Éducateur spécialisé, Guershon Nduwa préside la « Fraternité judéo-noire » qu’il a fondée en 2007. Originaire du Congo, ce polyglotte voyageur et ouvert à autrui évoque la situation délicate des Juifs noirs en France.
Primo : Bonjour Guershon, tout d’abord, quel est votre parcours ?

Guershon Nduwa : Je suis né au Congo, dans une famille animiste de la tribu Pende, majoritaire au Sud du pays. Mon père était diplomate.

La question de l’ouverture à l’autre m’a habité dès mon plus jeune âge. Enfant, je n’avais jamais rêvé du judaïsme. En Afrique, la connaissance du judaïsme n’est pas profonde.

La conversion y est compliquée : il faut au moins trois rabbins. Et Israël naissant a inspiré de nombreux pays africains. J’ai étudié la psychologie au Cameroun de 1982 à 1988.

Primo : Comment est né votre intérêt pour le judaïsme ?

Guershon Nduwa : Cela date de ma rencontre en 1986, à Yaoundé, avec le rabbin et philosophe Léon Ashkenazi (Manitou), un ami du président du Cameroun, Paul Biya.

Manitou effectuait des séjours annuels au Cameroun, y parlait à la télévision de l’ouverture à l’autre et de la vision juive. J’ai été marqué par son discours

sur le judaïsme. Je croyais que tous les juifs étaient comme lui. Mon intérêt pour le judaïsme s’est concrétisé par un séjour en Israël.

Je travaillais au ministère de la Coopération du Congo quand j’ai eu connaissance d’une offre de bourse d’étude dans le domaine agricole en Israël. J’étais le seul postulant.

J’étais intéressé par l’agriculture, les kibboutzim dont des membres formaient de jeunes Africains. Je suis arrivé en Israël en décembre 1988.

J’ai appris l’hébreu en six mois à l’université hébraïque de Jérusalem. J’ai suivi aussi les cours de civilisation hébraïque du professeur Yeshayahou Leibowitz. Les bourses africaines sont irrégulières.

Après un an en Israël, j’ai affronté des problèmes financiers. J’ai déménagé de Jérusalem pour m’installer à Tel-Aviv, et j’ai trouvé divers jobs pour survivre.

Primo : Comment était Tel Aviv à cette époque pas si lointaine ? On parle de cette ville comme étant cosmopolite.

Guershon Nduwa : A Tel-Aviv, j’habitais rue Tshilenov. C’est un vieux quartier au Sud de la ville. De nombreux Africains y vivent, originaires d’Ethiopie, du Ghana, du Congo, de Côte-d’Ivoire, du Nigéria. On y croise aussi des Chinois. Je me sentais à l’aise dans ce quartier.

Primo : Cela ne correspond pas à la description de capitale d’un pays raciste, comme se plaisent à le décrire certains médias ?

Guershon Nduwa : En effet ! Je me suis rendu compte que l’image d’Israël véhiculée en Afrique par des médias et des hommes politiques – « pays raciste » – ou par la propagande islamiste – diabolisation de l’Etat juif – était en décalage par rapport à la réalité que j’observais. Je me suis converti au judaïsme.

Primo : Itinéraire curieux, disons peu habituel !

Guershon Nduwa : C’est tout simplement l’aboutissement de ma démarche spirituelle, et ce, malgré les embûches. Le processus de conversion a duré deux ans en Israël.

Le Beth Din israélien, qui m’avait bien accueilli, m’a envoyé effectuer un travail bénévole à mi-temps dans une maison de retraite de la Wizo à Tel-Aviv. Un rabbin m’encadrait dans ce lieu, me donnait des cours intensifs de judaïsme. J’ai ensuite été embauché par les dirigeants de cette maison.

Primo : Est-ce que cela a posé des soucis avec votre entourage lorsque vous étiez en Afrique ?

Non, je n’ai pas eu de problème avec ma famille, qui a bien sûr noté des changements dans mes habitudes culinaires (rires).

Je fréquentais la communauté juive locale, dont beaucoup venaient de Grèce et d’Egypte et d’autres étaient nés en Israël. Dans les années 1990, cette communauté comptait environ 450 fidèles, aujourd’hui il y en a environ 300. Il y a beaucoup d’enfants issus de mariages mixtes et parmi ceux-ci, un chef du gouvernement, Kengo wa Dondo. Le rabbin de cette communauté juive congolaise, Eliahou, était fier de moi.

Le centre communautaire de Kinshasa a un fort rayonnement et il est très actif. On m’a alors proposé alors d’aller travailler au Brésil.

Primo : Et vous y êtes parti ?

Guershon Nduwa : Oui, en 1991, je me suis rendu à Recife. J’y ai travaillé pendant deux ans avec les enfants des favelas. Puis, je suis venu en France où, depuis 1998, j’œuvre comme éducateur au sein de Médecins sans frontières. J’effectue encore des séjours réguliers en Israël. J’y ai été adopté par une famille d’Akko (Saint Jean d’Acre).

Et c’est en Israël que j’ai connu Maurice Dorès qui m’a interviewé pour son film Black Israël.

Primo : Afrique, Brésil, Israël…un parcours atypique pour le moins. Comment s’est passé votre premier contact avec la communauté juive française ?

J’ai fréquenté plusieurs synagogues à Paris, principalement dans le XVe arrondissement de la capitale où je vivais. Mais je ne me retrouvais pas dans la distinction « ashkénazes/sépharades ». J’ai découvert les clivages : les synagogues des Marocains, celles des Tunisiens, etc.

Dans une synagogue du XVe arr., lors d’une séouda, un fidèle a jeté par terre le gâteau que j’étais en train de savourer et s’est exclamé : « Vous venez ici pour manger ! »

Le rabbin et les autres fidèles de cette synagogue ont réagi avec colère à l’égard de cet individu.

J’ai alors compris qu’il y avait un problème en France. La Fraternité judéo-noire, que je préside, veut que les Juifs de France suivent l’exemple du B’nai Brith (BB) de France où le respect de la différence mélanique est acquis. Je fais moi-même partie du BB et je me dis souvent : Pourquoi ne serait-ce pas ainsi ailleurs ?

Primo : Quels sont les combats que vous voulez mener ?

Guershon Nduwa : A Paris, je fréquente des Juifs et des Noirs. J’ai découvert très tôt que des extrémistes semaient la haine au sein de la communauté noire.

Vers 1994-1995, près du square du Châtelet, quelqu’un m’avait donné un tract comportant une invitation du « délégué de Farrakhan en France » à une réunion.

J’ai assisté à cette soirée par curiosité, pour savoir ce qui s’y disait… Il y avait là une vingtaine d’individus. Je me suis rendu compte que la Nation de l’islam s’implantait en France.

Dans des réunions similaires, on parlait de Dieudonné. Le discours dominant se résumait en un combat contre les Juifs, en des préjugés et des propos biaisés sur la question palestinienne.

Primo : Le fondateur de la tribu KA, son amitié opportuniste avec Dieudonné, tout cela, vous l’aviez vu avant tout le monde.

Guershon Nduwa : J’ai compris qu’un danger se profilait. Un danger dont la communauté juive française n’avait pas alors pris la mesure. Je n’ai donc pas été étonné quand les médias ont évoqué les procès pour diffamation intentés contre Dieudonné M’Bala M’Bala.

Primo : Quelle a été votre réaction immédiate, instinctive ?

J’ai alerté certains dirigeants communautaires. J’ai aussi décidé d’être plus actif. J’ai milité au sein de l’association JUAF (Juifs africains) fondée par le philosophe burkinabé, Abdoulaye Barro.

Primo : Aujourd’hui que pouvez-vous nous dire sur l’antisémitisme de certains Noirs et sur le racisme chez les juifs ?

Guershon Nduwa : La communauté noire française subit au quotidien des actes racistes et est victime de préjugés.

L’antisémitisme de certains de ses membres s’explique, selon moi, par leur volonté de trouver un bouc-émissaire.

Quant à la communauté juive française, elle ne se résout pas à accepter l’injustice dans la société nationale. Certains de ses membres deviennent ainsi des proies faciles soit par leur proximité géographique, soit par leur attitude généreuse consistant à tendre la main à celui qui souffre.

