Le gouvernement maintient la pression sur le patron de Numericable, Patrick Drahi, également patron d’I24news. Chaque jour, ou presque, le candidat au rachat de l’opérateur téléphonique SFR est l’objet d’une attention particulière de l’exécutif.

Le gouvernement maintient la pression sur le patron de Numericable, Patrick Drahi. Chaque jour, ou presque, le candidat au rachat de l’opérateur téléphonique SFR est l’objet d’une attention particulière de l’exécutif .


L’hallali est sonnée contre Patrick Drahi © Maxppp

On a vraiment l’impression que le gouvernement a sonné l’hallali contre Patrick Drahi . La chasse est ouverte. Après la déclaration sans équivoque d’Arnaud Don Arnoleone »>Article original Montebourg vendredi dernier – « il va falloir que monsieur Drahi rapatrie l’ensemble de ses possessions et biens à Paris « , disait le ministre du Redressement productif –, en début de semaine, Bercy affirmait avoir lancé une enquête sur la situation fiscale de l’homme d’affaire franco-israélien résident à Genève.

Mercredi, nous sommes entrés dans le vif du sujet. Au détour d’informations publiées par l’hebdomadaire l’Express, on apprenait que le fisc français réclamait plus de 36 millions d’euros à Numericable. Hier encore et toujours, c’est Najat Vallaud-Belkacem qui, en tant que porte-parole du gouvernement, enfonçait le clou, jugeant qu’il était justifié de s’interroger sur la résidence fiscale en Suisse du possible repreneur de SFR.

Patrick Drahi a répondu…

A Madame Vallaud-Belkacem, il avait déjà répondu en quelque sorte par anticipation lundi, en conférence de presse, en indiquant que le nouveau groupe SFR / Numericable, s’il venait à se concrétiser, serait une entreprise française, avec son siège en France et paierait ses impôts en France.

Quant aux 36 millions de redressement fiscal adressé à Numericable sur de la TVA appliquée à ses offres d’abonnements, l’entreprise affirme que l’affaire est en cours depuis 2005, que ces informations sont publiques depuis plusieurs mois et que le groupe a même provisionné plus de 36 millions d’euros pour risques fiscaux alors que son bénéfice net pour 2013 s’est élevé à 65 millions d’euros. Comme par hasard, toutes ces informations ressortent en ce moment.

La charge est un peu lourde selon vous ?

Je dois vous avouer que ces sorties à répétition laissent beaucoup d’observateurs pantois. L’affaire tourne de plus en plus à un véritable acharnement , sonne comme un mesquin règlement de comptes entre un des sept ministres de Bercy ( Arnaud Montebourg qui défend l’option Bouygues-SFR ), et le même Bercy qui jette son administration fiscale sur l’homme à abattre car il ose braver l’interdit.

Certaines  »mauvaises langues » n’hésitent pas à dire que Bouygues et Free sont plus que des opérateurs téléphoniques. Bouygues, c’est aussi TF1 et son journal de 20 heures ; Free, c’est Le Monde avec Xavier Niel comme actionnaire du journal. Donner des gages à de tels medias ne serait pas fortuit à la veille de certaines échéances électorales, pas seulement les municipales.

Quoi qu’il en soit, ce déballage tue dans l’œuf les tentatives du chef de l’Etat de vendre l’  »entreprise France ». La récente visite de François Hollande aux Etats-Unis pour séduire les investisseurs étrangers, la non moins récente réception à l’Elysée des patrons de groupes étrangers installés dans l’Hexagone… en quelques jours, le cas Drahi a peut-être poussé certains à changer d’avis sur l’image que le président de la République leur avait donné de notre pays.

Il est vraiment temps que le calme et la sérénité reviennent. N’oublions pas que derrière ce dossier industriel, il y a l’emploi et le consommateur. Si pression il doit y avoir de la part d’un gouvernement responsable c’est en priorité sur ces sujets. Ce qui n’empêche pas de rester vigilant sur le reste.

franceinfo.fr Article original

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Le « labo » israélien de Patrick Drahi


Patrick Drahi (à gauche) avec le ministre des communications, Moshe Kahlon (au centre), et Hezi Bezalel, propriétaire de Xfone Communications, à Tel-Aviv.

Il ne parle guère l’hébreu, a pris la nationalité israélienne sur le tard et ne vient à Tel-Aviv que quelques jours par mois. Pourtant Israël est bien pour Patrick Drahi une terre d’élection.

Le patron d’Altice, propriétaire de Numericable, est entré en négociation exclusive avec Vivendi, mi-mars, dans le but de lui racheter sa filiale SFR. L’opérateur de télécommunications français est toujours convoité par Bouygues Telecom, qui a déposé une contre-offre à Vivendi, jeudi 20 mars.

