BEVERLY HILLS, CALIFORNIA - JANUARY 10: Steven Spielberg attends the 80th Annual Golden Globe Awards at The Beverly Hilton on January 10, 2023 in Beverly Hills, California. Amy Sussman/Getty Images/AFP (Photo by Amy Sussman / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP)

Pourquoi il faut voir The Fabelmans, la plongée en enfance de Steven Spielberg

The Fabelmans sort aujourd’hui au cinéma. Et c’est une belle pépite.

PAR ALBERTO SISÍ SÁNCHEZ

Steven Spielberg à la Berlinale où il va se voir remettre un Ours d'Or d'honneur pour l'ensemble de sa carrière.

Steven Spielberg à la Berlinale où il va se voir remettre un Ours d’Or d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. ANNEGRET HILSE / REUTERS

Après Alfonso Cuarón avec Roma et Kenneth Branagh avec Belfast, c’est au tour de Steven Spielberg d’explorer son enfance dans The Fabelmans. Ce récit semi-autobiographique suit un jeune garçon de l’Arizona dans les années 50, lorsqu’il fait la découverte d’un terrible secret familial. Si le réalisateur insiste sur le fait qu’il n’y a que peu de similitudes avec sa propre histoire, il ne fait néanmoins aucun doute qu’il signe là son œuvre la plus personnelle. Présenté au Festival du film de Toronto, où il a remporté le prix du public, The Fabelmans rafle le prix du meilleur film aux Golden Globes 2023 et pourrait bien être le favori des prochains Oscars.

De quoi parle le film The Fabelmans ?

Le jeune Sammy Fabelman découvre un secret de famille qui pourrait bien être dévastateur, et décide alors de poursuivre son rêve de devenir cinéaste, convaincu que le pouvoir du cinéma peut l’aider à accepter la vérité. Le film met en vedette Michelle Williams dans le rôle de Mitzi, la mère pianiste du jeune Sammy. Paul Dano tient le rôle de son père Burt, ingénieur en informatique. Seth Rogen incarne le meilleur ami de ce dernier, Bernie. Quant au personnage principal, Sammy, il est campé par le très prometteur Gabriel LaBelle. Au fil du récit, on croise également Judd Hirsch et Jeannie Berlin.

The Fabelmans

The Fabelmans Universal Pictures

Pourquoi il faut absolument aller le voir au cinéma

Un an après son remake de la célèbre comédie musicale West Side Story, Steven Spielberg revient avec The Fabelmans, un long-métrage intime et personnel qui ne manquera pas de vous émouvoir. Le film est sublimé par une bande-son douce et méditative signée John Williams. Et il est déjà un sérieux candidat aux récompenses : il vient de remporter les prix du meilleur film dramatique et de la meilleure réalisation aux Golden Globes 2023. Aussi, les premiers pronostics pour les Oscars 2023 suggèrent en effet que Michelle Williams et Paul Dano pourraient être nommés dans les principales catégories d’acteurs.

Michelle Williams, ses clefs pour percer le mystère de la mère de Steven Spielberg

 

Dans The Fabelmans, Michelle Williams incarne la mère, l’excentrique et généreuse, de Steven Spielberg. Merie Weismiller Wallace/Universal Pictures International France

Avec cette interprétation qu’elle a pris très à cœur, Michelle Williams a décroché une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice.

«Recréer l’enfance de quelqu’un, prêter ses traits à ses parents décédés depuis plusieurs années, c’est se transformer en fantôme et le hanter. C’est se glisser dans un lieu délicat et fragile», s’émerveille Michelle Williams, qui n’en revient toujours pas d’avoir joué les esprits frappeurs auprès de son idole Steven Spielberg, le réalisateur qui lui a ouvert les portes de l’imaginaire et du monde avec L’Empire du soleil. «J’étais bien trop jeune pour saisir la profondeur de ce portrait d’un gamin anglais habitant Shanghaï pris dans l’entrée en guerre du Japon contre l’Occident en 1941, se souvient-elle. Mais la magnitude de ce récit m’a secouée. Ayant grandi dans une petite ville du Montana, voyant le monde de ma chambre, je n’avais pas idée que le globe puisse être aussi vaste. Ce film m’a fait sentir vivante, m’a fait comprendre ma petite place dans l’ordre des choses et tout ce que le cinéma peut nous apprendre sur nous-mêmes.»

