Une femme du PKK, principale suspecte de l’attentat d’Ankara
Members of emergency services work at the scene of an explosion in Ankara, Turkey, Sunday, March 13, 2016. Photo: AP
Membres des services d’urgence travaillant sur la scène d’une explosion à Ankara, Turquie, dimanche 13 mars, 2016. Photo: AP

 

ERBIL, Région du Kurdistan – Les forces de sécurité turque ont déclaré que l’une des attaquants suspects d’avoir déclenché l’explosion d’une voiture piégée dans la capitale turque à Ankara, dimanche était une femme, membre du Parti des Travailleurs du Kurdistan (PKK), selon les preuves qu’elles ont obtenues.

Les responsables ont déclaré à Reuters que cette femme est née dans la ville de Kars en 1992 et qu’elle a rejoint le PKK en 2013.

L’attaque de dimanche a frappé un quartier très populeux près des Ministères de la Justice et de l’Intérieur dans le centre de la capitale, tuant 37 personnes. Ce troisième attentat à la bombe à Ankara en l’espace de moins de 6 mois est le second en moins d’un mois.

Le Président turc Recep Tayyip Erdogan a dit qu’il « mettrait le terrorisme à genoux ».

Lundi, les avions de combat turcs ont bombardé 18 cibles en lien avec le PKK dans la région du Kurdistan à peine quelques heures après l’attaque, alors que la police menait des descentes dans la ville du Sud-Est d’Adana, arrêtant 38 membres suspects du PKK. Selon le site Anadolu, 15 autres suspects ont aussi été arrêté à Istanbul.

Par Rudaw 15 mars

Adpatation : Marc Brzustowski

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L’attentat meurtrier commis dimanche à Ankara est l’oeuvre d’une femme et un homme, tous deux liés au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), a-t-on appris lundi auprès de sources proches de la sécurité.

D’après ces sources, qui s’appuient sur les éléments recueillis sur les lieux du crime, la militante présumée, Seher Cagla Demir, née en 1992 et originaire de la ville de Kars, dans l’est de la Turquie, avait rejoint les rangs du PKK en 2013.

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Le corps du second suspect a été identifié comme celui d’un ressortissant turc lié au mouvement séparatiste kurde, a précisé un responsable des services de sécurité.

L’attaque à la voiture piégée qui a frappé dimanche un carrefour très fréquenté du centre d’Ankara a fait 37 morts, selon un nouveau bilan communiqué lundi matin par le ministre de la Santé, Mehmet Muezzinoglu. Soixante-et-onze blessés étaient toujours hospitalisés lundi matin, dont quinze dans un état grave.

Dès dimanche soir, deux responsables des services de sécurité avaient rapporté que les premiers éléments de l’enquête suggéraient l’implication du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), considéré par Ankara comme une organisation terroriste, ou d’un groupe affilié à celui-ci.

Une source policière avait déclaré pour sa part que l’attaque semblait avoir été perpétrée par deux personnes, un homme et une femme, dont une main tranchée par l’explosion a été retrouvée à 300 mètres environ de là.

SIMILITUDES AVEC L’ATTENTAT DU 17 FÉVRIER

La police turque a interpellé quatre personnes dans la ville de Sanliurfa, dans le sud-est de la Turquie, juste au nord de la frontière syrienne, après avoir établi que la voiture ayant servi à l’attentat avait été achetée dans cette localité. Les quatre personnes ont été transférées à Ankara.

La précédente attaque à la voiture piégée commise dans la capitale turque, le 17 février, avait été revendiquée par les Faucons de la liberté du Kurdistan (TAK), qui se présente comme une organisation dissidente du PKK.

Les explosifs utilisés dimanche soir sont du même type que ceux employés le mois dernier et des clous et des billes ont été ajoutés pour provoquer le maximum de dégâts, a ajouté une source policière.

Les attentats commis ces derniers mois à Ankara mais aussi à Istanbul, où le quartier touristique de Sultanahmet a été pris pour cible le 12 janvier, contribuent à déstabiliser la Turquie, membre de l’Otan, dont elle occupe le flanc sud-est, et frontalière de la Syrie.

