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Une révolution chez les arabes palestiniens

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Après des années de refus de coexistence avec Israël et un échec lié à cette posture, qui n’offrait aucun horizon, le discours palestinien est revu de fond en comble. La politique du Hamas est mise de côté voire rejeté. Ce qui est un des échecs de ce mouvement, et pourrait expliquer en partie la guerre de Mai 2021. Cette politique ne  reposait que sur une vision iranienne de la situation, au détriment des intérêts arabes palestiniens, qui souhaitent une approche plus pragmatique. Le risque d’être lâché tour à tour par tous les pays arabes, qui en fait les avaient enfermés dans une impasse, les Arabes palestiniens veulent s’émanciper de cette emprise, pour dialoguer enfin avec Israël, et obtenir à leur tour plus de reconnaissance et surtout une situation matérielle meilleure.

C’est dans ce contexte que se dessine une révolution due en grande partie aux Accords d’Abraham, qui marquent la fin des discours irréalistes soutenus en grande partie par les Occidentaux, qui se veulent jusqu’à présent plus royalistes que le roi. Souvenons-nous de Chirac, qui avait déconseillé à Arafat les accords avec Barak lui promettant des concessions plus importantes. La solution des deux états se meurt. RAAM, bouleverse tout. Pour peu que la situation des arabes israéliens s’améliore, c’est les arabes de Cisjordanie qui voudront suivre le même chemin. Le Hamas de moins en moins soutenu, même par le Qatar, le Hezbollah vomit au Liban, les satellites de l’Iran seront rejetés par leur population respective.

Mansour Abbas reste néanmoins un frère musulman, mais au lieu de vociférer ses objectifs, il se crée un chemin pour y arriver. Il sait d’où il part, il sait où il voudrait arriver, mais les chemins ne conduisent pas toujours au lieu de destination, car il ne marche pas seul.

RAAM va-t-il sortir les arabes des ornières de l’histoire ?

La participation d’islamistes palestiniens à la coalition gouvernementale en Israël s’inscrit dans une longue histoire de coopération plus ou moins avouée.

L’islamiste Mansour Abbas votant aux élections israéliennes du 23 mars 2021 (Mahmoud Illean, AP)

Pour la première fois dans l’histoire d’Israël, un parti identifié à la minorité palestinienne est officiellement associé à la coalition gouvernementale. La victoire est d’importance pour l’islamiste Mansour Abbas, à la tête de Raam, l’acronyme hébreu de la « Liste arabe unie ». Activement courtisé par Benyamin Nétanyahou, qui espérait grâce à lui demeurer au pouvoir, Abbas a finalement rallié ses quatre députés à Naftali Bennett, sans pour autant assumer un portefeuille ministériel. Même Itzhak Rabin avait insisté en 1992 pour avoir une « majorité juive » pour la paix, préférant gouverner avec les orthodoxes du Shas plutôt que de dépendre des voix des « partis arabes ». Que les islamistes de Raam aient brisé un tel tabou n’aurait cependant pas été possible sans une longue histoire de coopération plus ou moins discrète entre ce courant palestinien et Israël.

LA PRIORITE A L’ISLAMISATION

Les Frères musulmans sont bien implantés dans la « bande » de Gaza, où, en 1948, la guerre et l’exode concentrent un quart de la population arabe de Palestine. Le territoire est administré par l’Egypte, qui a refusé de l’annexer, à la différence de la Jordanie à Jérusalem-Est et en Cisjordanie. Gamal Abdel Nasser prend le pouvoir au Caire en 1952 avec l’aide des Frères musulmans, à qui il offre la mairie de Gaza, mais se retourne contre eux, deux ans plus tard. En 1956-57, la bande de Gaza est occupée par Israël durant quatre mois, à la faveur d’une offensive coordonnée avec la France et la Grande-Bretagne dans le canal de Suez. Les islamistes palestiniens se joignent au front commun de la résistance nationaliste, malgré une répression féroce, avec un millier de morts pour 330 000 habitants. Israël se retire sous la pression des Etats-Unis, mais occupe de nouveau la bande de Gaza en 1967, lors de la guerre des Six-Jours. Les Frères musulmans, dirigés à Gaza par le cheikh Ahmed Yassine, refusent cette fois d’adhérer à un front uni contre Israël.

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Yassine considère en effet qu’Israël, en humiliant Nasser, a d’une certaine manière vengé les islamistes des persécutions que le dirigeant égyptien leur avait infligées. Il estime surtout que la priorité doit aller à la réislamisation de la société palestinienne, punie de ses péchés par cette nouvelle occupation, plutôt qu’à la résistance nationaliste. Les autorités d’occupation comprennent le parti qu’elles peuvent tirer d’une telle discorde inter-palestinienne. Elles favorisent de plus en plus ouvertement Yassine, assistant en 1973 à l’ouverture de sa mosquée à Gaza, puis l’autorisant en 1979 à recevoir des financements étrangers. Ces facilités contrastent avec la répression méthodique menée à l’encontre de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine) et de ses réseaux. En 1980, les militaires israéliens restent ostensiblement passifs lorsque les islamistes attaquent des bastions du militantisme nationaliste. L’OLP dénonce en retour la collusion entre les Frères musulmans et l’occupant.

