François Hollande n’imaginait sans doute pas qu’il puisse fâcher, à ce point, ses amis officiels algériens. Sa boutade, lundi dernier, lors du 70e anniversaire du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) dans laquelle il se félicitait que le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, soit revenu d’Alger «sain et sauf (…) c’est déjà beaucoup», a piqué au vif les dignitaires algériens. Blague de François Hollande sur l’Algérie : de la nécessité d’encourager la liberté d’expression plutôt que la langue de bois

Je ne sais pas s’il faut le sauver, mais il faut comprendre le général en chef Hollande. Depuis plus de dix-huit mois qu’on lui a laissé les rênes d’un Etat aux 60 millions de sujets, sans compter les sujets de mécontentement, ce fut dur. Très dur. De l’extension du champ de la dette à Leonarda en passant par les bisbilles gouvernementales, les manifestations de bonnets rouges et de veilleurs, la courbe du chômage qu’il faut inverser et les impôts qu’il faut recueillir, Hollande n’a pas eu une minute de répit. Bien que dix ans de navigation à vue dans le marigot de Solferino lui ait épaissi le cuir et l’ait persuadé de sa bonne étoile, il est des moments où le plus aguerri des hommes a envie de souffler. Certes, il y a eu le Mali, il y a aujourd’hui la Centrafrique, mais cela ne suffit pas à redresser la courbe en capilotade des sondages.

François Hollande, depuis son arrivée en politique il y a une trentaine d’années, a toujours été connu pour un homme disert, brillant, spirituel et ne résistant jamais à une bonne blague. C’est peu dire qu’il aime le trait d’esprit : il en raffole, il fait partie de son ADN d’énarque rond et malicieux, habile et manœuvrier, ayant observé, pendant des années, Mitterrand à la loupe et s’évertuant depuis à mettre ses pas dans les pas de son maître.

Mais ça, hélas, c’était avant. Avant que la France ne soit occupée par la police de la pensée, le principe de précaution mentale, la censure tous azimuts : désormais, tous doivent faire attention à ne pas dépasser les bornes prescrites, à ne pas risquer le début du commencement d’une plaisanterie qui pourrait heurter plus d’une personne à la fois. Sinon, dès que l’on sort de la « correctitude » érigée en Premier commandement des Tables de la Loi, cinquante associations se précipitent pour vous déchiqueter, dans les médias, devant les tribunaux, dans la rue… Les hommes politiques, encore plus que les autres, sont surveillés 24h/24 par la vigie du Web. Evidemment, le premier d’entre eux est le mieux servi.

Mais le plus révélateur est que cette brève de comptoir hollandaise a suscité un incident diplomatique, un tsunami d’insultes sur Twitter et Facebook et l’obligation pour le pauvre Hollande de présenter ses regrets. Tout se passe comme si, en ces temps de médiocrité ambiante, la langue de bois redevient non seulement un luxe mais une nécessité. Décidément, il urge d’introduire dans la Constitution un premier amendement à l’américaine, qui garantisse enfin la liberté d’expression y compris celle de déconner au sommet.

A lire de l’auteur de cet article : « Je suis venu te dire que je m’en vais », André Bercoff et Deborah Kulbach, (Michalon Editions), 2013. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

André Bercoff est journaliste et écrivain.

Il est notamment connu pour ses ouvrages publiés sous les pseudonymes Philippe de Commines et Caton.

Il est l’auteur de La chasse au Sarko (Rocher, 2011), de Qui choisir (First editions, 2012) et plus récemment de Moi, Président (First editions, 2013). Son dernier essai Je suis venu te dire que je m’en vais est paru chez Michalon en novembre 2013.

atlantico.fr Article original


François Hollande a prononcé une petite plaisanterie qui a vexé en Algérie.

VIDEO. La petite vanne de Hollande qui vexe les Algériens VIDEO. La petite vanne de Hollande qui vexe les Algériens Algérie : Ayrault raconte sa rencontre avec Bouteflika Algérie : Ayrault raconte sa rencontre avec Bouteflika

Samedi, le ministre des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, a estimé «qu’il s’agit clairement d’une moins-value par rapport à l’esprit qui enveloppe nos relations et à la réalité de ce que les délégations françaises et même autres peuvent constater de la situation sécuritaire en Algérie», lors d’une conférence de presse avec son homologue chinois.

