Nous le savions, les clashs constituent la machine à cash du rap français. Personne n’a échappé aux images de la bagarre entre Booba et Kaaris, deux rappeurs rivaux, qui a éclaté ce mercredi après-midi à l’aéroport d’Orly Ouest, en salle d’embarquement numéro 10. Les images de l’affrontement pourraient n’être qu’une opération marketing bien pensée.

En recourant désormais à des mises en scènes violentes, ces rappeurs s’efforcent de conserver l’attention de leurs publics. Une stratégie judiciairement risquée mais financièrement ultrarentable.

Faire du buzz pour faire monter les audiences est une priorité pour les producteurs de rap qui sont assoiffés d’audience, clé de leurs revenus.

Cette mise en scène a choqué la plupart des Français qui ont multiplié les messages outrés sur les réseaux sociaux face à ces comportements inacceptables mettant en danger le public présent dans l’aéroport. Les fans des deux rappeurs ont quant à eux été amusés, chacun revendiquant « la victoire » de son « leader ».

Ces deux figures du rap français qui s’affrontaient jusque-là par insultes sur les réseaux sociaux en se clashant ont choisi d’aller plus loin.

Ces rappeurs ont compris que si rythmer leurs journées par des clashs était un bon moyen de faire de l’audience, il fallait trouver un meilleur moyen d’assurer leur notoriété et leur visibilité.

Pour ces cyniques, soyons clairs, qu’on parle d’eux en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle d’eux!

Faire du buzz pour faire monter les audiences est une priorité pour les producteurs de rap qui sont assoiffés d’audience, clé de leurs revenus. Ils poussent donc leurs artistes à miser sur des mises en scène toujours plus brutales et choquantes renvoyant à leur image de bad boy.

Les producteurs de rap mettent tout en œuvre pour attirer du public auprès des artistes qu’ils produisent. Cette grossière comédie est une mise en scène brutale qui ne sert qu’un objectif: gagner de l’argent.

L’un des deux rappeurs confessait lui même il y a quelques années que « Vivre de la musique n’a jamais été un rêve. Je me suis toujours dit que c’était un business. »

Plus la violence est écrite sur le front de ces rappeurs, mieux c’est pour leur production.

Voilà l’unique sens de cet affrontement grotesque. Plus ils font parler d’eux, plus les vues de leurs vidéos augmentent et plus leur rémunération s’accroît. Pour ces rappeurs « Bad buzz is good buzz » (« Même une mauvaise pub est une bonne publicité »).

Le tempo infernal dicté par les chaines d’information en continu et les réseaux sociaux garantissent une médiatisation et une visibilité digitale importante à ces mises en scène.

Le storytelling et ses artifices viennent désormais combler la navrante désuétude des textes de ces rappeurs en mal de visibilité. Ils ont substitué la mise en scène sauvage à la qualité des textes qui ont fait leur réputation, reniant par là même ce qu’était le rap: un travail d’affinage du texte et des rimes.

Un simple clash comme il en existe chaque jour sur les réseaux sociaux ne rapporte malheureusement plus assez. Les rappeurs l’ont compris. Il est vrai que le clash n’est qu’un pur produit de notre époque qui s’est banalisé notamment avec la téléréalité. Ils cherchent donc autre chose pour marquer les esprits.

Le tempo infernal dicté par les chaines d’information en continu et les réseaux sociaux garantissent une médiatisation et une visibilité digitale importante à ces mises en scène, servant par là même, les intérêts financiers de ces artistes dont les communicants savent que la période estivale leur offre toujours un effet amplificateur en période d’actualité creuse.

Artistes ou Racailles? Businessmen d’abord! Faire parler de soi sur internet pour un artiste n’est généralement pas gratuit. En l’occurrence, cela risque de leur coûter cher.

Florian Silnicki Fondateur de l’agence de communication LaFrenchCom’, expert en communication de crise

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