Le gang des Barbares, ces bandits qui ont assassiné notre frère Ilan Halimi, en est une illustration. La facilité avec laquelle cette tragédie est survenue a révélé que la victime avait une approche innocente à l’égard de ceux qui sont devenus ses bourreaux.

Je suis très bien accueilli au sein de la communauté noire. Beaucoup de Noirs ne connaissent pas très bien le judaïsme. Certains musulmans ont des préjugés à l’égard des Juifs. Je dialogue avec eux pour combattre les stéréotypes. Et mon message passe très bien.

Une petite difficulté perdure dans le monde antillais, qui partage une partie des préjugés millénaires à l’égard des Juifs. Mais ce n’est qu’une petite minorité.

Primo : Pourquoi avez-vous créé la Fraternité judéo-noire (FJN) ?

Guershon Nduwa : J’ai d’abord créé l’Amitié judéo-noire en 2004. C’est une association qui vise à renforcer les relations entre les deux communautés, juive et noire. Mais très vite, j’ai eu le sentiment d’être le nègre de service auprès de certaines institutions juives.

Au début, j’étais étonné de voir que les non juifs de AJN participaient à des réunions. En grattant un peu plus, je me suis rendu compte de la supercherie. J’ai quitté immédiatement.

J’ai alors fondé l’association communautaire, la Fraternité judéo-noire en 2007 pour poser la question, la « mahloket » sur les Juifs Noirs en France : faut-il être blanc pour être Juif ? Quelle est la place des Juifs noirs dans la communauté juive française ?

Primo : Pour quelqu’un qui est extérieur à tout cela, c’est un peu étrange. Juif et noir, ou blanc, ou jaune, est-ce si important ?

Guershon Nduwa : C’est très important car il s’agit des personnes de confession juive avec une proximité épidermique (couleur de la peau, ndlr Primo), généralement évaluée à moins de 5% de l’ensemble des juifs de France.

Composée essentiellement de Français et d’étrangers d’origine non européenne (ressortissants de la France d’outre-mer et migrants subsahariens, ainsi que leurs descendants nés dans l’hexagone).

À l’évidence, la proximité épidermique ne signifie a priori ni convergence d’intérêts ni similarité des vues ni connivence naturelle au sein de cette population, comme dans l’ensemble de la population concernée.

A contrario, si les différents segments qui la traversent peuvent se chevaucher dans certaines circonstances sociales (à l’occasion des offices religieux par exemple), ils ne s’ignorent pas moins superbement pour autant dans la vie quotidienne.

Et on parle volontiers des juifs venus d’Algérie notamment de Constantine, de Tunisie (Souss), du Maroc (Meknes) ou de Pologne, mais dans le judaïsme, il n’y a pas que ça.

Primo : Cette tension entre couleurs de peau ou apparences ethniques semble vous préoccuper. La communauté juive, je vous repose la question, est-elle traversée par des courants « racistes » ?

Guershon Nduwa : En effet, j’avais constaté sur ce thème un silence général dans la communauté juive, toutes sensibilités confondues : consistoriale, Loubavitch, libérale, massorti.

L’objectif de la FJN est de renforcer les liens entre Juifs, Noirs et Blancs, en France et en Israël. La FJN s’inscrit dans les plus nobles valeurs de la tradition juive.

Cherchez dans la Torah, vous ne trouverez aucune trace qui justifie une quelconque discrimination. La Torah est pour nous un gage et le fondement de l’acceptation de l’autre dans le judaïsme.

J’ai réuni une cinquantaine de dossiers de Juifs noirs victimes d’exclusion ou de propos désagréables dans la communauté. Ces personnes vivent cette situation très douloureusement.

Ce silence général sur ces problèmes m’inquiète. Les Juifs noirs vivent en France.

Primo : Il ne s’agit pas de faire un recensement, ni de compter les troupes. Mais avez-vous quand même une petite idée de ce que cela représente ?

Guershon Nduwa : Dans toute la France, l’évaluation est difficile à faire. Par contre, en Ile-de-France, la journaliste Olivia Cattan en évalue le nombre à 250 familles.

Primo : Existe-t-il une identité juive noire française ?