Découverte dans la série pour adolescents Dawson, bouleversante dans Le Secret de Brokeback Mountain, Blue Valentine, Manchester by the Sea, la comédienne de 42 ans a été le choix du réalisateur d’E.T., l’extraterrestre pour incarner sa mère. L’excentrique et généreuse Leah, rebaptisée Mitzi dans The Fabelmans.

Si elle espérait un jour pouvoir être devant la caméra du maestro – «J’ai travaillé toute ma vie pour être prête à cette collaboration» -, la rencontre virtuelle sur Zoom avec Steven Spielberg en plein confinement l’a prise de court. «On ne m’avait pas promis de rôle. Il partageait des souvenirs de sa jeunesse. J’ai mis longtemps à comprendre qu’il me proposait de jouer sa mère. J’ai éclaté de rire et en sanglots en même temps.»

Mimétisme confondant

Pour la guider dans cette métamorphose, Steven Spielberg lui raconte mille anecdotes, lui donne accès aux archives vidéo familiales, aux photos, aux enregistrements des sessions de piano de Leah. «Ce qui m’a d’abord frappée, c’est le personnage qu’elle s’était créé. Avec son col Claudine, ses salopettes hors d’âge, ses ongles et lèvres rouge, elle était en représentation», note Michelle Williams, qui a eu du mal à se défaire du rôle, arborant encore durant la tournée promotionnelle du film une allure vestimentaire et une coupe à la garçonne rétro.

L’actrice a percé le mystère de Mitzi en se repassant à chaque début de prise des extraits sonores où Leah rit aux éclats. «Ses trilles me remplissaient. C’était sa signature. Elle riait de tout son corps, des cheveux jusqu’au doigt de pied. Elle ne ratait jamais une occasion, c’était communicatif. Elle vivait pour faire rire les autres.» Le mimétisme est si confondant qu’au premier jour de tournage Steven Spielberg éclate en sanglots à la vue de ses interprètes et se réfugie dans les bras de Michelle Williams et Paul Dano, qui joue son père, Burt.

«Je n’imagine pas le courage dont Steven a dû faire preuve pour ouvrir sa psyché. Le conteur qui a façonné notre enfance nous laisse voir en lui, salue Michelle Williams, touchée par le portrait qu’il fait de sa mère. Elle a décidé de partir, ce qui a brisé la vie de Steven et de ses sœurs. Pourtant, dans The Fabelmans, il la ressuscite sans volonté de la punir ou de la juger. Il ne cherche pas à l’enfermer dans ce rôle de mère, qui ne lui suffisait pas.»

De Mitzi-Leah, la comédienne, fréquente collaboratrice de la réalisatrice minimaliste Kelly Reichardt, retient la capacité d’enraciner la création dans le foyer. «Elle n’a pas cherché à séparer son tempérament artistique et son rôle de matriarche. Elle a transmis ses passions à son fils et à ses filles et a fait de leur enfance une œuvre d’art. Cela a été une révélation dont j’entends faire profiter mes trois rejetons. Si vous rendez leur enfance à ce point riche et merveilleuse, cette période devient un moment clé formateur de la vie où tout devient possible. Cette force vous accompagne votre existence durant, vous inspire et vous façonne», veut croire l’actrice.

Nomination à l’Oscar de la meilleure actrice

Ce n’est pas le seul legs qu’elle doit à The Fabelmans, qui lui vaut une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice. «J’ai commencé à jouer parce que j’étais à la recherche d’une famille, de connexions profondes en dehors de mon milieu. En sortant de l’adolescence, je désirais l’authenticité la plus absolue pour accumuler de l’expérience à travers mes rôles. J’ai immédiatement gravité autour du cinéma spartiate et vrai de Kelly Reichardt. Elle racontait des tranches de vie qui me parlaient. Dans le même temps, j’étais envieuse des acteurs capables de disparaître dans un rôle, de se métamorphoser au point de ne pas laisser la place à une autre interprétation et projection que la leur. Aller vers ce style expressionniste m’a demandé beaucoup d’efforts, moi qui n’ai jamais eu d’éducation formelle. Steven Spielberg m’a emmenée vers les mêmes sommets que Kelly. Je leur dois énormément.»

JForum avec Sandra Proutry-Skrzypek   www.vogue.fr (Article initialement publié sur Vogue Espagne) et Constance Jamet  LeFigaro

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