BECHALA’H: L’HOMME FACE A LA NATURE (EXODE CHAPITRE XIII, V.17 au XVII, V.16)

Le « midrach » raconte : Lorsque Moché s’avança pour fendre la mer, celle-ci refusa de s’ouvrir et lui dit : « Vais-je me fendre devant toi ? Je suis plus grande que toi car j’ai été créée le troisième jour de la Création alors que toi, homme, tu n’as été créé que le sixième jour ! » En entendant cela, Moché s’éloigna et se tourna vers le Saint Béni soit-Il. Que fit D. ? Il posa Sa main droite sur la main droite de Moché et la mer s’enfuit.

Un autre « midrach » rapporte : « Que vit la mer pour fuir, le cercueil de Joseph ! »
Ces deux midrachim posent le problème de la mesure de l’homme face au monde. Pharaon, lui aussi, essaya de se mesurer à la nature, de la dominer. Il développa une technologie militaire à un niveau encore jamais égalé, il fut l’inventeur du char tracté par trois chevaux, rapporte le « midrach » La science paraît ouvrir la voie à l’humanité pour vaincre la nature. Le progrès technique semble pouvoir résoudre l’énigme de l’ouverture de la Mer Rouge. Mais ces découvertes sont une illusion et aboutissent à une impasse. La Nature reprend ses droits et aura le dessus et toute l’armée de Pharaon périra dans les flots.
La seule et unique voie qui donne à l’homme un ascendant sur la nature est celle qui le relie à son Créateur : « D. posa Sa main droite sur celle de Moché et la mer s’enfuit ». Que signifie la main droite de D. demandent nos sages ? Il s’agit de « Sa Loi de Vie », à propos de laquelle il est dit : « A Sa droite une Loi de Feu » (Devarim 33, 2)
Si l’homme s’associe au Créateur et observe sa Loi, il aura raison de la nature. Ainsi la mer s’est-elle enfuie devant le cercueil de Joseph Hatsadiq car il a observé la Thora en toute circonstance. La nature s’incline seulement devant le Juste. A.B.

LA HAPHTARA de BECHALA’H (JUGES, Ch. IV, V. 4-24 et Ch. V.1-30) LE CANTIQUE DE DÉBORAH

Déborah la prophétesse, une femme de Lapidott, était juge en Israël à cette époque là. (V. 4) Juges
Elle était installée sous le «Palmier de Deborah » entre Rama et Béthel sur la montagne d’Ephraïm.
Là les enfants d’Israël se rendaient auprès d’elle pour obtenir justice. (V. 5) Juges

La Haphtara et la Sidra se rejoignent sur quatre points :
*Premier Point : ce désir de chanter pour remercier
La Chira pour louer et remercier D. après la délivrance D’Egypte.
Le Cantique de Déborah après le salut de la victoire sur Sisra.

*Deuxième point : même réaction de l’ennemi en déroute.
I- L’épouvante ressentie par Pharaon et sa cavalerie face au reflux de la Mer Rouge
II-. Le désarroi de Sisra en fuite avec son armée démantelée.

*Troisième point : La part de L’Eternel dans la victoire.
I- D. combat pour les hébreux et opère des miracles en ouvrant la Mer Rouge.
II- Déborah la prophétesse, inspirée par D. engage Barac dans un combat salutaire.
*Quatrième point : Des femmes agissantes au côté des chefs.

I- Myriam qui canalise les femmes et entonne un chant à la suite de Moché.
II- Déborah qui organise toute la stratégie du combat avec Barac, épaulée par l’action libératrice de Yaël qui, avec intelligence, courage et sang froid délivre le peuple d’Israël, de Sisra, le fauteur de trouble dans la région. Et Déborah composera le Cantique qui porte son nom et qui est le texte de référence de cette haphtara.

https://i0.wp.com/www.jforum.fr/wp-content/uploads/2019/07/myriam_473_3161.jpg?w=696&ssl=1

Sous la direction d’un homme ou d’une femme, qu’importe, D. accorde la délivrance à son peuple, dans la mesure où il y a unité et contribution pour prêter main forte au salut de tous et dans le sens de Son projet.