Guershon Nduwa : C’est le regard de l’autre qui fait de moi un Juif noir car je ne me réveille pas tous les matins en me disant que je suis un Juif noir. C’est aussi le regard de l’autre qui fait de moi un « rien ».

On trouve plusieurs composantes à cette identité : l’attachement à la Torah, au peuple juif et à l’Etat d’Israël. Am Israel Haï !

Primo : Vous songez à créer une synagogue pour accueillir les Juifs noirs. Est-ce une solution ou un pis-aller, un choix ou l’effet d’une situation subie ? Est-ce que cela n’entérinerait pas une situation d’exclusion, voire un communautarisme poussé à l’excès ?

Guershon Nduwa : Les Juifs noirs viennent en France d’horizons différents – Israël, Afrique, Antilles, etc. -, de cultures variées. Ils forment un ensemble hétérogène. Leur mode de conversion est parfois dissemblable. Il convient aussi d’être attentif aux enfants issus d’unions mixtes. Ces différences marqueront-elles leur rite ? Vont-elles s’atténuer ou s’approfondir ?
L’idée de fonder une synagogue a été lancée pour mettre cette question sur la place publique. Sera-ce une synagogue ou un centre communautaire ? Nous verrons.

Précisons que pour avoir une synagogue, il suffit selon la halakha d’avoir le Ner Tamid (la lumière perpétuelle) et la Torah.

Pour la suite, nous disons à tout le monde : « Naasé Ve Nishma », c’est-à-dire « Nous ferons et nous signifierons ». Nous sollicitons toutes les bonnes volontés de la communauté juive de France et d’ailleurs afin de nous aider dans la réalisation de ce projet formidable, à savoir un local et un Sepher Torah.
A ce jour, quelques personnes se sont manifestées à nos côtés, tels les dirigeants de CAP 15, lieu où nous avons tenu le premier colloque de la FJN. Plusieurs rabbins se sont également engagés à nous apporter leur soutien pour les offices.

Primo : La FJN a organisé sa première conférence le 6 juillet 2008 à Paris. Le public, nombreux, attentif, curieux, tolérant, était composé quasi-essentiellement de Juifs blancs. Comment expliquez-vous que si peu de Juifs noirs y aient assisté ? Cela résulte-t-il d’une insuffisante de communication, d’une visibilité à accroître, d’une peur des Juifs noirs ?

Guershon Nduwa : Il y a là plusieurs raisons.

La première tient en un déficit de communication.

La deuxième réside dans le fait que des Juifs noirs, victimes de l’attitude pour le moins désagréable de certains de leurs coreligionnaires blancs, ont réagi en refusant la mixité.

La troisième, c’est que les horaires de cette conférence ne convenaient pas à de nombreux Juifs noirs vivant en province (Marseille, Montpellier).
Enfin, la quatrième, c’est l’attachement de Juifs noirs à l’unité du peuple juif, ce qui leur fait s’opposer à la création d’une synagogue qui leur serait réservée.

Primo : l’argument est recevable.

Guershon Nduwa : Bien entendu, et je n’en méconnais pas l’importance. C’était une réunion d’information. Nous souhaitions répondre à des questions fondamentales : quelle est la situation des Juifs noirs en France et comment favoriser l’expression de leur judéité. Nous avons réuni 150 spectateurs. Ce qui est réconfortant sur un sujet si sensible.

Primo : Comment êtes-vous considérés par les instances communautaires en France ? Quelles relations entretenez-vous avec les dirigeants de la communauté juive française ? Comment réagissent les autorités consistoriales à la possible création d’une synagogue pour réunir les Juifs noirs ?

Guershon Nduwa : La communauté juive de France vient de découvrir des coreligionnaires particuliers, provenant d’autres univers, qui ne sont ni ashkénazes, ni sépharades et qui sont simplement « invisibles » : ce sont des Noirs d’Afrique, d’Outre-Mer, d’Amérique, d’Israël.

Ils sont en Ile-de-France plus de 200 à revendiquer, haut et fort, leur appartenance au judaïsme. Qu’ils soient Juifs par filiation, ou par conversion, consistoriale ou pas, ils sont Juifs. Point.

