La Grece avec le plan d’austérité exagéré, risque fort de sombrer dans une forte récession sans pouvoir rembourser sa dette. Les banques européennes prêteuses et les États se seront à leur tour endettés pour près de 200 Milliards d’€uro. Une crise financière sans précédent risque de faire chuter le système financier Européen. À vouloir trop en faire les risques d’une chute systémique est à craindre.Nous n’avons cessé de dénoncer l’attitude intellectuelle des investisseurs qui consiste à déduire des perspectives économiques de l’évolution — totalement absurde — des cours de Bourse. Avec l’hégémonie exercée par le benchmarking, quelques institutionnels suffisamment retors et influents ont compris depuis longtemps que c’est “la queue qui remue le chien” et non l’inverse.

Ils sont passés maîtres dans l’art de manipuler les indices boursiers de manière à entretenir un effet d’aubaine qui maintient les opérateurs dans un état d’optimisme artificiel quasi permanent et de déconnection assumée par rapport à la réalité quotidienne au nom d’un avenir meilleur complètement fantasmatique.

Des marchés sous pilote automatique

Même les phénomènes d’obnubilation haussière les plus surréalistes furent accueillis sans le moindre étonnement. Le ratio de six séances de hausse pour une seule de consolidation (souvent à l’horizontal) durant deux mois n’a suscité aucune méfiance ni éveillé le soupçon que tout ceci fut trop beau pour être vrai.
La naïveté semble le disputer à l’aveuglement… mais la réalité est peut-être un peu différente. Avec plus de 75% d’ordres de Bourse exécutés

informatiquement par le biais de logiciels paramétrés pour exploiter des séquences graphiques sur des intervalles de temps s’échelonnant entre la milliseconde et des périodes de quatre heures, l’impact des décisions humaines se retrouve totalement marginalisé.

Pour compenser cette robotisation généralisée, le discours dominant matraque le concept de marchés reflétant la psychologie des investisseurs… alors que la majorité d’entre eux s’en remet exclusivement à la puissance et l’efficience de l’outil informatique. Une fois encore, cela illustre la métaphore de “la queue qui remue le chien”.

Mais voilà que l’animal secoue brutalement sa laisse Après deux tests des 4 088 puis des 4 086 points à 10 semaines d’intervalle (admirez au passage la précision du retracement du zénith annuel, sans équivalent en Europe sauf peut-être au niveau de l’Eurostoxx 50 et de l’Eurofirst 80), voilà que le CAC40 inscrit deux séances de repli avec des écarts supérieurs à -3,6% à une semaine d’intervalle. Si les lundis sont haussiers à 80% depuis fin octobre, les mardis vont-ils devenir meurtriers ?

De tels trous d’air ne surviennent généralement que dans des circonstances totalement accidentelles — coup d’Etat, faillite retentissante, catastrophe naturelle. Et encore, ce sont rarement des phénomènes à répétition.

L’eurosclérose se généralise

L’attaque spéculative dont fut victime Athènes a mis en lumière l’absence de solidarité européenne et le manque de volonté de casser les reins à la spéculation avant qu’elle ne devienne incontrôlable.

Un second assaut lancé fin mars contre les emprunts grecs — avec l’appui de l’agence de notation Standard & Poor’s qui les a ravalés au rang de junk-bonds – s’avère tout aussi riche d’enseignement. L’Europe promet 110 milliards d’euros tout en laissant entendre que si la Grèce ne remplissait pas toutes les conditions draconiennes du plan d’austérité — des sacrifices jugés injustes et insupportables par la population locale — elle ne verrait jamais la couleur de cet argent.

L’Allemagne et les syndicats grecs voudraient acculer le gouvernement de Georges Papandréou au défaut de paiement qu’ils ne s’y prendraient pas autrement. Dominique Strauss-Kahn estime qu’une faillite de la Grèce “pourrait être la fin de l’euro” et il rappelle “l’urgente nécessité de mettre sur pied ce fameux gouvernement économique que beaucoup réclament et sans lequel la construction de l’euro ne sera pas vraiment terminée”.

L’Espagne a de son côté adopté un plan d’austérité de 50 milliards d’euros sur trois ans (mi-janvier) pour enrayer des déficits publics qui atteignent 11,2% du PIB — tandis que le chômage global dépasse les 20%… et 50% au sein de la tranche des 18-25 ans.

La France n’est pas l’Espagne, le CAC40 n’est pas l’Ibex 35… mais les économies de ces deux pays sont étroitement imbriquées au travers des investissements des multinationales et de l’exposition des banques sur les produits obligataires ibériques.

Il est encore trop tôt pour extrapoler un éclatement de l’Eurozone et les marchés n’ont pas besoin d’envisager une crise aussi extrême pour corriger. La valorisation actuelle des indices boursiers intègre des niveaux de croissance de l’activité et des profits totalement incompatibles avec les mesures d’austérité mises en oeuvre par les pays qui connaissent des difficultés budgétaires majeures et des niveaux de surendettement insupportables.

Le premier d’entre eux, ce sont les Etats-Unis… et c’est Ben Bernanke lui-même qui affirme que la situation est intenable.

CAC40 : les signaux techniques s’affolent

de ces risques concrets, aucune des menaces implicites ne sont pricés par le CAC40 qui se comporte depuis un an comme si le scénario actuel constituait la simple répétition de “l’après bulle des dot.com”.

Sans la moindre considération pour l’excès de mauvaises dettes qui anéantit désormais la capacité de soutien des Etats à la croissance économique… et qui risque d’absorber plus que les liquidités réellement disponibles sur les marchés.
Le M baissier sur le CAC40 sous les 4 080/4 090 points ne saurait être pris à la légère mais les chartistes se raccrochent encore à l’espoir de voir l’indice phare se raccrocher au seuil des 3 600 points, soit par le biais d’un rebond dans la zone des 3 640 points (point bas du 25 février), soit sur le plancher annuel des 3 565 points du 5 février. Le CAC40 semble avoir pris ses habitudes à l’approche des 3 550 points depuis le 3 septembre puis de nouveau le 3 novembre 2009 !

Mais il y a un autre aspect technique à prendre en considération : le canal ascendant inauguré le 9 mars 2009 vient d’être sévèrement invalidé avec la cassure du support oblique moyen terme qui gravite vers 3 830 points. Le comblement du gap des 3 710 points du 26 février n’a d’ailleurs pas eu l’effet mobilisateur escompté pour les acheteurs et le CAC40 a filé tout droit vers les 3 638 points dans la foulée.

Les oscillateurs daily rentrent maintenant en zone de survente, de telle sorte qu’il devient logique d’escompter un rebond technique…
Mais celui-ci devrait être limité car les moyennes mobiles à 150 et 250 jours vont constituer d’importants obstacles à l’approche des 3 840 ou 3 850 points. Et il n’est pas exclu que le seuil psychologique des 3 800 points ne soit considéré comme un bon point de revente dans la mesure où ce niveau correspond au seuil indiciel médian de la période septembre 2009/mai 2010… avant une potentielle rechute sur 3 000 points.

Bons investissements

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