Les autorités françaises arraisonnent un navire de commerce russe au large du Pas-de-Calais

Depuis que le président russe, Vladimir Poutine, a décidé de lancer une offensive de grande ampleur contre l’Ukraine, les sanctions qui s’appliquaient déjà à la Russie pour ses actions passées ont été renforcées par les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Union européenne, l’objectif étant de l’asphyxier financièrement, notamment en l’empêchant de lever des capitaux auprès des Occidentaux et de financer sa dette.

L’objectif, comme l’a expliqué Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, est « d’isoler financièrement la Russie et d’assécher les financements » de l’économie russe. « Je ne suis pas sûr que le président Poutine a pris la mesure de l’ampleur des sanctions décidées. Il s’agit d’asphyxier le fonctionnement de la Russie », a également affirmé Jean-Yves Le Drian, son collègue des Affaires étrangères. « Le paquet des mesures annoncées est tout à fait spectaculaire. Il correspond à la gravité de la situation », a-t-il insisté.

À court terme, de telles mesures risquent de ne pas produire l’effet escompté. D’abord par la Russie pourra se tourner vers d’autres partenaires [à commencer par la Chine] pour trouver d’autres sources de financement et que ses finances publiques sont saines, avec une dette publique inférieure à 20% de son PIB.

« L’économie russe dispose toujours de marges de confort macro-économiques et financières appréciables. […] Les finances publiques conservent des marges de manœuvre considérables avec un budget qui devrait retrouver l’équilibre en 2021 [après un déficit de 3,8% du PIB en 2020] et une dette de 17,5% du PIB à fin octobre 2021. Les réserves de change et le Fonds souverain atteignent respectivement 622,5 Md USD et 185,2 Md USD au 1er décembre 2021 », souligne ainsi une note de la Direction générale du Trésor.

Par ailleurs, et s’il n’est pas question, pour le moment, de couper l’accès de la Russie au système interbancaire SWIFT [l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche, la Slovaquie, la Lettonie, la Hongrie et Chypre s’y opposent], d’autres sanctions visent à limiter les importations russes de « technologies cruciales », à geler les avoirs de personnalités proches du Kremlin, et à interdire des financements européens à des entreprises publiques.

Quoi qu’il en soit, c’est dans le cadre de ces sanctions que, dans la nuit du 25 au 26 février, les autorités françaises ont décidé d’arraisonner le cargo russe Baltic Leader au large du Pas-de-Calais, alors qu’il venait d’appareiller de Rouen pour rejoindre Saint-Petersbourg.

Ce navire a été intercepté lors d’une opération ayant mobilisé le patrouilleur de service public [PSP] « Cormoran », de la Marine nationale, la vedette côtière de surveillance maritime « Scarpe », de la Gendarmerie maritime, et le patrouilleur des Douanes « Jacques Oudart Fourmentin ».

Selon la préfecture maritime, le « Baltic Leader » est « fortement soupçonné d’être lié à des intérêts russes visés par les sanctions » décidées par l’UE contre Moscou. Ce navire jaugeant plus de 8000 tonnes [pour 127 mètres de long] a été dérouté vers Boulogne-sur-Mer, où il doit faire l’objet de « vérifications ».

Cela étant, face aux sanctions, la Russie a prévenu qu’elle prendrait des mesures pour y riposter. « À quel point elles seront symétriques ou asymétriques, cela va dépendre de l’analyse des restrictions », a ainsi déclaré Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin.

Car, selon une autre note de la Direction générale du Trésor, « avec plus de 500 filiales françaises implantées dans des domaines variés [dont 35 entreprises du CAC 40], la France est le premier employeur étranger en Russie [160’000 salariés] », notamment dans les secteurs de « l’agroalimentaire, la finance, la distribution, l’énergie, l’automobile, la construction / services urbains, les transports, l’aéronautique-spatial et la pharmacie ».

Et d’ajouter : « Hors zones à fiscalité attractive, la France était au 1er octobre 2020 le 2ème investisseur étranger en stock [16,8 Md USD] après le Royaume-Uni [27,7 Md USD] et devant l’Allemagne [16,6 Md USD] et le 2ème investisseur étranger en flux [1,1 Md USD] derrière le Royaume-Uni [5,2 Md USD] au cours des trois premiers trimestres 2020 ». En revanche, la Russie investit peu en France, n’y comptant qu’une trentaine d’entreprises, employant 3’500 personnes, « essentiellement concentrées chez le principal investisseur RZhD qui a racheté GEFCO [transport et logistique] en 2012 ».

Photo : © Marine nationale / Elisabeth Vanessa

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