Je tiens à remercier tous ceux qui nous ont soutenus, notamment Roger Cukierman, alors président du CRIF, et le rabbin Michel Serfaty.

Lors de cette première rencontre, les rabbins Michel Serfaty et Rivon Krygier, ainsi que l’historienne Diana Pinto ont surtout voulu rappeler à la communauté que c’est dans les textes talmudiques que repose l’essentiel de la conduite juive, imposant à ceux qui s’y réfèrent un réel respect de
l’autre, quelles que soient sa race, sa sensibilité religieuse ou sa condition sociale.

Ce rappel a été repris et élargi par Joël Mergui, président des Consistoires central de France et de Paris-Ile-de-France, venu apporter son soutien à la communauté juive noire de France.

Joël Mergui a souhaité que « le peuple juif revienne à plus de tolérance, afin de retrouver son unité et le chemin du judaïsme ». La présence d’un haut cadre d’une des plus importantes institutions de la communauté juive de France a une double valeur symbolique.

En premier lieu, cette présence signifie, sans ambiguïté, un début de reconnaissance de cette nouvelle communauté et, on ne peut que s’en féliciter, souhaiter qu’elle débouche rapidement sur une reconnaissance définitive.
Voyez les institutions juives actuelles – le CRIF, les Consistoires et le FSJU-AUJF -, ceux qui sont représentés ont des yeux bleus ou marron, et des cheveux lisses, non crépus.

Dans un deuxième temps, on remarquera que pour la première fois, ce responsable influent, en appelant la communauté juive française à plus de tolérance, semble s’inquiéter d’une tendance d’une partie de cette communauté à vouloir s’exclure de la société française, à se marginaliser.

Sans doute, est-il en train de lancer un début de réflexion sur un sujet qui préoccupe bon nombre d’observateurs du monde juif. Ces craintes de Joël Mergui avaient été exprimées par le nouveau grand rabbin de France Gilles Bernheim dans le message qu’il m’avait adressé et que j’avais lu au début de cette conférence.

Bien plus, tous deux ont mis en garde la communauté juive nationale sur sa tendance à la désunion et se sont élevés contre toute forme de discrimination à l’égard de certains de ses membres.

Lors de cette première rencontre d’un nouveau genre pour les Juifs de France, mes amis et moi avons donné rendez-vous à l’ensemble de la communauté pour que, lors de la prochaine étape, une reconnaissance pleine et entière, et à égalité de responsabilité, soit accordée par l’ensemble de cette communauté à ses frères noirs.

Primo : Quels sont les projets de la FJN ?

Guershon Nduwa : Nous avons organisé une conférence mondiale, les premières Assises internationales des Juifs Noirs, le 23 novembre 2008, à Paris. Nous avons invité des Juifs du Nigéria, des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de France métropolitaine et des Territoires d’Outre-Mer ainsi que d’Israël pour confronter nos manières de vivre notre judéité.

Nous allons organiser des voyages en Israël. L’occasion pour ceux qui fréquentent notre oulpan d’hébreu de mettre en pratique leur connaissance de cette langue.

Primo : Savez-vous comment les Français d’origine africaine ou antillaise ressentent votre combat ?

Guershon Nduwa : Comme on l’aurait remarqué à la soirée organisée par Mashav à Paris, les Africains et les Antillais sont venus nombreux et continuent à nous soutenir dans cette démarche. Ils savent que ce combat est aussi le leur car un antisémite penche souvent vers le racisme contre les Noirs. Dixit Martin Luther King.

Dans cet ordre d’idées, Mashav a été un vrai succès pour la communauté juive entière. Nous comptons étendre ce projet à Londres et à la Belgique pour l’instant, puis plus tard, à l’Afrique.

Primo : Vous pouvez en quelques mots nous expliquer ce qu’était cette exposition MASHAV ?

Chaque année, l’Afrique est fêtée en Israël, au moment même ou 122 pays fêtent la musique. Pour l’occasion, le Directeur du département MASHAV (l’Agence Israélienne de Coopération Internationale au sein du Ministère israélien des Affaires Etrangères) honore ses pairs africains dans la coopération.

Primo : En quoi consiste concrètement Mashav pour Israël ?

