meurtriers.

On a parfaitement droit d’être opposé au programme que défend Hagay Sobol, libre de penser que la gauche a plus favorisé l’immigration – et donc l’antisémitisme qui en émarge – en la bonne ville de Marseille, que JC Gaudin, de droite, qui y est aux affaires depuis 1995. Il y a simplement un cap à ne jamais franchir en politique : celui de confondre adversaire et ennemi à abattre. Et c’est, de surcroît, au sein d’un groupe minoritaire, comme la communauté juive, incompatible avec toute éthique, de prendre l’un des siens pour cible et de souhaiter sa mort et celle de toute sa famille, au motif qu’il ne pense pas comme soi. C’est bien connu : deux Juifs, trois opinions.

Paradoxalement, voilà où nous en sommes de la « dédiabolisation » d’un certain parti, le FN : alors qu’il ne serait plus considéré comme foncièrement antisémite, il peut se permettre, avec les courants soraliens, d’être parfaitement « antisioniste ». Ce parti ou les courants interlopes qui l’entourent et le renforcent, peuvent aussi servir de « valeur-refuge » à certains Juifs ou assimilés, pour donner libre cours à leur désir de voir tomber certains coreligionnaires ne partageant pas leurs idées et de les condamner virtuellement à mort. Après avoir « fait sauter le tabou » de l’antisémitisme, dans les années 80-2000, on peut, sous cette appellation, libérer ses pulsions et mauvais penchants.

Les Alterjuifs d’extrême-droite , ceux qui ont recours à ce genre de méthodes d’intimidation en espérant faire mouche et abattre le cadre conflictuel de l’expression démocratique, ne sont pas plus fréquentables que les Alterjuifs d’extrême-gauche , qui défilent avec leurs amis d’Europalestine ou appellent au boycott d’Israël. Ils pratiquent le même travail de sape : celui de liquider tout espace communautaire où les affrontements d’idées peuvent se donner libre cours, parce qu’on sait que l’appartenance à un même groupe ou peuple garantit, sauf exception –qui, alors, s’en retranche- les conditions de l’unité, le droit d’être soi-même et de faire avancer librement sa propre interprétation de l’histoire commune, sans être rejeté ou condamné par le reste du groupe identitaire.

Ces néo-Français juifs ou nouveaux « Israélites » (au sens années 1930) de complaisance envers les idées et comportements extrêmes sont pain béni pour leurs nouveaux amis soraliens. Ce sont aussi les complices objectifs des pires Jihadistes qui ne rêvent que de parvenir aux mêmes fins. Difficile, pour eux, de prétendre qu’en agissant de la sorte, ils ne sont ni « antisémites », ni engagés dans une forme quelconque de « collaboration », comme ils savent si bien le dire de leurs adversaires-ennemis viscéraux.

Nous manifestons, en tout état de cause, tout notre soutien, dans cette épreuve morale, à Hagay Sobol et sa famille, en espérant que ces délinquants seront très rapidement appréhendés par les autorités compétentes et déferrés devant la Justice, où ils auront, sanction à la clé, tout loisir de méditer ce que leur réserve « l’E.ternel ».

Marc Brzustowski, pour JForum.fr