La France commémore pour la première fois, mercredi, le génocide des Arméniens. Ce geste ravit les Arméniens mais attire les foudres de la Turquie. « Reconnaître son passé » est la meilleure chose qui peut arriver à la Turquie », assure un historien.

Pour la première fois de son histoire, la France s’apprête à commémorer, mercredi 24 avril, le génocide des Arméniens.

Il y a deux mois, Emmanuel Macron avait annoncé, lors du dîner annuel du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF), avoir retenu la date du 24 avril pour se souvenir de ce pan tragique de l’histoire européenne.

Cette date correspond à la rafle et la déportation de plusieurs centaines d’intellectuels arméniens le 24 avril 1915 à Constantinople.

Dans la nuit du 24 avril 1915, le préfet de police de Constantinople (devenue Istanbul en 1930) ordonne l’arrestation de l’élite arménienne de la ville. Quelque 600 intellectuels sont exécutés en quelques jours.

Dans les mois suivants, les populations arméniennes sont prises pour cible sur l’ensemble du territoire ottoman. Ce génocide, le premier du XXème siècle, a tué plus de 1,5 million d’Arméniens de manière systématique à la fin de l’Empire ottoman entre 1915 et 1917, selon Erevan. La France a reconnu officiellement en 2001 le génocide des Arméniens.

 

 

Pour Raymond Kéworkian, historien et enseignant à l’Institut français de géopolitique, « les Arméniens ont été éliminés au nom du nationalisme, maladie qui a irrigué toute l’Europe, qui consistait à vouloir purifier la nation. On voulait créer un État-nation turc avec l’idée d’exclusion des corps étrangers, des ‘microbes’, c’est le terme que l’on employait à l’époque », indique-t-il dans un entretien accordé à France 24.

La colère d’Ankara

Cette commémoration ne passe pas en Turquie. Dans un communiqué, le ministère turc des Affaires étrangères a fustigé le 11 avril la décision de la France de consacrer la journée du 24 avril à la commémoration du génocide des Arméniens, quelques heures après la publication d’un décret confirmant cette promesse de campagne du chef de l’État français. « L’attitude de la France, qui est loin d’être amicale, aura inévitablement un impact négatif sur ses relations avec la Turquie », a-t-il réagi.

Le 12 avril déjà, à l’ouverture de la réunion, le président du parlement turc, Mustafa Sentop, a accusé la France de « manipuler l’histoire » et lui a imputé la responsabilité des massacres commis en Algérie à l’époque coloniale et au Rwanda.

L’Italie dans le viseur de la Turquie

Ankara s’en est également pris à l’Italie, et a tout aussi violemment critiqué l’adoption par la chambre des députés italiens, le 10 avril, d’une motion appelant le gouvernement italien à reconnaître le génocide des Arméniens.

« Ce n’est pas surprenant que cette motion ait été rédigée par La Ligue, le parti dirigé par Matteo Salvini qui est engagé dans une opération de sabotage des relations entre la Turquie et l’Italie », a estimé le ministère turc des Affaires étrangères.

 

La Turquie reconnaît qu’un grand nombre d’Arméniens ont été tués par les Turcs durant cette période mais conteste l’idée de « génocide ».

« La différence entre la reconnaissance d’un massacre et d’un génocide est de taille, explique Armelle Charrier, chroniqueuse internationale de France 24. Un génocide est une terminologie légale d’une extermination qui a été pensée, organisée et demeure systématique ».

Aujourd’hui, « l’État turc, qui fait encore porter des noms de rues et d’écoles de ses criminels, n’arrive pas à assumer son histoire. Reconnaître son passé est la meilleure chose qui peut arriver à la Turquie, c’est ce qui lui permettra de se démocratiser plus vite », conclut Raymond Kéworkian dans un entretien accordé à France 24.

Avec Reuters et AFP

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