Guershon Nduwa : Cette journée permet aux pays ayant reçu de l’aide de la part de MASHAV de rendre hommage à Israël et à ses habitants.

Tous ont en mémoire les cours donnés gracieusement par Israël sur l’agriculture, la médecine, les nouvelles technologies… Mais pas seulement les cours, le matériel aussi puisque MASHAV a offert un nombre incalculable d’hôpitaux, de dispensaires, d’école, d’ordinateurs et de système de goutte à goutte ultramodernes pour l’irrigation des cultures.

Primo : Primo a souvent parlé de l’engagement d’Israël auprès des nations les plus pauvres, comme récemment à Haïti. Comment allez-vous vous inscrire dans ce processus ?

Guershon Nduwa : Les missions premières de la F.J.N. ont été et sont toujours spirituelles de par la volonté de créer un centre communautaire judéo-panafricain « halakhique » ouvert à tous et à toutes.

C’est une ouverture sociale par un accompagnement quotidien des familles juives noires dans leur pratique du judaïsme, pratique parfois semée d’embûches, car certains continuent d’associer le judaïsme à la couleur de l’épiderme.

C’est également un engagement politique, car les juifs noirs sont aussi des acteurs engagés dans les sociétés civiles françaises et panafricaines.
Il semble couler de source que la volonté du gouvernement israélien de tourner son regard vers l’Afrique ne puisse être conçue sans que ces derniers s’appuient sur ces juifs d’un ancien nouveau genre, se trouvant au carrefour d’une foi juive, d’une nationalité et/ou d’une présence en occident et d’une origine africaine très marquée.

Ce carrefour est certainement l’un des moins dangereux que je connaisse, car pour ceux de la FJN qui s’engagent en politique, en France ou ailleurs, la pérennité de l’Etat hébreu, la volonté de participer au développement des pays africains et la pratique d’une confession qui pousse à la tolérance, au respect de la différence et à la reconnaissance envers terres d’accueil, sont des axes idéologiques forts et indéboulonnables.

De ce fait, avec le plus grand sérieux, nous interpellons officiellement le gouvernement israélien et ses représentants français. Nous voulons être de la discussion, nous voulons que ceux d’entre nous qui s’engagent en politique, surtout en Afrique, soient soutenus politiquement, économiquement et socialement, en ayant ce statut de partenaire de choix car nous sommes du KLAL ISRAEL, du peuple d’Israël.

Primo : La Fraternité Judéo-Noire a-t-elle vocation à étendre ses activités à d’autres pays ?

Guershon Nduwa : Nous sommes présents dans plusieurs pays, notamment Israël, les Etats-Unis, l’Angleterre, la Belgique et surtout en Afrique : la Côte d’Ivoire, le Congo, le Cameroun, le Ghana, le Bénin… où nous comptons manifester notre présence active au sein des institutions nationales, une présence, politique, économique, sociale et spirituelle.

Merci, Guershon, de nous avoir accordé cet entretien. Longue vie à la Fraternité Judéo-Noire.

Visitez le site de la FJN Article original

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monia

C’est une chance pour la fraternité judéo-noire d’avoir une personne de valeur comme Guershon Nduwa. Une occasion d’être ouvert à l’autre. Le judaïsme n’est pas représenté que par le duo « ashkénazes et sépharades » c’est bien plus encore! Heureusement. Il y a lieu d’encourager et d’œuvrer pour le respect de personne intègre comme ce monsieur dans sa judéité. Nous sommes tous égaux et fiers de lui.

duconneau

Comme je comprends ce monsieur, et je suis d’autant plus fier que Manitou était mon chef de scout avenue de Ségur à Paris dans les années 58-61. M Guershon vraiment je vous félicite, peut être que vous pourriex un jour nous faire le plaisir et l’honneur de venir à Montreal (Quebec) Canada,,,, vous aurez beaucoup de chaleur dans notre reception ……..Je pourrais vous trouver les contacts nécessaires, et vous avoir même un entrevue a Radio Shalom la radio Juive de Montréal……..Merci encore

Danarfr

Bravo pour ce monsieur. Son cheminement intellectuel est rare, son parcours est honorable et son combat est à soutenir
Je vous salue cher Monsieur,