Nous avons souvent tendance à ne pas croire ce que nous disent les hommes politiques, surtout lorsqu’ils exposent leur volonté de changer le cours de l’histoire. Or l’expérience nous montre que, plus souvent qu’on ne le croit, on trouve dans les premiers écrits ou les discours de début de mandat l’annonce des intentions profondes des hommes politiques. Certains renoncent à leurs desseins lorsqu’ils se trouvent confrontés aux problèmes politiques quotidiens, mais de nombreux dirigeants restent animés par le sentiment profond qu’ils peuvent changer le cours des choses par leur action. Ces missionnaires au sens littéral du terme sont souvent les dirigeants politiques les plus dangereux, parce qu’en général ils sont dénués de sens critique et agissent de manière compulsive.

L’histoire est riche d’exemples en la matière, notamment parmi les dictateurs célèbres, mais ce comportement existe aussi chez des hommes d’Etat démocratiquement élus. Le président américain Barack Obama montre tous les signes de cette attitude que l’on peut qualifier de missionnaire compulsif sur l’accord avec l’Iran, mais plus généralement dans la relation avec le monde arabo-musulman.

Le premier discours d’Obama au Caire, peu de temps après son élection, on le comprend aujourd’hui, n’était pas une opération de charme mais l’annonce d’un programme dont on avait en son temps minimisé l’importance dans l’entourage du président et de sa ministre des Affaires étrangères de l’époque, Hillary Clinton. Il est sans doute l’unique personnalité ayant obtenu le Prix Nobel de la paix pour un seul discours.

Si l’on juge une politique sur ses résultats, il est évident que l’ouverture sur le monde arabo-musulman est un échec cuisant, puisque les guerres se multiplient dans ces régions et font chaque jour des milliers de morts, musulmans pour la plupart. Aucun pays arabo-musulman, hormis la Tunisie, dont la démocratie reste très fragile, n’a vraiment évolué vers une société plus libre, plus reconnaissante des droits des femmes et des non-musulmans, et pire l’unique démocratie musulmane, la Turquie est en train de sombrer dans un régime de plus en plus autocratique.

Lorsqu’Obama déclare que l’accord sur le nucléaire est un acte historique, nous devons le croire. En effet il ne se trouve aucun expert, et notamment parmi les spécialistes français pour affirmer que cet accord a une quelconque valeur scientifique ou technique et arrêtera le développement du programme nucléaire iranien, tout au plus il va légèrement le ralentir. En revanche, le traité signé correspond à un fantasme compulsif, dans lequel Barack Obama est semble-t-il prisonnier, celui de retrouver le vieil allié perse chiite avec lequel l’Occident a longtemps dialogué et commercé.

Au regard de l’histoire, il porte une lourde responsabilité, en signant un accord avec un pays qui nie la Shoah, appelle à la destruction d’Israël, combat les Etats arabes modérés dans tout le Proche-Orient et encourage le terrorisme à travers le monde, de Beyrouth à Buenos-Aires. La Perse d’aujourd’hui est celle des ayatollahs et des gardiens de la révolution islamique, et l’on a du mal à croire que, demain, elle sera à nouveau celle des Contes des Mille et une nuits, n’en déplaise à Mr Obama.

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Michaël Bar-Zvi

Chronique du 9 avril 2015

Khaf Be nissan 5775 

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