Alice Benchimol

BECHALA’H : RENCONTRE AVEC L’EXEGESE

La peur de mourir, lecture du Rav Yonathan Grossman

En fait, les plaignants veulent accentuer le contraste entre leur situation présente et celle qui prévalait en Egypte. Leur quotidien est décrit par cette brève expression –Dans le désert ».
Le ressenti des Bné Israël est que Hachem les accompagnait en Egypte mais, qu’à présent, ils ne dépendent plus que de Moché et d’Aaron. Comme si l’action divine s’était arrêtée aux portes du désert, après la traversée de la mer. L’emploi à dessein de ce terme fait référence à des croyances anciennes selon lesquelles un D’ieu ne domine que certains endroits ou certains peuples.

Le désert est également perçu dans les cultures antiques comme un lieu où règne des démons et des esprits malfaisants, et celui qui s’y rend sort de la protection divine et pénètre un domaine obscur et dangereux.

C’est ce qui a apparemment sous-tendu la plainte que nous traitons. Il se peut fort bien que les Bné Israël , imprégnés de la mentalité égyptienne et de l’idolâtrie qu’ils pratiquaient, se soient nourris de ces croyances erronées. Ils considéraient donc Hachem comme un D’ieu local et se sentaient à présent à la merci de Moché et Aaron dans ce désert, démunis de tout. Le cœur de leur plainte est donc là, au-delà du seul manque physique.

Et c’est à cette double demande que D’ieu va reprendre par une nouvelle révélation de la majesté divine avant l’envoi des cailles et de la manne.

Répétition et éducation à la foi selon le Rav Yonathan Grosman

L’envoi des cailles s’accompagne donc d’une nouvelle révélation de la majesté divine/ afin que le peuple comprenne que D’ieu est omniprésent et que Son action n’est pas limitée dans le temps ni dans l’espace.

Mais ce principe de foi ne pouvait être enseigné en une seule fois, avec une seule manifestation. En satisfaisant les besoins physiologiques quotidiens d’un peuple en pleine renaissance, D’ieu va, dans une générosité parentale, transmettre à ce peuple les bases de son éducation spirituelle. A l’instar de la pédagogie qui est une répétition régulière, D’ieu va donc inculquer la foi à son peuple à travers la distribution quotidienne de la manne.

Cette expérience va montrer au peuple que D’ieu gouverne et veille sur chaque être humain, même dans le désert, et en continu. Face à cette attention personnalisée, chaque chef de famille doit exprimer sa confiance en ne collectant que la quantité nécessaire à une journée ; Cette limite va peu à peu imprimer en eux la conviction de la Providence divine sans peur du lendemain. Et c’est la répétition de cet acte à double enjeu- distribution et collecte limitée- pendant quarante ans qui va ancrer en profondeur la foi des Bné Israël en la Providence Divine.

La comparaison avec l’agneau pascal s’inscrit dans le prolongement de cette lecture. La maison a été assimilée à un autel protecteur dans le contexte d’une »descente » de la Providence Divine auprès des hommes en témoignage de sa bienveillance.

La descente de la manne dans le désert rappelle cette descente de la Providence Divine lors du Korban Pessah. Ce rappel se renouvelle chaque matin, avec la tombée de la manne. La quantité exacte attribuée à chacun et l’interdiction d’en prendre pour le lendemain construit peu à peu dans les esprits la reconnaissance de la sollicitude d’Hachem envers son peuple.

Cet enseignement sur la Providence Divivine explique peut être la formulation du verset 35 du chapitre 16. Comme une « voix off », ce verset prend soudainement une distance avec les événements décrits au présent et évoque avec insistance cette répétition de la consommation de la manne pendant quarante ans comme une allusion à l’enseignement sous-jacent : La Thora utilise parfois cette figure de style pour mettre en relief un fait avéré ou récurrent.

Cette volonté de transmission par la répétition, ne s’est accompagnée, d’aucune coercition. En effet, quelle que soit l’attitude du peuple pendant ces quarante années, qu’il se plaigne, se rebelle ou murmure, la nourriture était assurée quotidiennement. A aucun moment D’ieu n’en a fait un instrument de chantage en réaction à leurs révoltes fréquentes, comme pour exprimer entre les lignes la manière dont doit se construire le libre arbitre.

Commentaire Extrait du livre : « Les Éclats du Rocher » écrit par Penina Bitton et Nathalie Bibas

La rédaction de JForum, retirera d'office tout commentaire antisémite, raciste, diffamatoire ou injurieux, ou qui contrevient à la morale juive.

S’abonner
Notification pour
guest

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires