Une minute de silence observée en mémoire de Samuel Paty. © Photo NR

A Tours, capitale de la France en 1870, fut pris un décret historique

Publié le | Mis à jour le 

Pendant trois mois, à l’automne 1870, Tours fut la capitale de la France. Les juifs d’Algérie y devinrent français grâce au décret du ministre Crémieux.

Moins connue que la signature qui consacra la naissance du Parti communiste à Tours, en 1920, la promulgation du décret Crémieux le 24 octobre 1870 fut pourtant un épisode prépondérant de l’histoire locale et nationale.
Ce jour-là, à Tours, le ministre de l’Intérieur, alors membre du Gouvernement de la défense nationale (il sera également député de Chinon pendant neuf ans), signe un décret qui donne aux 35.000 juifs d’Algérie la nationalité française.
Un événement qui ne pouvait pas passer inaperçu aux yeux du président de la communauté juive d’Indre-et-Loire, par ailleurs professeur émérite d’histoire.
Mêlant dans une même journée de réflexion, l’angle local et le contexte national qui présida à cette promulgation, Paul Levy a réuni hier, à l’hôtel de ville de Tours, de nombreuses personnalités autour du grand rabbin de France, Haïm Korsia (*).
L’occasion de rappeler que la préfecture d’Indre-et-Loire avait été, pendant trois mois, la capitale de la France.
Une douzaine d’ambassades installées à ToursMac-Mahon vient alors de capituler après la bataille de Sedan et le 4 septembre, à l’initiative de Gambetta, la République est proclamée.
S’en suit la constitution d’un Gouvernement de la défense nationale en exil. En quelques jours, Tours, choisie pour sa position stratégique, est prise d’assaut.
Comme l’expliquera Jean-Luc Porhel, conservateur en chef du patrimoine, « des milliers d’émigrants arrivent à Tours, provoquent un encombrement énorme sur les chemins de fer déjà surchargés de transports militaires. Les grands hôtels de la ville sont rapidement complets. »
Situation qui s’aggrave avec l’arrivée du gouvernement, de plusieurs administrations nationales et l’installation d’une douzaine d’ambassades hébergées chez des particuliers, faute d’espaces libres dans la commune du maire Eugène Goüin.
A ce propos, on notera l’accueil chaleureux accordé par l’archevêque de Tours, Mgr Guibert, au juif franc-maçon Adolphe Crémieux, installé confortablement au rez-de-chaussée de l’archevêché.
Leur union sacrée, sur fond de crise immobilière, illustrera le grand pas, fait à Tours, pour « ces israélites indigènes du département d’Algérie qui évoluaient loin de la modernité et qui allaient pouvoir vivre fraternellement dans une République réenchantée, réinventée. »
(*) Organisée en partenariat avec la Ville de Tours, en présentiel et en visioconférence, cette journée dont Jacques Attali fut le grand témoin a permis à de nombreux universitaires de témoigner. Dans la salle des mariages, on notait la présence de Salah Merabti, président de la communauté musulmane de Tours et de Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours.

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