Trump a autorisé le « doublement » des taxes douanières sur l’acier et l’aluminium turcs

US President Donald Trump (L) and Turkey’s President Recep Tayyip Erdogan (R), seen here at a recent NATO summit, have seen tensions between their countries rise on issues ranging from Turkey holding a US pastor to purchasing a Russian missile defence sys
Brendan Smialowski (AFP)

Le président américain Donald Trump a accru vendredi la pression sur Ankara, dont l’économie est déjà fragilisée, en annonçant une forte augmentation des taxes à l’importation sur l’acier et l’aluminium turcs.

« Je viens juste d’autoriser le doublement des taxes douanières sur l’acier et l’aluminium en provenance de Turquie puisque leur monnaie, la livre turque, descend rapidement contre notre dollar fort », a affirmé M. Trump dans un tweet.

« Nos relations avec la Turquie ne sont pas bonnes en ce moment », a-t-il conclu.

Donald J. Trump

@realDonaldTrump

I have just authorized a doubling of Tariffs on Steel and Aluminum with respect to Turkey as their currency, the Turkish Lira, slides rapidly downward against our very strong Dollar! Aluminum will now be 20% and Steel 50%. Our relations with Turkey are not good at this time!

La Maison Blanche ayant déjà imposé en mars des tarifs douaniers supplémentaires à hauteur de 25% et 10% sur les importations d’acier et d’aluminium, cela signifie que ces produits seront désormais taxés à hauteur de respectivement 50% et 20%.

La livre turque enregistrait vendredi une spectaculaire baisse de 19% face au dollar sur la journée après l’annonce du président américain.

Son homologue turc Recep Tayyip Erdogan a exhorté dans la foulée ses concitoyens à changer leurs devises étrangères pour soutenir la livre turque, affirmant qu’il s’agissait d’une « lutte nationale » contre la « guerre économique » déclarée selon lui contre Ankara.

La décision de Trump intervient au moment où la Turquie est embourbée dans une grave crise diplomatique avec les Etats-Unis au sujet d’un pasteur américain détenu par Ankara. Ces deux alliés au sein de l’Otan se sont imposés, la semaine dernière, des sanctions réciproques contre des responsables gouvernementaux.

Une rencontre entre de hauts diplomates américains et turcs mercredi n’a débouché sur aucune avancée notable en vue d’apaiser les tensions.

Turquie : le bras de fer entre Erdogan et Trump provoque une crise financière

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VIDÉO – La valeur de la livre turque a fondu de près de 40% face au dollar et à l’euro depuis le début de l’année. Le président Erdogan appelle à une «lutte nationale», mais les marchés s’inquiètent de sa politique économique et des conséquences de la lutte douanière engagée avec les États-Unis.

Correspondante à Istanbul

La descente aux enfers s’accélère en Turquie. Ce vendredi après-midi, au moment même où le ministre turc de l’Économie dévoilait en direct son nouveau «modèle économique», un tweet de Donald Trump annonçant le doublement des taxes douanières sur l’acier et l’aluminium provoquait un nouvel effondrement de la livre turque. En l’espace de quelques minutes, la monnaie a ainsi de nouveau chuté de 6,66 livres pour un dollar à 6,99.

Donald J. Trump

@realDonaldTrump

I have just authorized a doubling of Tariffs on Steel and Aluminum with respect to Turkey as their currency, the Turkish Lira, slides rapidly downward against our very strong Dollar! Aluminum will now be 20% and Steel 50%. Our relations with Turkey are not good at this time!

Dans un discours prononcé à la mi-journée, le président Recep Tayyip Erdogan avait précédemment exhorté ses concitoyens à changer leurs devises étrangères pour soutenir la monnaie nationale. «Si vous avez des dollars, des euros ou de l’or sous votre oreiller, allez dans les banques pour les échanger contre des livres turques. C’est une lutte nationale», a-t-il lancé depuis Bayburt, dans le nord-est du pays. Un discours teinté de sa désormais habituelle rhétorique belliqueuse: la Turquie, a-t-il promis, «ne perdra pas la guerre économique». La veille, lors d’un déplacement sur les bords de la mer Noire, il s’était déjà appliqué à dénoncer les «nombreuses campagnes qui sont menées» (contre la Turquie). «S’ils ont leurs dollars, nous avons notre peuple, notre Dieu», avait-il insisté, en référence à la chute de la livre qui a perdu 40 % de sa valeur depuis le début de l’année.