LE TOURNANT DU HAMAS

Lorsque éclate, en 1987, l’intifada, soit littéralement le « soulèvement » de la jeunesse palestinienne, Yassine comprend qu’une telle vague risque aussi de le balayer. C’est pourquoi il décide, du jour au lendemain, de transformer les islamistes palestiniens en « Mouvement de la résistance islamique », désigné sous son acronyme arabe de Hamas. Les Frères musulmans, qui accusaient jusque-là les nationalistes de l’OLP de ne pas être assez musulmans, les accusent désormais d’être prêts à des concessions envers Israël. Le Hamas se dote d’un bras armé, le Majd, confié à Yahia Sinouar, l’actuel chef du mouvement à Gaza, et élimine des dizaines de rivaux palestiniens, stigmatisés comme « collaborateurs » ou « corrompus ». Les militaires israéliens jouent évidemment de ces dissensions pour affaiblir l’intifada, même si Sinouar est arrêté en 1988 et Yassine en 1989. Il faut attendre 1991 pour que le Hamas bascule dans la « lutte armée » contre Israël, avec la création des brigades Ezzedine Al-Qassam, du nom d’un guérillero islamiste, tombé en Galilée en 1935.

En Israël même, le Mouvement islamique, également inspiré des Frères musulmans, profite de la tolérance des autorités en faveur des islamistes palestiniens, qui leur paraissent un contrepoids utile face à l’OLP. Il remporte plusieurs municipalités aux élections locales de 1989, mais se divise sur la participation aux législatives de 1996. Sa « branche Nord » refuse de cautionner ainsi les institutions israéliennes, tandis que sa « branche Sud » franchit le pas et en retire les bénéfices actuels, sous l’appellation de Raam. Ce courant légaliste se joint d’abord aux autres « partis arabes », lors de leur record historique de 2019, avec 15 députés à la Knesset, mais il choisit ensuite de faire cavalier seul. Officiellement, la rupture intervient sur la question de la place des homosexuels dans la société arabe, Raam campant sur une position bien plus rigide que ses partenaires progressistes. De fait, Mansour Abbas préfère négocier le soutien de ses seuls députés pour être le seul crédité des mesures à prendre en faveur de la minorité arabe.

Pour l’heure, Mansour Abbas reconnaît « avoir des préoccupations communes avec les partis juifs religieux et la droite conservatrice ». Un tel rapprochement au nom de valeurs partagées a beau sembler paradoxal, il est donc loin d’être une nouveauté dans l’histoire des islamistes palestiniens.

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Avraham

Au lieu de gaspiller cet héroïsme en France (pays Goy par définition et dont le processus de pourriture est irréversible) venez donc en Israël, votez à droite, enracinez vous au pays de nos racines. Vous y gagneriez et le pays y gagnerait.
En France tout le monde perd son temps…
Je dis ça non pas pour critiquer, mais pour utiliser vos talents à bien !

Vérité

Guidon : très bien dit!!!!

hervé

Je dois dire que les Juifs d’Israël ne font pas grand chose pour na pas passer pour des demeurés. Je discute souvent sur ce sujet avec de vrais Israéliens, des SABRAS, et qu’est-ce qu’ils me disent, il y a 45 ou 50 ans lorsqu’un Juif croisait un arabe dans la rue, ou se trouvait à proximité d’un arabe dans un bus, le Juif le regardait droit dans les yeux et c’est l’arabe qui regardait le sol, à l’heure actuel et ça date depuis des années, c’est le Juif qui baisse les yeux.
Est-que les Juifs de france en ont plus dans le pantalon? Certainement. Une anecdote vécue il y a quelques temps à la Synagogue de Nice pour l’anniversaire du décès du père d’un cousin. A la sortie alors que nous étions 4 hommes, les trois autres ont retiré la kippa et moi-même l’a gardée par inadvertance, étant très peu religieux, un passant nous a regardé en nous disant « attention, il y a des musulmans pas très loin » ni une ni deux, les trois hommes on remis leurs kippas sur la tête, nous avons croisés un groupe de mus, Nice en compte des centaines de milliers, mais là ils n’étaient que 6 ou 7, tout s’est bien passé, non seulement nous n’avons pas regardé le sol, mais les mus environ 20 et 30 ans, nous ont gratifiés d’un sourire.

Guidon

Le Monde continue son travail de propagande et prend les juifs pour des « demeurés ». Il cherche à nous endormir en nous faisant croire que les « palestiniens » seraient devenus plus réalistes et ne chercheraient désormais qu’à participer à la vie politique israélienne et ainsi obtenir des avantages matériels. Si certains arabes comme Ram sont prêts à « participer » à la vie politique et « mettent de côté leurs revendications », c’est seulement tactique et parce qu’ils pensent avoir détecter des failles dans le système politique et il faut dire que la saga électorale de ces deux dernières années les y a encouragé tout comme le Hamas et l’Iran. Et les émeutes dans les villes mixtes ainsi que les derniers affrontements déclenchés par le Hamas vont dans ce sens. Les uns comme les autres y ont vu des faiblesses suffisamment importantes pour croire que leur heure était venue. Et ce que fait Mansour Abbas va dans le même sens, mais il pense que les derniers événement ont été déclenchés trop tôt et qu’Israël doit être encore affaibli de l’intérieur pour pouvoir l’emporter. En fait, c’est la « communauté » internationale qui leur a redonné de l’espoir avec le sauvetage du Hamas et l’arrivée de Biden mais leurs prétentions et leurs revendications injustifiées n’ont jamais changé malgré les écrans de fumée de leurs complices qui veulent nous induire en erreur.