Partons du postulat que des terroristes de l’état islamique attaquent une patrouille militaire israélienne le long de la frontière syrienne. Ils essaient sans succès de kidnapper un soldat israélien, et ils en tuent quatre autres. Un poste de contrôle jordanien posté à cette frontière est frappé aussi, et l’État islamique affirme détenir le contrôle de la province de Deraa, au sud de la Syrie.

Comment Israël et d’autres acteurs clés vont-ils répondre à cette agression ?

Dans un jeu de guerre qui s’est joué à l’INSS la semaine dernière, les intéressés ont riposté, mais avec prudence. Les joueurs qui représentaient Israël et la Jordanie ont voulu éviter une bataille rangée contre les terroristes – ils ont laissé le leadership aux Etats-Unis .

Cet exercice de simulation a été orchestré par l’Institut israélien pour les études de sécurité nationale (INSS) dans le cadre de sa conférence annuelle. Le résultat illustre la réalité paradoxale du conflit contre l’Etat islamique: Israël et la Jordanie agissent avec prudence et retenue, dans l’espoir d’éviter d’être entraînés profondément dans la guerre syrienne chaotique, alors même que les Etats-Unis intensifient leur implication.

« Nous croyons tous que le maintien d’Israël hors du conflit est important », a déclaré Brig. Gen. Assaf Orion, un officier à la retraite qui a servi comme chef du personnel de planification des Forces de défense israéliennes. Il a dirigé l’équipe israélienne dans la simulation. Dans ce jeu de guerre, Israël a riposté à l’assassinat de ses soldats, mais évité des opérations militaires majeures de plus d’envergure.

Quant à la Jordanie, elle aussi a voulu éviter l’escalade. Les joueurs qui représentaient la Jordanie n’ont pas  voulu envoyer leurs propres troupes en Syrie. Ils s’inquiètent de l’arrivée  de davantage de réfugiés infiltrés par des cellules terroristes dormantes, à l’intérieur de la Jordanie. Au cours du jeu, ils ont démontré qu’ils espéraient que les forces conjuguées de la puissance militaire de la Russie et du régime syrien pourraient venir à bout du conflit et aboutiraient à l’éviction de la présence de l’État islamique dans le sud de la Syrie. Ils avaient l’air de ne pas trop compter sur le leadership des États-Unis, doutant de sa fiabilité.

Qui a joué le rôle des Etats-Unis?  John Allen, général des Marins à la retraite qui jusqu’à encore tout récemment était coordinateur de la stratégie de la coalition menée par les USA contre l’Etat islamique, a joué la partition américaine. Les États-Unis dans ce contexte, considèreraient la sécurité israélienne et jordanienne comme un intérêt national vital, a-t-il dit, et enverrait ses avions de guerre en représailles contre les attaques commises contre ses alliés. Or l’engagement militaire américain, dans la simulation comme dans la réalité, dépend plus en plus des autres.

Si vous n’aimez pas cette version simulée de la guerre, vous l’aimerez encore moins dans la vie réelle. Il y a un consensus croissant disant que l’État islamique représente une menace grave pour l’ordre régional et même international; un ancien haut responsable israélien a décrit le conflit avec le califat comme «Troisième Guerre mondiale. » Mais la plupart des joueurs voulaient toujours pouvoir compter sur le bouclier de l’Amérique alors que les États-Unis ne sont plus les maîtres des combats sur le terrain.

Une visite au siège de l’armée israélienne a confirmé que ce jeu de guerre était une simulation  reflétant fidèlement la façon dont les dirigeants militaires israéliens voient le conflit. Plutôt que d’attaquer frontalement les forces de l’Etat islamique le long de ses frontières nord et est, Israël poursuit une politique de dissuasion, de confinement pour maintenir le calme, a déclaré un responsable militaire israélien de haut rang. Il a pointé que si Israël voulait mener des attaques tous azimuts sur terrain contre les forces de l’Etat islamique dans le sud de la Syrie et dans la péninsule du Sinaï, il pourrait les anéantir en trois ou quatre heures. « Mais que ce passerait-il le lendemain? » Demanda ce responsable militaire israélien. «Pour l’heure nous pensons que ce serait pire. Donc, nous essayons de les dissuader. « 

Les Israéliens ne veulent pas déranger le nid de frelons qu’est l’État islamique. Est-ce une option mesurée  similaire à celle des Etats-Unis ? La plupart des responsables israéliens disent que non. Ils font valoir que les États-Unis sont une superpuissance, et que si elle veut conserver le leadership dans la région, elle doivent mener le combat pour faire reculer l’État islamique.

L’objectif de la conférence à l’INSS était de montrer que les règles du jeu changent au Moyen-Orient. Les alliances se défont ; un califat auto-proclamé a pris racines profondément en  Syrie et en Irak et affermi  maintenant sa présence dans de nombreux autres pays à travers le monde;  l’Iran chiite utilise les forces de ses proxy pour déstabiliser presque tous les États arabes; l’ordre ancien incarné par les dynasties séculaires des Moubarak, Assad et AFIS Gadd est rompue.

Les Israéliens sont en désaccord entre eux sur presque tous les sujets politiques, mais sur la question stratégique, ils s’accordent à dire que l’éclatement des Etats du Moyen-Orient semble irréversible et  l’instabilité dans cette région chronique, etva persister  de nombreuses années. Échapper à ce conflit sera impossible. Alors réfléchissez bien comment vous voulez faire la guerre dans ce que le responsable militaire israélien a appelé l’œil du cyclone au « centre d’une centrifugeuse. »

David Ignatius

Washington Post

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Richard

Bibi tient bien la barre, et naviguer c’est tout l’art d’esquiver les vagues que beaucoup s’acharnent à envoyer contre Israël, mais bon le monde est clos, et les vagues repartent souvent d’ou elles viennent surtout quand elles se heurtent à quelques choses de dur.

Ratfucker

Pourquoi bombarder Daesh? Pour servir le Hezbollah?

IohananHaïm

pas besoin d’être brigadier général pour comprendre
que quand des arabes se tapent dessus
il vaut mieux les laisser faire
:o)