1ᵉʳ mai ; Agressé parce que socialiste ou juif ?
Tensions et antisémitisme à gauche
Le Parti socialiste face à l’antisémitisme au sein de la gauche radicale
La manifestation du 1er mai à Paris, traditionnellement marquée par les revendications sociales, a cette année pris un tour inquiétant pour plusieurs membres du Parti socialiste (PS). Certains de ses militants et élus ont été violemment pris pour cibles, non seulement en raison de leur appartenance politique, mais aussi de leur origine juive. Une situation jugée alarmante par les responsables du PS, qui dénoncent des dérives antisémites au sein même de la gauche radicale.
Les faits se sont déroulés autour du stand du PS installé pour l’événement. Des individus vêtus de noir, certains arborant des symboles antifascistes, ont perturbé l’espace socialiste, allant jusqu’à bousculer élus et militants. Selon le ministère de l’Intérieur, quatre personnes ont été légèrement blessées lors de l’altercation. Une garde à vue a été prononcée, et une cinquantaine d’interpellations ont été réalisées en marge du défilé.
Pour Nicolas Mayer-Rossignol, numéro deux du PS, ces agressions sont à la fois politiques et antisémites : « Des militants ont été attaqués parce qu’ils sont socialistes, mais aussi parce que certains sont juifs », a-t-il déclaré sur Sud Radio. Des accusations graves, étayées par des témoignages évoquant des insultes à caractère antisémite, telles que « sales sionistes » ou « génocidaires ».
L’eurodéputée Emma Rafowicz a confirmé avoir été prise à partie par des manifestants se réclamant de l’extrême gauche. Le député Jérôme Guedj, également visé, a été exfiltré du cortège, pour sa propre sécurité. Il avait déjà été pris pour cible quelques jours plus tôt lors d’un rassemblement contre l’islamophobie. Pour lui, il ne fait aucun doute que ces attaques « suintent l’antisémitisme ».
La présidente de la fédération socialiste de Paris, Lamia El Aaraje, a elle aussi affirmé que M. Guedj avait de nouveau été victime d’insultes antisémites. Ces événements ont fait ressurgir une inquiétude croissante sur les tensions internes à la gauche, où certains courants dénoncent une radicalisation du discours et des actes, jusqu’à adopter des positions ambiguës vis-à-vis de l’antisémitisme.
Au sein du PS, ces violences n’ont pas manqué de raviver les fractures. Jérôme Guedj, en conflit avec l’actuelle direction du parti, a reproché à Olivier Faure son silence et l’absence de soutien direct après les faits. Sur les réseaux sociaux, il a exprimé son amertume, soulignant qu’il n’avait reçu « ni appel ni message » du Premier secrétaire du PS.
Parallèlement, la réaction des autres forces de gauche a été diverse. Marine Tondelier, cheffe de file des écologistes, a d’abord émis des doutes sur l’attitude de M. Guedj, laissant entendre qu’il avait pu chercher la provocation. Elle s’est ensuite excusée, reconnaissant s’être exprimée sans avoir tous les éléments. « Jérôme Guedj, comme tout citoyen, doit pouvoir manifester en toute sécurité. Et oui, il existe un antisémitisme d’extrême gauche », a-t-elle déclaré.
Du côté de La France insoumise, les réactions ont été mesurées. Le coordinateur du mouvement, Manuel Bompard, a dénoncé les violences, tout en appelant les médias à ne pas leur imputer des actes qu’ils n’ont pas commis. Une position jugée insuffisante par les socialistes, qui reprochent aux Insoumis d’alimenter un climat conflictuel en fracturant le débat public.
D’autres personnalités de gauche, comme Clémentine Autain ou Lucie Castets, ont apporté un soutien explicite à M. Guedj et condamné les actes antisémites. Mais dans l’ensemble, le silence ou les réactions prudentes de certains ténors de gauche traduisent une gêne face à un phénomène qui mine leur propre camp.
Ces événements soulignent une réalité complexe : la coexistence de sensibilités politiques opposées au sein des mobilisations sociales. Ils mettent aussi en lumière une inquiétante tolérance envers des discours haineux dès lors qu’ils visent des figures jugées « institutionnelles » ou « modérées ». L’antisémitisme, même dissimulé derrière un vernis antisioniste ou anti-PS, reste une ligne rouge que certains semblent désormais prêts à franchir. Le débat sur cette dérive ne fait que commencer.
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Y a-t-il des conséquences à tirer de ces actes détestables ?