Mais, au-delà de cette bataille hexagonale, M. Drahi a investi temps, argent et beaucoup de lui-même dans l’Etat hébreu pour y consolider l’un des principaux piliers de son empire des télécoms.

En mettant, en 2009, la main sur Hot, le câblo-opérateur local, l’homme d’affaires a fait d’une entreprise en perte de vitesse l’un des premiers groupes de communication du pays. Et réalisé la fameuse convergence entre fixe et mobile , ce credo brandi à l’envi depuis qu’il a rendu public son intérêt pour SFR.

Israël, laboratoire de la vision entrepreneuriale de M. Drahi ? « C’est plus que cela, estime Patrice Giami, son représentant dans le pays et vice-président de Hot. D’un côté, on importe le savoir-faire développé en France, de l’autre, on constitue ici un centre d’expertise qui nous sert ailleurs. Patrick Drahi est venu avec une vision de long terme et Hot est certainement, après Numericable, la deuxième pépite d’Altice. »

Patrick Drahi, le patron d’Altice entré en négociations avec Vivendi pour le rachat de SFR a promis, lundi 17 mars à Paris, d’investir « trois milliards d’euros » en France. Le milliardaire franco-israélien a indiqué qu’il ne comptait pas pour autant rapatrier sa résidence fiscale en France.

Discret en France, M. Drahi l’est tout autant en Israël. Il fuit la presse et s’affiche très rarement dans les grand-messes du monde des affaires. Le magnat du câble s’est quand même construit une solide notoriété en développant les métiers d’un groupe dont plus d’un Israélien sur deux est aujourd’hui client. « Il faut saluer le chemin parcouru, loue un financier de Tel-Aviv, qui a suivi de près l’aventure. Avant que Drahi s’y intéresse, Hot a frôlé le dépôt de bilan. Il a su le rénover grâce à une gestion plus efficace, en lui faisant atteindre une taille critique et en créant des synergies entre ses différentes activités. »

LE TYCOON DES TÉLÉCOMS

De fait, quand le polytechnicien commence à se pencher sur le câblo-opérateur israélien, celui-ci traverse une bien mauvaise passe. Le groupe partage toujours, avec le spécialiste du satellite Yes, le leadership sur le secteur de la télévision payante. Mais, miné par les divisions entre ses actionnaires, il pâtit d’un manque de vision industrielle et d’une panne d’investissements dans le réseau. Un dossier rêvé pour Patrick Drahi, qui s’est fait une spécialité de racheter des entreprises mal gérées pour les remettre au carré. Avec une méthode bien rodée : il place ses équipes, optimise, modernise.

Le tycoon des télécoms va s’emparer de Hot morceau par morceau, jusqu’à le retirer, en 2012, de la Bourse de Tel-Aviv. Il rationalise les coûts sans trop d’états d’âme. Les équipes techniques sont externalisées à des sous-traitants. Au prix d’une saison de grèves et de manifestations, les effectifs sont passés de 5 000 personnes fin 2011 à 2 200 aujourd’hui.

« D’un point de vue financier, il a réalisé une très belle opération. Il a restructuré Hot un peu comme un banquier et a considérablement amélioré sa rentabilité après l’avoir sorti de la Bourse », juge Gil Picovsky, associé chargé des télécommunications au sein de la société d’investissement Cukierman & Co.

Etape par étape, l’homme d’affaires réoriente une entreprise focalisée sur l’infrastructure en groupe de médias global. En 2012, il devient fournisseur d’accès à Internet. Hot sera le premier à proposer au consommateur israélien du « triple play ». Monnaie courante en France, ces offres commerciales alliant Internet, téléphonie fixe et télévision sont alors inconnues en Israël.

L’UN DES PRINCIPAUX ARTISANS DE LA « RÉVOLUTION MOBILE »

Pour le grand public israélien, M. Drahi s’est surtout imposé comme l’un des principaux artisans de la « révolution mobile ». Dès 2010, il rachète Mirs, un opérateur confidentiel réservé à une clientèle de professionnels, avec l’idée de remporter le prochain appel d’offres sur les licences 3G . C’est chose faite un an plus tard. Il lance alors Hot Mobile et dégaine au printemps 2012 une offre de forfaits à des prix défiant toute concurrence. Sur le ring, il affronte un autre Franco-Israélien : Michaël Golan, patron de Golan Telecom et ancien directeur général en France d’Iliad, la maison mère de Free, qui déboule en même temps avec la même stratégie low cost.

Ironie de l’histoire, M. Golan – qui s’appelait en France Michaël Boukobza – a travaillé comme consultant chez Hot pendant dix-huit mois, en 2009 et 2010. Soutenu par son ancien mentor, le fondateur d’Iliad-Free Xavier Niel (actionnaire à titre individuel du Monde), il a finalement repris son indépendance et décidé de concourir lui aussi à l’appel d’offres du gouvernement israélien sur les licences mobiles. Un coup de théâtre que Patrick Drahi n’a jamais digéré.