Les autorités sont à la fois confrontées aux opérations des islamistes de l’organisation Etat islamique (EI) et à la reprise des violences contre les séparatistes kurdes, ces derniers concentrant leurs attaques sur les forces de sécurité. Le cessez-le-feu qui était observé depuis deux ans et demi dans le sud-est principalement kurde du pays a volé en éclats l’été dernier.

« Avec la puissance de notre Etat et la sagesse de notre peuple, nous éliminerons les racines de ce réseau terroriste qui vise notre unité et la paix », a commenté sur Twitter le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu.

Des chasseurs de l’aviation turque ont bombardé dans la nuit de dimanche à lundi des bases arrière du PKK établies dans le nord de l’Irak.

Un couvre-feu total a parallèlement été décrété à Sirnak, une ville du sud-est de la Turquie, afin d’y mener des opérations contre les séparatistes kurdes qui y sont implantés, ont annoncé les services du gouverneur de la province. Il entrera en vigueur ce lundi soir à 23h00 (21h00 GMT).

(avec Daren Butler et Asli Kandemir à Istanbul; Jean-Stéphane Brosse et Henri-Pierre André pour le service français)

Reuters

 

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Attentat d’Ankara : « La Turquie peut faire dire ce qu’elle veut à cette attaque »

Au lendemain de l’attaque-suicide qui a tué au moins 35 civils, Istanbul accuse le PKK, le parti des rebelles kurdes. Un ennemi que le régime turc pointe très souvent du doigt.

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Au lendemain d’un nouvel attentat à Ankara, la Turquie tient déjà les coupables. Le gouvernement turc a accusé, lundi 14 mars, le PKK, le parti des rebelles kurdes, d’être d’être à l’origine de l’attaque à la voiture piégée qui a tué au moins 35 civils dimanche soir à Ankara. Malgré l’absence de toute revendication immédiate, le Premier ministre Ahmet Davutoglu a assuré, sans surprise, que les enquêteurs disposaient d’éléments « très sérieux, quasi-sûrs »impliquant « l’organisation terroriste séparatiste ». Quelques heures après l’explosion, l’aviation turque répliquait, pilonnant les positions du PKK dans le nord de l’Irak.

Le régime turc, dirigé par Recep Tayyip Erdogan, est souvent prompt à condamner le PKK ou son cousin syrien, le PYD, comme en février aprèsune attaque contre des militaires pourtant revendiquée par un autre groupe kurde de Turquie, le TAK. « Il n’y a aucune différence entre Daech, le PKK ou le PYD », expliquait le chef de l’Etat en janvier après un attentat jihadiste à Istanbul.

Faut-il croire les autorités turques quand elles accusent le PKK et pourquoi l’organisation frapperait-elle des civils ? Francetv info a interrogé Olivier Grojean, maître de conférences en science politique à l’université Panthéon-Sorbonne et spécialiste des mouvements kurdes.

Francetv info : Quel crédit peut-on donner aux déclarations des autorités turques, qui mettent en cause le PKK dans l’attentat d’Ankara ?

Olivier Grojean : Ils ont peu de chances de se tromper en lançant ces accusations. Le dernier attentat à Ankara, en février, était certes l’œuvre du TAK, mais pour le régime, le TAK et le PKK sont la même organisation. Ont-ils raison ? Difficile à dire mais leurs objectifs sont aujourd’hui très convergents.

Un autre commanditaire possible serait l’Etat islamique, mais la méthode utilisée ressemble beaucoup plus à celle de l’attentat de février qu’aux méthodes des jihadistes. Quant à la gauche radicale turque, ses opérations ont rarement été aussi meurtrières ces dernières années.

Cet attentat ressemble-t-il au type d’action dont le PKK est habituellement responsable ?

