La question centrale est-elle à Jérusalem,

alors que

l’ONU a besoin de Trump et de 500 milliards de $ pour la Syrie

On s’est interrogé autour des propos du ministre israélien des Renseignements Yisraël Katz, affirmant, avant l’annonce de la décision de Donald Trump, que la période est favorable à cette reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël.

Il y a, -c’était prévu- quelques « retours de bâtons », comme cette « micro-Intifada » qu’on a déclarée « avortée », dès le premier vendredi dit de « colère » (on en est actuellement au troisième et il n’y a pas réellement de signe d’une aggravation radicale de la situation). On ne s’attendait pas, non plus, à des « félicitations » de la part de l’Assemblée Générale de l’ONU. Depuis la reconnaissance unilatérale de la « Palestine » – pays non-membre, dès 2012-, les revers pour Israël, ont, souvent, été encore plus cinglants que ces 128 votes condamnant Trump à revenir sur sa reconnaissance de la souveraineté d’Israël en tant qu’Etat doté d’une capitale de son choix : celle qui est la sienne depuis le Roi David.

En relativisant, on voit que de nombreux pays : 65 au total sur 193, dont plusieurs récemment visités par Netanyahu, se sont soit abstenus (35), absentés (21), ou ont voté contre (9) la motion de censure s’opposant à la décision souveraine de Donald Trump.

Le consensus européen, comme point d’ancrage pro-palestinien, ou succursale  du monde arabe pour l’exécution de ses basses-œuvres antisionistes, est rompu : la Hongrie (que Netanyahu a visitée en juillet), la Pologne, la Roumanie, la République tchèque, la Lettonie, la Bosnie-Herzégovine et la Croatie se sont abstenues. Ce n’est qu’un début, mais c’est un point déterminant, puisque les pâles reflets de l’influence de l’Europe, « conscience des nations », sur le reste du monde, n’en finissent pas de s’atténuer. Surtout, cela évitera à de jeunes Brutus ambitieux, comme le Président français, Emmanuel Macron, de se sentir des ailes et des majorités lui tressant des lauriers, pour prendre la tête d’une nouvelle coalition européenne, comme ses prédécesseurs qui ne sont jamais gênés de donner des leçons de vie à Jérusalem. Avec 7 pays non-hostiles, voire penchant de son côté, quelques autres susceptibles de modifier leurs positions (Grand-Bretagne, Autriche…) Netanyahu dispose de la minorité de blocage pour rappeler l’Europe arrogante à quelques réalités arithmétiques.

Peu à peu, le Ministre israélien des Affaires étrangères, à savoir Netanyahu, emporte quelques succès d’estime, quelques salutaires prises de distance, quelques pays d’Amérique latine : le Mexique, l’Argentine, le Panama et le Paraguay se sont abstenus, et d’Afrique : le Togo a voté non, le Rwanda, le Malawi, l’Ouganda, le Lesotho, la Guinée Equatoriale et le Sud Soudan se sont abstenus. Le Kenya s’est fait porté pâle.

Les menaces de Nikki Haley, ou de Trump, de marquer les noms des Etats anti-américains, ont pu peser sur certains pays. Cela ne dissuadera pas des provocateurs patentés, comme la Turquie d’Erdogan, ou des pays plus collaboratifs, mais bénéficiant en contrepartie de l’aide de la Russie, comme l’Egypte, de se dresser sur la route.

Le bilan des pertes reste modéré à faible, 15 jours après l’annonce de ce « séisme » politique et diplomatique par Donald Trump. Plus le temps passe, plus il deviendra difficile de faire plier l’Amérique pour qu’elle revienne sur sa reconnaissance. C’était donc la bonne décision à prendre, au « bon moment », sachant que l’histoire ne repasse pas les plats.

Au-delà des échauffourées dans les territoires, qui peinent à nourrir les vaches maigres des médias efflanqués, malgré les « louables » efforts de vedettes pallywoodiennes comme Ahed Tamimi et quelques autres braves symboles sortis des placards, le compte n’y est pas. L’agenda régional risque rapidement de rejeter dans l’ombre, la colère des quelques milliers de militants mobilisés à la petite semaine, par le Hamas et le Fatah d’Abu Mazen.

