McMaster, un théoricien militaire auprès de Donald Trump

John Bolton serait pressenti pour un autre poste au sein de l’Administration

Le nouveau conseiller à la sécurité nationale succède à Michael Flynn, qui a démissionné le 13 février à la suite d’une controverse sur des contacts avec des diplomates russes.

M. McMaster remplacera l’ancien général Michael Flynn, qui a démissionné lundi 13 février.
M. McMaster remplacera l’ancien général Michael Flynn, qui a démissionné lundi 13 février. SUSAN WALSH / AP

Le président Donald Trump n’a guère tardé. Après avoir essuyé au moins un refus, il a choisi, lundi 20 février, comme conseiller à la sécurité nationale un général en activité, Herbert Raymond “H.R.” McMaster, 54 ans. Ce dernier succède à Michael Flynn, contraint à la démission pour avoir menti au vice-président Mike Pence à propos du contenu d’une discussion avec l’ambassadeur de Russie à Washington.

M. Trump a fait cette annonce dans son club de luxe de Mar-a-Lago, en Floride. Avec cette nomination, l’administration conserve un nombre inhabituel de généraux à des fonctions de premier plan.

Pour remplacer un soutien de la première heure, controversé au sein de l’institution militaire, mais qui avait payé de sa personne pendant la campagne électorale, M. Trump s’est tourné vers une personnalité respectée.

Autant Michael Flynn était réputé pour son action sur les terrains irakien et afghan, autant H.R. McMaster est considéré comme un théoricien. Il dirigeait d’ailleurs jusqu’à présent un centre de planification, le Army Capabilities Integration Center, chargé de préparer l’institution aux futurs conflits. Ce général plaide depuis longtemps pour son renforcement. Il assurait en avril lors d’une audition au Sénat que l’armée américaine prenait le risque d’être « trop petite pour protéger la nation ». Ce renforcement constitue une promesse de campagne de M. Trump qu’il a encore rappelée lors de son meeting en Floride, le 18 février.

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Un homme de terrain

H.R. McMaster est passé par la cavalerie et le Centcom, le centre de commandement américain chargé du Proche-Orient et notamment de l’Irak, où il s’est distingué en 1991, lors de la première intervention américaine, puis treize ans plus tard, en 2004, lors de la bataille livrée contre les miliciens d’Al-Qaida à Tal Afar, retombée dans le camp djihadiste en 2014. Le général sera aux premières loges pour suivre sa reconquête en cours.

Il a également servi en Afghanistan au sein de la coalition internationale déployée pour lutter contre les talibans avec des résultats contrariés.

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Son expérience ne s’est cependant pas limitée au combat. Lors de son second déploiement irakien, il a en effet été l’un des contributeurs à la réflexion sur la contre-insurrection qui avait permis aux Etats-Unis de reprendre le contrôle de la situation, sous l’autorité du général David Petraeus, au cours du second mandat de George W. Bush.

Le goût de la réflexion stratégique

David Petraeus aurait été également consulté pour remplacer Michael Flynn auprès de Donald Trump, mais il aurait refusé faute de garanties sur la constitution de son équipe.

H.R. McMaster, qui partage le goût de la réflexion stratégique étayée par l’histoire avec le secrétaire à la défense, James Mattis, s’est fait connaître du grand public par des travaux sur la guerre du Vietnam dont il a tiré un livre loué par la critique, Dereliction of duty (Harper, 1997, non traduit).

Dans cet ouvrage, le militaire met en cause la pusillanimité du commandement américain lors de la guerre du Vietnam face au secrétaire à la défense d’alors, Robert McNamara, et au président Lyndon Johnson, coresponsables d’une fuite en avant qui devait longtemps hanter les Etats-Unis. Un véritable manuel d’insurrection contre une dérive du pouvoir politique.

Le militaire n’a d’ailleurs jamais hésité à exprimer ses convictions tout haut. Cette liberté de ton lui aurait coûté, en 2006 et en 2007 alors qu’il était colonel, un grade de général, finalement obtenu l’année suivante. Ce retard, rapporté à son bilan de soldat, avait été mis sur le compte de sa volonté de remettre en cause une forme de statu quo.

La nomination du nouveau conseiller à la sécurité nationale a suscité l’enthousiasme du sénateur républicain John McCain (Arizona), un contempteur inflexible de la politique étrangère du président, comme celui du sénateur de l’Arkansas Tom Cotton (Républicain), qui aurait pesé pour que H. R. McMaster soit considéré comme un candidat possible, selon la presse américaine.

Les états de service impeccables du général comportent cependant une faiblesse : une absence d’expérience politique qui pourrait s’avérer regrettable dans le contexte d’une administration à la chaîne de commandement encore mal définie, si on en juge par les messages souvent contradictoires qui en émanent.

LE MONDE | • Mis à jour le | Par Gilles Paris (Washington, correspondant)
Source : lemonde.fr

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Jg

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