«Incident regrettable», selon le ministre algérien

Et d’ajouter: «Le sens de l’humour peut apporter une valeur ajoutée au sens des responsabilités lorsqu’il s’exprime avec élégance, avec mesure et qu’il introduit de la décontraction dans le cadre de cet art souvent austère qui est la pratique de la diplomatie. A l’inverse, le sens de l’humour peut être générateur d’une moins-value lorsqu’il abouti à suggérer que les réalités ne seraient pas celles qui sont à la portée de tous et qui ont pu être vérifiées par tous». Pour le chef de la diplomatie algérienne, la boutade de Hollande pourrait paraître comme une «improvisation d’une plaisanterie». Et il note que «les improvisations sont souvent périlleuses».

«L’année 2013, n’est pas encore terminée, et nous ne souhaitons pas la terminer sur une mauvaise note. J’espère que nous puissions trouver les moyens, dans les jours qui nous en séparent, de tourner la page de cet incident regrettable», a t-il conclu.

Moins diplomatique, le président de la Commission algérienne pour la promotion des droits de l’Homme, Farouk Ksentini, a estimé dans un communiqué cité par l’agence de presse d’Etat (APS), que les propos du président français sont «provocateurs pour l’Algérie» et constituent, selon lui, «une grave atteinte à l’Algérie». Il a appelé François Hollande à «présenter ses excuses» et les autorités algériennes à ne pas «laisser passer une telle atteinte sous silence». De son côté, le président du parti islamiste MSP demande, lui aussi, aux autorités de réagir face à ce qu’il qualifie «d’atteinte flagrante» à l’Algérie.

VIDEO. Le discours de Hollande devant le Crif

A l’Elysée, joint par «Le Parisien», on tente de relativiser : il s’agit d’une phrase sur le ton de «l’humour» et du «second degré», qui ne remet pas en cause «nos bonnes relations» avec l’Algérie. Cependant, Hollande, probablement fatigué après ses déplacements en Afrique du Sud, en Centrafrique,au Brésil et en Guyane en si peu de jours, a «provoqué» aux yeux d’Alger. L’affaire est amplifiée par la presse locale et les internautes algériens qui s’en donnent à cœur joie. Les uns appuyant sur la fibre nationaliste dénoncent des propos colonialistes, voire racistes. D’autres, plus mesurés, rappellent juste une forme d’humour qui tombe mal, surtout devant le Crif.

«Il s’est moqué de l’Algérie devant la communauté juive», s’est offusqué le puissant quotidien arabophone, Echourouk. «Une plaisanterie de mauvais goût, des insinuations pathétiques», a écrit de son côté El Watan, premier quotidien francophone. Samedi soir, l’UMP Geoffroy Didier, a qualifié cette boutade «d’indigne» et «d’ironie fétide». Il a estimé que François Hollande devait «présenter ses excuses au peuple algérien».

L’autre vidéo qui fait jaser

Dans le même temps, les autorités algériennes tentent de démasquer comment des images de l’entrevue, lundi dernier, entre le président algérien très affaibli, Abdelaziz Bouteflika, et le chef du gouvernement français, Jean-Marc Ayrault, ont pu parvenir au «Petit Journal» de Canal+ qui a pu dénicher une «manipulation» de la télé d’Etat algérienne.

Car dans la séquence qu’avait diffusée la télé d’Etat, Bouteflika converse normalement avec Ayrault et fait plusieurs gestes de la main. En réalité, il ne s’agit que de trois gestes… diffusés à plusieurs reprises, sous d’autres plans, pour faire croire aux téléspectateurs que le président se porte bien. Décryptée, la séquence sans montage que le «Petit Journal» s’est procurée montre au contraire un président algérien inaudible, l’air hagard… Là encore, les internautes algériens se sont donné rendez-vous sur la toile pour commenter, parfois vigoureusement, cette séquence que beaucoup d’entre eux appellent désormais le «flagrant délit»…

VIDEO. La rencontre Bouteflika – Ayrault

Publié le 21.12.2013, 18h26 | Mise à jour : 23h 13

leparisien.fr Article original

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meller1

La blague d Hollande etait fomidable