Dès son arrivée à Paris, Abbas a continué à manifester son refus de laisser l’Administration Trump jouer le moindre rôle dans le processus de paix, comme s’il avait le choix d’en décider. Puis, il s’est mis à balbutier son « désir de paix avec nos voisins israéliens… 57 pays (l’OCI  au complet) sont désireux d’établir des liens (avec Israël) ». L’aspiration à l’Intifada permanente, alimentée par le soutien de Recep Tayyip Erdogan et du Roi Abdallah II de Jordanie (très dépendant des Etats-Unis, quand l’Egypte et la Turquie jouent sur les deux tableaux, avec les Russes) commence à prendre du plomb dans l’aile.

Dans la configuration classique visant à « calmer le jobart », le rôle stratégique d’Emmanuel Macron peut devenir celui de préserver la face d’un monde arabe, qui a plus que le chat palestinien à fouetter.

Le calcul est simple : en réalité, négociations ou pas -et elles sont préférables, mais avec très peu de chances d’aboutir, au regard des obstacles et refus de principe sur les questions de fond- les vrais enjeux sont ailleurs. Le tyran briseur de peuple, Bachar al Assad sort progressivement la tête du marasme. Pour autant que les hostilités s’arrêtent, zone par zone de déconfliction, avec l’aide incontournable d’un pacte russo-américain, il va falloir tenter de reconstruire les contours d’un pays au sens politique du terme, avec un contrôle du territoire et ses infrastructures.

A l’heure actuelle, les combats n’étant pas terminés, on évalue à 500 milliards de dollars le coût de cette reconstruction au sens purement physique du terme. Cela n’a strictement rien de comparable au dernier conflit de 50 jours entre Israël et le Hamas à Gaza, et pourtant, jusqu’à présent peu a été reconstruit côté palestinien en 3 années et demies. On prévoyait, en 2014, 20 ans d’efforts avant de sortir la Bande de Gaza de son marasme. Depuis, le Hamas politique est en train de passer la main (grâce à ses négociations avec l’Egypte) pour ne pas avoir à gérer ce gouffre financier, malgré les réticences des maîtres des souterrains, les Brigades Ez-ed din Al Qassam, résolument fidèles à l’Iran …

La Russie, même avec l’aide de la Chine, n’a pas l’intention, -hormis la préservation de ses enclaves prélevées sur son butin de l’aide de guerre à Assad-, de prendre à sa charge la remise sur pied des territoires éloignés de ses intérêts directs (Latakia, Tartous, peut-être Damas).

L’Iran va continuer à développer ses velléités de guerre de long terme contre Israël et donc investir dans l’économie militaire : construction de bases presque aussitôt promises à une destruction rapide, par Israël, selon les fenêtres d’opportunité et l’exactitude des renseignements qui se présentent.

Il n’est donc pas dans l’intérêt d’Assad, ni de Poutine, ni de Xi Ji Ping, de laisser l’Iran tracer à sa guise l’agenda économico-politique de la Syrie, car il se pourrait qu’il n’y ait guère d’autre développement à venir que de se transformer progressivement en désert à la Mad Max, terre vouée à un duel mortel ne concernant pas directement les autres acteurs présents. La multiplicité des joueurs autour de la table complique le simple jeu d’une telle confrontation, comme si tous les autres pouvaient ne rester que spectateurs. Certains intérêts croisés semblent à terme se neutraliser… C’est, aussi, pourquoi on pense que, lors de ses réclamations à Assad, le chef d’Etat-Major Bagheri est revenu de Damas, en grande partie, bredouille à Téhéran, après lui avoir présenté la « facture » attendue par Khamenei pour les bons et loyaux services de l’Iran et du Hezbollah… Et pourtant, cette négociation directe semblait entendue, logique et simple.

Le Qatar et d’autres pays du Golfe (en conflit entre eux) font intrinsèquement partie des « perdants du conflit », si Assad reste au pouvoir encore quelques années. Quel serait leur intérêt à le remplumer, excepté pour acheter, par des pétrodollars, celui dont ils n’auraient pas pu avoir la peau, en situation de guerre?

On a même vu, le 22 octobre, un ministre saoudien, ancien ambassadeur en Irak, venir tâter le terrain des besoins des Kurdes et FDS, après la chute de Raqqa… comme si toute entente avec de nouveaux outsiders (fédéralistes) valait mieux que de renouer un jour avec Assad…

Reste, néanmoins, une grande puissance économique incontournable, qui se trouve aussi être une puissance guerrière inégalable : les Etats-Unis de Trump. Même si les Etats-Unis ont refusé de parier trop gros dans cette guerre, après le retrait d’Irak, en ne mettant que très peu de « bottes » sur le terrain, soit les forces spéciales auprès des YPG kurdes et de quelques groupes rebelles au Sud de la Syrie, qui d’autre pourrait garantir les frais de cette reconstruction sur les marchés? A ce compte-là, le poids au moins financier, mais aussi politique des Etats-Unis, ne pourra pas être évacué d’un revers de mains par les autres puissances, qui connaissent de réelles difficultés économiques. A l’échelle du Moyen-Orient, les atermoiements et mines dégoûtées d’Abu Mazen sont donc de peu de poids face aux enjeux de fond. Les dirigeants régionaux ont, actuellement, presque autant besoin de l’Administration Trump que cette même région avait besoin de Sykes et Picot, en 1916, à la fin de l’empire ottoman -qui fut aussi la 1ère vraie « Naqba » des « Arabes de Palestine et de Grande Syrie ».

Tout en poursuivant la « guerre entre les guerres » contre l’expansion militaire et milicienne iranienne, Israël a tout intérêt à ce redéploiement américain sous des formes diverses : l’Amérique apportera des garanties aux Kurdes de Syrie à l’encontre d’Erdogan surtout, mais aussi pourrait les préserver des offensives des milices iraniennes. Cela n’a pas été le cas pour le Kurdistan d’Irak, dont les fractures internes ont aussi contribué à leur exploitation par les sbires de Qassem Soleimani et ses milices chiites Hashd al-Shaabi.

On peut encore se permettre de ne pas trop prendre « au sérieux » les menaces du tandem Trump- Haley sur des sanctions financières immédiates contre les pays membres de l’ONU qui s’opposent à l’expression de leur décision souveraine sur Jérusalem. Toujours est-il que la réalité de la guerre et de ses conséquences ne manquera pas de se rappeler aux railleurs :

  • le choléra se répand au Yémen,
  • 50 % des Syriens sont réfugiés à l’extérieur de leurs frontières ou errant d’une zone de déconfliction à l’autre tout en évitant de tomber dans les embuscades ou le racket des barrages routiers miliciens, d’Assad ou de l’Iran leur réclamant la « taxe ».

Il ne s’agit donc plus seulement de la remise en ordre de marche de l’économie d’une enclave comme Gaza, mais d’une destruction à l’échelle d’une quasi-région. Et la question de Jérusalem ne risque pas de mobiliser les foules avoisinantes…

Qu’on l’admette ou non, les deux questions de la résolution du conflit syrien et du plus traditionnel et insoluble conflit « palestino-israélien »sont inextricablement liés ; mais le dernier en cours indexe toute résolution du précédent. Mépriser Trump et sa vision de moyen terme, en tant que puissance globale ne peut avoir qu’un temps. Il n’y a pas de dirigeant susceptible de se dresser devant lui : Erdogan ou tout autre, -même Poutine n’est pas assez sot pour tenir ce genre de posture-, devra y réfléchir à deux fois, avant de proposer une solution alternative où primerait ses intérêts au point de minimiser ceux de l’Amérique et de ses princiapux alliés, dont Israël… Le temps ne joue pas en faveur d’Abbas ou du monde arabo-perso-turc…

 

Par Marc Brzustowski

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serge

L’union européenne la france en particulier doit assumer le prix de sa COLLABORATION islamique et payer pour ses sujets.

serge

Le temps ne joue pas en faveur d’Abbas ou du monde arabo-perso-turc…
ET C’EST TRÈS BIEN AINSI. il est maintenant temps que les USA reprenne
de la prestance, du panache de la fierté et de sa puissance n’en d.plaise a tous les anti américains primaire tels les français qui ont bien de la difficulté a bien des points de vue tellement la france est faible de son tissus social.

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Delpard

Admirable analyse. A relire.
Bravo
RD

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