La presse européenne et américaine s’indigne jeudi de la dispersion sanglante des manifestants pro-Morsi en Egypte, déplorant un « terrible retour en arrière », et demande à Washington de faire pression pour mettre fin aux violences.

A Londres, The Times juge que « la légitimité du régime de transition ne tient plus qu’à un fil » après les violences de mercredi, qui ont fait des centaines de morts.

« C’est un massacre. Les Frères musulmans n’ont pas été irréprochables dans cette période d’anarchie sourde depuis leur éviction du pouvoir mais l’opération d’hier était complètement disproportionnée », juge le Times.

Alors que ce bain de sang plonge le gouvernement américain dans l’embarras après son soutien de facto au renversement du président islamiste Mohamed Morsi, le quotidien britannique appelle Washington à agir, en « repoussant la livraison d’avions de chasse F16 et les fonds promis l’année dernière à des fins civiles ».

« Un consentement silencieux serait interprété dans le monde musulman comme un soutien tacite », indique le journal.

Le New York Times, pointant le risque de guerre civile, va plus loin, en appelant Barack Obama à suspendre son aide militaire annuelle de 1,3 milliard de dollars (980 millions d’euros) à l’Egypte.

« Les généraux égyptiens ont démontré clairement qu’ils n’ont aucune aptitude et visiblement peu d’intérêt pour ramener leur pays vers la démocratie« , estime le journal dans un éditorial.

Soulignant les décennies de soutien américain à l’ancien président Hosni Moubarak, poussé à la démission par une révolte populaire, le journal estime qu' »il est grand temps pour M. Obama de commencer à corriger ce déséquilibre ». « Suspendre l’aide à l’armée égyptienne antidémocratique serait une bonne façon de commencer », juge-t-il.

« La démocratie égyptienne décède d’une mort violente », assène le Financial Times dans son éditorial, indiquant avoir aussi « perdu confiance à la fois dans la volonté et la capacité des militaires à amener l’Egypte vers des élections libres ».

Washington devrait suspendre son aide à l’Egypte « jusqu’à ce que les violences s’arrêtent et que toutes les parties se mettent à table pour parler. La libération de M. Morsi doit être discutée », ajoute le quotidien.
Le FT accuse également les Frères musulmans, leur reprochant d’avoir « refusé toute offre de négociation », et appelle la Turquie et le Qatar à accroître la pression sur le mouvement pour trouver une solution politique à cette crise.

En France, Le Monde déplore un « terrible retour en arrière », soulignant « la mise en place du pire symbole des années Moubarak : l’état d’urgence, en vigueur pendant les trente ans de règne de l’ex-raïs, qui a été réinstauré pour une durée d’un mois ». « C’est une négation de tous les acquis de la révolution de janvier 2011 », juge le journal.

Même sombre constat du côté du Berliner Zeitung: « La brutalité utilisée par la police égyptienne, appuyée par l’armée, contre les partisans du président déchu Mohamed Morsi semblent confirmer les pires craintes: le renversement de Morsi par l’armée et le ministre de la Défense al-Sisi ne constitue en rien un nouveau départ pour la démocratie ».

« L’objectif est plutôt d’aider les forces autoritaires de l’ancien régime (de Moubarak) à récupérer le pouvoir », juge le journal allemand.

AFP

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires