Les 92 députés du parti anti-immigration Alternative pour l’Allemagne (AfD) ont déjà tout pour plaire à leurs nouveaux collègues. Lors de la séance inaugurale du nouveau Bundestag, Bernd Baumann, l’un des élus du groupe AfD, a provoqué une controverse le mardi 24 octobre en se disant ostracisé, et en allant jusqu’à comparer son parti aux victimes des méthodes nazies.
Concrètement, Baumann a dénoncé « les manœuvres » visant à empêcher qu’un député AfD ne prononce le discours d’ouverture au Bundestag. Cette tâche aurait dû revenir au doyen de l’assemblée: le député d’extrême-droite Wilhelm von Gottberg (77 ans) et son camarade parti Alexander Gauland (76 ans) étaient sur les rangs. Mais quelques semaines plus tôt, l’un a nié l’holocauste, quand l’autre multiplie les débordements en appelant, notamment, à la réhabilitation des soldats de la Wehrmacht morts durant la seconde guerre mondiale.
Afin de leur barrer la route, le Bundestag a changé ses règles: désormais le doyen n’est plus le député le plus âgé, mais celui élu depuis le plus longtemps. C’est finalement un élu libéral de 76 ans, Hermann-Otto Solms, qui s’est exprimé.
Hermann Göring à la rescousse
« Depuis 1848, la tradition veut que la séance inaugurale soit ouverte par le député le plus âgé », s’est emporté le représentant de l’AfD. « Il n’y a eu qu’une exception », en 1933, quand le dignitaire nazi Hermann Göring, alors président du Reichstag, « a brisé cette règle parce qu’il voulait écarter des opposants politiques », a tempêté Bernd Baumann.
La référence aux pratiques nazies a suscité l’indignation. En vous comparant aux victimes de Göring, « vous avez vous-même dépassé les limites du bon goût », lui a rétorqué le libéral Marco Buschmann. L’AfD « n’a pas eu honte aujourd’hui de se mettre au même niveau que les victimes du national-socialisme », a renchéri le député Vert Jürgen Trittin.
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