Quoi qu’il en soit, l’irruption de ces deux-là provoque un électrochoc sur un marché auparavant contrôlé par trois groupes pratiquant des tarifs exorbitants. La guerre des prix qui s’ensuit permet au consommateur de voir sa facture divisée par deux, voire trois . Dépassant toutes les prévisions des analystes, Hot Mobile réunit en moins de deux ans 592 000 abonnés, soit quelque 6 % de part de marché. Il est talonné par Golan Telecom, qui revendique 435 000 abonnés.

UN LIEN PARTICULIER

Tous les spécialistes s’inclinent aujourd’hui devant la métamorphose du groupe. Un Hot ragaillardi et offensif a bousculé le secteur israélien des télécoms, longtemps paralysé par les situations de monopole et les réglementations kafkaïennes. Mais quelques gros bémols viennent nuancer ce bilan flatteur. « Avec eux, tout est basé sur la logique bas prix–bas de gamme : on paie moins et on reçoit moins, décrit un journaliste israélien, fin connaisseur de l’entreprise. Leur service clients est épouvantable. Ces derniers temps, cela leur a fait perdre des abonnés dans presque toutes les activités. »

Et après ? Patrick Drahi l’affirme : il est là pour rester. D’autant que ce Séfarade né au Maroc a développé avec Israël un lien particulier. Il adore Tel-Aviv, où il possède un appartement dans la luxueuse tour Rothschild. « S’implanter ici était initialement une décision très rationnelle, en rapport avec une opportunité industrielle, décrit Patrice Giami. Puis est venu un intérêt, un attachement beaucoup plus sentimental pour ce pays, son état d’esprit et le projet qu’il incarne. » C’est cette inclination qui l’a poussé à lancer, à l’été 2013, la chaîne d’information i24 News Article original avec l’ambition d’offrir un autre regard sur Israël. Une initiative plus « philanthropique » qu’économique, puisqu’il la finance aujourd’hui à fonds perdus.

Lire également (en édition abonnés) : La chaîne i24 News, une activité « philanthropique » pour Patrick Drahi Article original

Côté business, les experts du secteur tablent sur une poursuite de l’expansion de Hot. Certains prophétisent même un rachat de Golan Telecom, que des rumeurs disent sur le point d’être mis en vente. Une façon, peut-être, de solder les comptes entre les deux meilleurs ennemis…

Marie de Vergès (Jérusalem, correspondance)
Journaliste au Monde

LE MONDE Article original | 21.03.2014 à 11h14 • Mis à jour le 22.03.2014 à 11h19 |

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MarcBRZ

Au gauchiste Oxomars qui n’en est pas à son coup d’essai-coup d’épée de bois dans l’eau : le titre général est de France-Info, qui trouve malhonnête de la part de Montebourg de favoriser ses amis Bouygues et Free, contre l’option Vivendi pour Drahi. S’il n’est pas content de la présentation, Oxomars peut aussi aller sur tous les sites de France-info ou d’autres sites économiques qui trouvent cette charge un peu lourde, à l’encontre d’un seul homme contre lequel on lance des enquêtes auxquelles il a déjà répondu.

oxomars

Comme beaucoup d’entre nous, j’ai quelques sympathies pour le savoir-faire de P. Drahi. Mais je trouve l’assaut contre Montebourg, archi nul. Le ministre n’en a pas après Drahi en tant que personne et vous le savez bien. Je trouve le terme de « Chasse à l’homme » minable et mesquin.

Sachez tout de même, mais celui qui a rédigé l’article le sait parfaitement, que le transfert des actifs de SFR à Numericable se traduiraient, en terme de rentrées fiscales, en pertes énormes pour la France. Quant aux emplois, rien n’empêcherait le groupe de Patrick Drahi de les faire sous-traiter ailleurs qu’en France. A l’heure du remboursement des dépenses somptuaires de l’ancien Président, on peut souhaiter mieux pour les finances de la France, donc les nôtres.

Je ne sais pas qui est ce MarcBRZ, mais je trouve qu’il s’agit d’un malhonnête homme qui ne doit pas vivre en France. Tous les Juifs de France ne sont pas des boursicoteurs nantis ou des adeptes de J-F. Copé ou de N. Sarkozy.

ROBAIR

Au lieu de jouer les gros bras Montebourg (et autres politiciens ) devraient montrer ce qu’ils savent faire pour dynamiser des entreprises et l’emploi .Mr Drahi (et les autres entrepreneurs ) rapportent des emplois et des sous au pays ,nos fonctionnaires en coutent . Mr Montebourg et les autres devraient plutôt s’interroger sur la fiscalité et les freins administratifs au lieu de critiquer les entrepreneurs .