Le PKK ne s’en prend pas beaucoup aux civils : il cherche à avoir une image présentable sur la scène internationale et était engagé dans un mouvement de réforme qui le conduisait à modérer ses discours. Les attaques-suicides, même celles du TAK, ont toujours visé des militaires et des cibles de l’Etat, jamais des civils. Ce serait le signe d’un processus de radicalisation très puissant. Mais le PKK n’est pas monolithique. Peut-être qu’une frange de l’organisation a vraiment décidé d’en découdre. Qu’il soit derrière cet attentat m’étonne, mais je ne vois pas vraiment d’alternative.

Comment expliquer une telle action, qui ne pouvait que déclencher des représailles de la Turquie ?

Il peut y avoir des dissensions internes, liées à un certain échec de leur stratégie. Le PKK n’a toujours aucun allié sur la scène internationale et il n’y a plus aucune porte ouverte aux négociations avec la Turquie, qui bombarde le PKK en Irak et ses alliés en Syrie. Il est acculé et a pu chercher, par une opération spectaculaire, à montrer sa force de nuisance.

Mais je reste dubitatif sur les objectifs de cette attaque, qui fait le jeu de la Turquie. Le PKK donnerait tous les éléments aux autorités turques pour pouvoir réprimer. Cela pouvait être une stratégie pertinente dans les années 1990, où la répression conduisait à plus de mobilisation, mais aujourd’hui le PKK n’a plus besoin de ça.

Après l’attentat de février, les autorités turques avaient été promptes à accuser le PYD et le PKK, sans doute à tort. Peuvent-elles, cette fois encore, entretenir le flou pour mieux accuser le PKK ?

En février, les autorités ont clairement joué sur l’ambiguïté pour accuser le PYD syrien, ce qui leur a donné les arguments pour commencer à les bombarder en Syrie. Elles pourraient faire dire ce qu’elles veulent à cet attentat, car la presse est muselée et elles exercent un contrôle sur les réseaux sociaux.

Les informations sur les enquêtes sont donc rares. La jeune kamikaze de dimanche aurait été identifiée grâce à sa main. Que les autorités aient déjà ses empreintes et puissent la retrouver si rapidement, ça semble toujours étonnamment facile. Mais il est vrai qu’il arrive qu’une enquête aille vite.

Cet attentat risque-t-il de remettre en cause le soutien de pays occidentaux aux combattants kurdes en Syrie et en Irak et faire le jeu de l’Etat islamique ?

On peut soutenir les peshmergas en Irak sans soutenir le PKK. Et je pense que les Etats, comme les Etats-Unis, qui soutiennent le PYD en Syrie, vont continuer à dire qu’il s’agit d’organisations très différentes. Dans la réalité, ce sont deux organisations sœurs et des cadres du PKK sont présents en Syrie, mais elle restent distinctes. Mais plus la Turquie s’enfonce dans la guerre civile, plus ça fait les affaires de l’Etat islamique, qui est dans une stratégie d’y provoquer un chaos pour affaiblir le pays, comme l’ont montré ses attentats l’an dernier.

Source : francetvinfo.fr

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JeanD

Le plus probable est une manipulation des services secrets Turques,
afin d’avoir les mains libre pour pouvoir frapper tranquillement les Kurdes,
ce que la Turquie ne se prive déjà pas de faire en tuant beaucoup de
civiles Kurdes…

D’une façon, pour le gouvernement Turque, les civiles Kurdes ne comptent pas…
Aucun respect pour les vies humaines !!!

Même si c’est des Kurdes qui ont commis cet attentat injustifiable…
C’est bien malheureusement parce que le Président Recep Tayyip ERDOGAN,
à tout fait pour créer la guerre civile en Turquie, en jouant l’islamo-nationalisme
en Turquie, et en soutenant les groupes Musulmans extrémistes…

Cet homme est un petit « Néron », un pompier pyromane…
Il est entrain de détruire complètement la Turquie,
au nom d’une vision de l’ islam, « sataniste » !
Car on ne voit pas en quoi, par sa politique sanguinaire et suicidaire,
le dieu de l’islam est glorifié ?!