La blonde, le cheikh et la Barclays : une saga judiciaire à un milliard d’euros
La businesswoman a favorisé, en 2008, l’investissement d’un cheikh dans la Barclays mal en point. Aujourd’hui, elle réclame environ un milliard d’euros.
Tous les personnages d’un parfait thriller financier sont réunis : un ancien mannequin, autrefois l’amante du prince Andrew ; des cheikhs d’Abou Dhabi et du Qatar qui investissent des milliards de pétrodollars ; et le banquier le mieux payé de la City. Ingrédient supplémentaire pour épicer l’affaire : les voilà qui se retrouvent devant les tribunaux, pour une dispute à plus de 1 milliard d’euros, comme l’a révélé le Financial Times du 28 janvier.
Cette extraordinaire saga débute en octobre 2008. Lehman Brothers a fait faillite et les banques britanniques s’effondrent comme un château de cartes. Barclays, en particulier, doit leverdans l’urgence des milliards pour se recapitaliser – sans quoi Downing Street menace de nationaliser l’établissement. Roger Jenkins, qui dirige la division banque d’affaires pour le Moyen-Orient, est chargé de cette opération ultrasensible. Son mandat : aller glaner de l’argent dans les fonds souverains de la région. Le Britannique n’est pas du genre à faire du sentiment. Crâne rasé, ton direct, il a gagné une fortune en développant la branche très controversée des « conseils en fiscalité » de la banque, ce qui lui vaut des bonus tournant autour de 50 millions d’euros par an. Mais l’argent ne peut pas tout.
Arrive sur scène Amanda Staveley. Alors âgée de 35 ans, celle qui travaillait comme mannequin à temps partiel pendant ses études possède l’un des meilleurs carnets d’adresses du Moyen-Orient. Issue du Yorkshire, la belle incarne un mélange détonnant.
Du côté de son père, qui a hérité d’un immense domaine, elle est née avec une petite cuillère en argent dans la bouche. Le côté maternel lui apporte bagout et sens des affaires : son grand-père, qu’elle adorait, gérait des maisons de paris alors que c’était illégal. Elle en retire un tempérament très direct avec les grands de ce monde, qui surprend au sein de cet univers feutré. Le prince Andrew, qui l’a beaucoup aimée, l’aurait même demandée en mariage, selon les tabloïds britanniques. Mais Amanda Staveley a refusé ce strapontin royal, craignant de perdre sa liberté.
Un entregent déterminant
Installée à Dubaï après un gros échec commercial au Royaume-Uni, la femme d’affaires développe ses relations au Moyen-Orient et se rapproche du jeune cheikh Mansour Bin Zayed, cavalier émérite et membre de la famille régnante d’Abou Dhabi. En septembre 2008, elle réussit un premier grand coup : par son entremise, son client achète le club de football Manchester City. Un mois plus tard, rebelote : la jeune femme parvient à l’amener à la table des négociations avec Barclays. Elle le convainc d’investir 3,5 milliards de livres (4,6 milliards d’euros), lui donnant une participation de 16 % dans la banque britannique. Parallèlement, le Qatar injecte la même somme.
À l’époque, les patrons de Barclays sont aux abois. Dure en affaires, Amanda Staveley impose ses conditions. Son client, le cheikh Mansour, achète sa participation à prix cassé. Deux ans plus tard, il la revendra, effectuant un bénéfice faramineux de 3 milliards d’euros. Pis encore, la banque accepte de verser aux investisseurs une « commission » de 420 millions d’euros sur cinq ans. Le régulateur financier britannique s’étrangle, soupçonnant une rétro-commission. Les justices britannique et américaine ouvrent chacune des enquêtes. Mais, selon la banque, cette somme est la rétribution normale des conseils apportés par les deux fonds souverains.
Un sauvetage rémunérateur
De son côté, Amanda Staveley espère des retombées sonnantes et trébuchantes pour son entregent. Mais l’argent tarde à venir. En avril 2009, elle touche enfin une commission de Barclays de 40 millions d’euros, qu’elle trouve trop maigre. Vu l’extraordinaire bonne affaire que son client a faite, elle estime qu’elle devrait être mieux payée. C’est dans ce cadre, sept ans plus tard, qu’elle vient d’ouvrir une poursuite judiciaire contre Barclays.
Le détail exact de cette plainte tardive n’est pas public. Mais le Financial Times cite une source du dossier, estimant que la somme demandée par Amanda Staveley à la banque se situe entre 950 millions d’euros et 1,25 milliard d’euros. La saga est loin d’être terminée. Mais la morale est déjà claire : tous ceux qui ont touché de près ou de loin au sauvetage de Barclays en ont tiré une fortune. La bête était à terre, il suffisait de se servir.
- Eric Albert (Londres, correspondance)
Journaliste au Monde - Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par Eric Albert (Londres, correspondance)
Source : lemonde.fr
Ne confondons pas entregent et entrejambes.
Pourquoi utilisez vous cet horrible fond bleu pour vis articles. Vos textes en noir sur bleu sont presque illisible.
Elle louche sur le compte en banque.
» la belle incarne un mélange détonnant. »
MDR plus moche tu meures! C’est plutôt son fric qui l’a rendue « belle »!