Un vue de la petite synagogue indéfinissable à proximité de la mellah de Marrakech. Une famille juive est encore propriétaire de la synagogue mais elle n’est plus ouverte au public. (Crédit : Michal Shmulovich)

Diverses influences géographiques, religieuses et linguistiques (séfarades, tochavim, berbères) ont façonné et nourri la spécificité de la culture juive marocaine, avec ses pratiques religieuses et l’ensemble de sa culture architecturale, linguistique, musicale, festive, artisanale ou culinaire.

Après 1947, les départs successifs par familles entières ont très sérieusement réduit la présence juive au Maroc.

Représentant environ 250 000 personnes sous le protectorat français en 19121, la communauté juive compte aujourd’hui 2 500 personnes,qui résident essentiellement à Casablanca.

 

Façade de l’ancienne synagogue d’Oujda.

 

 

Plusieurs vagues de départs, parfois brutaux comme en juin 1967 ont entraîné, pour un temps, l’abandon de certains mellahs (quartiers juifs au Maroc), cimetières ou synagogues, etc. Ainsi, la synagogue Slat Al-Fassiyine à Fès est devenue, pendant quelques années, une salle d’entraînement de boxe…

Le statut des juifs du Maroc au XXe siècle a oscillé entre différents pôles : depuis le statut de dhimmi2 avant le protectorat, celui de « colonisés privilégiés » sous la domination française, ou encore celui de sujet à part entière du royaume chérifien.

Ainsi Mohammed V déclarait officiellement, en 1941, sa désapprobation des lois antijuives du régime de Vichy, et refusait strictement toute distinction faite entre ses sujets juifs ou musulmans.

Mais comme pour l’ensemble des Marocains, la réalité des communautés juives dépend alors, bien souvent, de leur lieu de vie (zone urbaine ou rurale, mellah, régions amazighes, etc.), et de leur niveau de vie socio-économique.

Enfin, la situation de la communauté juive a été fortement marquée et influencée par les répercussions de l’actualité politique internationale dans la politique intérieure du Maroc.

Dès 1948 avec la création de l’État d’Israël suivie de la guerre israélo-arabe de juin 1967, de nombreuses violences et pogroms s’abattent sur les communautés hébraïques marocaines.

Kamal Hachkar, Tinghir-Jérusalem, les échos du mellah (2013) extrait

En finir avec l’amnésie

Depuis peu, en rupture avec plusieurs années d’amnésie, une curiosité renouvelée pour l’histoire des juifs au Maroc s’est amorcée tant dans les médias et le champ culturel que du côté du pouvoir et des institutions.

La Fondation du patrimoine judéo-marocain a impulsé les premières rénovations, puis en 2010, on a vu la restauration de 167 cimetières juifs sous l’impulsion de Mohammed VI.

D’après Serge Berdugo, secrétaire général du Conseil des communautés israélites du Maroc, « l’initiative a permis de réhabiliter 167 cimetières, de construire plus de 40 kilomètres de murs, de rénover 169 portes de cimetières, ainsi que 200 000 mètres carrés de pavement et l’édification de dizaines de bâtiments et dépendances ».

Enfin, après plusieurs décennies placées sous le signe de l’arabisation du pays, cet intérêt croissant pour la culture juive a coïncidé avec la reformulation du récit national tourné vers une revendication de la pluralité ethnique et linguistique du Maroc.

Avec la Constitution de 2011, l’identité hébraïque est devenue, dans ce mouvement, une composante à part entière de l’identité marocaine, au même titre que les identités berbères ou hassanies.

Sur le plan culturel, cet intérêt se manifeste également dans le déploiement d’un soft power marocain reposant, en partie, sur le financement de musées, de festivals…  Lire la suite 

Fayçal Azizi, « Hak A Mama »

Sarah Melloul

Membre de la direction du site culturel Onorient.

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