Former French Prime Minister Manuel Valls gestures as he announces that he will run for mayor of Barcelona during an event in Barcelona, Spain, September 25, 2018. REUTERS/Albert Gea

No se queda. En se lançant à l’assaut de la mairie de Barcelone et en abandonnant son ultime mandat de député, Manuel Valls tourne (définitivement?) la page d’une carrière politique française mouvementée.

Le futur ex-député de l’Essonne, parti d’Evry pour se hisser jusqu’au ministère de l’Intérieur puis à Matignon, avait pourtant, malgré sa défaite cinglante à la primaire socialiste, réussi à échapper à la vague « dégagiste » de 2017 qui a emporté nombre de dirigeants politiques de premier plan.

Réélu de justesse dans sa circonscription aux dernières législatives, Manuel Valls s’était fait adouber par le groupe de La République En Marche à l’Assemblée sans toutefois jamais véritablement y trouver sa place.

C’est donc de l’autre côté des Pyrénées que cet hidalgo, passé de chouchou des sondages au statut de grand brûlé, a demandé l’asile politique pour tenter de se réinventer.

L’aller sans retour du fils de Barcelone

Le lieu de ce transfert, inédit dans l’histoire de l’Union européenne, n’a certes rien d’un hasard. « Depuis ma naissance (…) ma relation avec Barcelone a été intime, constante », a confié l’ancien premier ministre depuis le Centre de culture contemporaine de la deuxième ville d’Espagne où il est né il y a 56 ans.

Elevé à Paris par un père artiste catalan et une mère italo-suisse, cet enfant terrible de la gauche, admiré autant que méprisé pour sa laïcité intransigeante et son goût pour les questions sécuritaires, a exprimé sa reconnaissance envers sa patrie d’accueil. « J’aime la France. Ce pays a permis à un fils de Barcelone naturalisé seulement à 20 ans d’être maire, député, ministre et premier ministre de la France grâce à l’école publique et à mon engagement politique, c’est incroyable et unique », a-t-il déclaré en guise d’adieux.

Des mots qui n’effacent pas les déchirements et les rancoeurs qu’il laisse dans son sillage. « C’est grâce à la France qu’il a pu vivre de la politique jusqu’à présent. Il a trahi son pays et maintenant il trahit sa patrie tout simplement », lui a répondu son adversaire de la France Insoumise Farida Amrani.

S’ils se montrent moins cruels, ses anciens amis politiques n’en interprètent pas moins ce départ comme un aller sans retour. « Manuel Valls est lucide sur le fait que les gens ont tourné la page. Et qu’il tourne la page aussi », a réagi son rival de la primaire Benoît Hamon. Le maire d’Evry Francis Chouat, resté un proche, a salué mardi soir un « choix courageux ». « Manuel Valls choisit de changer de vie. Irréversiblement », a-t-il affirmé.

Atterrissage mouvementé en vue

Derrière lui, Manuel Valls abandonne ainsi une gauche en déshérence qu’il a un temps espéré réinventer. Doublé par Emmanuel Macron qui lui a ravi sa promesse de modernité pour s’imposer à l’Elysée, le nouveau candidat peut désormais rêver de réaliser le même coup d’éclat dans la capitale de la Catalogne.

Aussi inédite que risquée, cette candidature, qui se veut transpartisane, pourrait bien être la dernière. Si son décollage pour Barcelone fait sensation en Espagne où elle pourrait rebattre les cartes du jeu politique catalan, l’atterrissage de Manuel Valls dans une région minée par ses vélléités indépendantistes promet d’être mouvementé.

Fortement engagé en faveur de l’unité de l’Espagne, Manuel Valls pourra s’appuyer sur le soutien du parti de centre-droit Ciudadanos qui l’a convaincu de relever le gant. Mais il n’est pour l’heure pas parvenu à convaincre les deux autres partis anti-indépendantistes, le Parti socialiste à gauche et le Parti populaire à droite, de se rallier à sa candidature.

Et ses adversaires l’attendent de pied ferme en raillant un candidat rejeté par son pays d’accueil. « Peut-il être candidat? Oui, mais c’est un candidat qui ne connaît pas Barcelone, qui n’est pas connu à Barcelone, et qui par contre est connu en France et qui connaît la France », raille le chef de file des indépendantistes Carlos Puigdemont. « Pour savoir qui est Manuel Valls, ce qu’il peut offrir, il suffit d’écouter ce que disent les Français », ironise-t-il en pointant son impopularité de ce côté-ci des Pyrénées.

Manuel Valls a neuf mois devant lui pour démontrer aux Catalans et aux Français qu’il a encore un destin politique.

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