La communauté juive de Marseille est importante numériquement, représentant près de 10% de la population totale. C’est le produit d’une longue histoire.

A quand remonte la présence des juifs à Marseille ? La présence de juifs y est ancienne : l’histoire des Juifs en Provence et au Languedoc remonterait au Ier siècle après la destruction du Second Temple.

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Leur présence est attestée par des vestiges archéologiques du Ier siècle, tels qu’une lampe à huile ornée du chandelier à sept branches découverte en 1967 à Orgon.


Déjà, aux Ve et VIe siècles, I’évêque de Marseille avait tenté de les convertir. II fut pour cela réprimandé par le pape Grégoire le Grand. Lorsqu’au VIème  siècle les Juifs furent expulsés de ce qu’était la France en cette période, ils se réfugièrent à Marseille.

Inscription funéraire de Narbonne  (689)

Le XIIe siècle est une période de prospérité pour le judaïsme provençal et languedocien qui profite de l’esprit de tolérance qui règne alors dans les cours de Toulouse et de Béziers.

L’historien provençal, Armand Lunel, souligne : « Sous le ciel des troubadours et par la douceur native des tempéraments, l’âpreté des rapports entre l’Église et la Synagogue put peu à peu se réduire et le poids de la réprobation théologique s’alléger jusqu’à rendre pacifique la cohabitation des chrétiens et des juifs. »

Au XIIème siècle, Maïmonide affirme sa profonde estime pour les rabbins de Marseille. Benjamin de Tudèle visita  à la même époque les communautés de Marseille et d’Arles en vantant la science de leurs dirigeants, il dénombra, trois cents familles juives à Marseille. Alors que dans toute la France les Juifs subissaient des vexations, des persécutions, et des expulsions, les Juifs provençaux étaient traités à l’égal des Chrétiens.

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Robert, comte de Provence, roi de Sicile, les protégea pendant la croisade meurtrière des Pastoureaux, en 1320. Ils jouirent de certains privilèges sous Louis XI. La communauté médiévale vivait dans une « carrière » (nom provençal du ghetto).

Aux XIIe et XIIIe siècles, le judaïsme marseillais comptait quelques illustres talmudistes. Au XIVe siècle, les Juifs de Marseille devinrent commerçants et médecins. Il y avait trente-quatre médecins juifs au XVe siècle.

La fabrication du savon, qui fit en partie la fortune de Marseille, y fut introduite par le Juif Crescas Davin, entre 1371 et 1401.

Le dévouement des médecins juifs leur attira la bienveillance du Roi René. Bonnel de Lattès, du nom d’une célèbre famille de médecins et de talmudistes, devint le médecin du pape Alexandre VII.

Après l’Inquisition, les Juifs fuyant l’Espagne et le Portugal vinrent grossir le nombre des Juifs de Marseille. Les rois de France accordèrent des privilèges à la ville de Marseille où régnait la paix et, où fut noté un développement économique considérable.

On les laissa s’établir à Marseille jusqu’au XVIe siècle, lorsque leurs concurrents obtinrent leur expulsion.

A la fin du XVIIIe siècle, la ville abritait une communauté de deux cents familles. Louis XVI désigna le 12 février 1788, Daniel de Beaucaire dit Rigaus « de nationalité juive, espagnole et portugaise, citoyen de Marseille, en qualité de syndic et agent des Juifs de nationalité juive et espagnole et portugaise avec la charge de délivrer des certificats à toute personne qui viendrait se fixer dans son ressort et d’attester en outre qu’elles ont les qualités nécessaires pour jouir des privilèges accordés à cette catégorie d’Israélites ».

Depuis septembre 1791, après de longes luttes politiques et un fort regain d’antijudaisme, les Juifs sont devenus citoyens français et partagent l’histoire des Juifs en France.

Les Juifs peu connus, suscitaient une grande curiosité de la part des autres habitants de la ville, au sujet des coutumes, des mœurs, de la loyauté, de la religion ou de la morale.

Napoléon qui pratique une politique de contrôle des cultes chrétiens ( concordat) et juifs permit alors aux Juifs d’affirmer leur attachement et leur amour de la patrie en leur imposant un encadrement administratif, social et politique.

En 1808, Napoléon crée l’administration consistoriale et les Juifs du midi dépendent alors tous du Consistoire de Marseille. Le rôle de Marseille comme leader au sein des communautés du sud de la France se renforce.

Un négociant de Marseille : Sébastien Constantini, représentait la communauté lors de réunions de notables juifs de France à Paris.

L’administration des communautés juives fut réglementée : on permit l’établissement d’une synagogue et d’un consistoire comprenant un Grand Rabbin, un rabbin et trois notables pour chaque département d’au moins 2,000 Juifs.

Le Consistoire siégeait au Consistoire Central. Le consistoire de Marseille régissait les Bouches-du-Rhône mais aussi les départements du Gard, Hérault, Isère, Rhône, Var,  et le Vaucluse qui totalisaient une population de 2,527 Juifs et les Alpes-Maritimes furent annexées peu après au Consistoire de Marseille.

La communauté juive de Marseille ne disposait pas de synagogue en cette période. Les réunions avaient donc lieu chez le chef de la communauté. En 1812, la population juive accrue, un immeuble fut loué dans lequel fut aménagée une synagogue.

Le premier Grand Rabbin appelé à exercer ses fonctions à Marseille fut Mardochée Roquemartine élu le 1er mars 1809 à la Préfecture des Bouches-du-Rhône et intronisé en grande pompe le 24 mai 1809. ( A suivre)

Adaptation par J.G

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Microbibu

Il me semble que « carriera » doit plutôt se traduire par « rue » que par « carrière »

[…] L’historien provençal, Armand Lunel, souligne : « Sous le ciel des troubadours et par la douceur native des tempéraments, l’âpreté des rapports entre l’Église et la Synagogue put peu à peu se réduire et le poids de la réprobation théologique s’alléger jusqu’à rendre pacifique la cohabitation des chrétiens et des juifs. » Lire la suite sur jforum.fr […]