Vent de panique

Mais les «formules magiques» n’offrent guère de solution miracle. «Allons-nous répondre à notre propriétaire que nous «avons notre Dieu» lorsqu’il réclamera le paiement du loyer?», s’insurge un employé turc sur son compte Twitter. «Aujourd’hui, c’est le jour où je reçois mon salaire. Espérons que mon patron ne va pas m’annoncer: J’ai mon Dieu!», ironise un autre. Irrités par les discours de leur président, nombre de Turcs le sont aussi par «l’amateurisme» de son gendre, Berat Albayrak, nouvellement désigné à la tête du portefeuille économique du pays.

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«Sa présentation PowerPoint n’était guère impressionnante, encore moins rassurante. On attendait bien plus d’un ministre de l’Économie», observe l’économiste turque Ozlem Albayrak (sans lien de parenté avec le ministre), en commentant son intervention du jour où ce dernier s’est engagé à réduire le déficit des paiements courants et à améliorer la confiance. La veille, un communiqué du ministère en avait déjà donné les grands axes: une limitation de la croissance du PIB entre 3 % et 4 % en 2019, contre 5,5 % prévus cette année par le gouvernement ; une réduction du déficit courant à 4 % – soit deux points de moins que le niveau attendu pour 2018 ; et enfin une réduction de l’inflation sous les 10 % aussi rapidement que possible. Cette dernière a atteint près de 16 % en juillet en rythme annuel.

«La plupart des économistes ne sont pas surpris par cette crise monétaire. À dire vrai, cela faisait des années que nous mettions en garde le gouvernement»

Ozlem Albayrak, économiste turque

La chute drastique de la livre turque, à l’agonie depuis plusieurs mois, s’explique en partie par l’actuelle crise diplomatique avec les États-Unis – la plus grave en quarante ans. La semaine dernière, Washington a pris la décision radicale d’imposer des sanctions contre son allié au sein de l’Otan, en visant directement deux ministres, celui de la Justice et celui de l’Intérieur. À l’origine de cette décision: la volonté de «punir» la Turquie pour la détention du pasteur américain Andrew Brunson. Accusé de «terrorisme» et «d’espionnage», ce dernier vient de passer un an et demi en prison et a récemment été placé en résidence surveillée pour la durée de son procès. Pour l’heure, les tractations diplomatiques n’ont permis ni d’apaiser les tensions, ni de rassurer les marchés. Bien au contraire.

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Les causes de la débandade économique sont en fait bien plus profondes. «La plupart des économistes ne sont pas surpris par cette crise monétaire. À dire vrai, cela faisait des années que nous mettions en garde le gouvernement. Depuis 2013, le modèle économique du parti au pouvoir, l’AKP (basé sur les crédits à la consommation et les grands projets d’infrastructure) ne fonctionne plus», estime Ozlem Albayrak. Ces derniers mois, les experts n’ont cessé d’appeler de leurs vœux une hausse des taux d’intérêt de la banque centrale pour enrayer l’inflation. Mais ils font face à l’opposition du président Erdogan, un «ennemi» autoproclamé des taux d’intérêt. Vendredi soir, un inhabituel vent d’inquiétude planait sur la place Taksim, au cœur d’Istanbul. «C’est la panique», concède Birben. Assise derrière la vitre d’un bureau de change, l’employée jonglait avec la chute infernale de la livre turque. «Ça change toutes les minutes, parfois toutes les secondes. Je n’ai jamais vu ça. Qui sait ce qui nous attend demain?», dit-elle.

lefigaro.fr

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