Les préparatifs de Pessah

Dès après la fête de Pourim, les maîtresses de maison s’agitaient dans leurs foyers pour préparer la fête de Pessah (Pâque). Maman, depuis des années avait établi un plan concernant le fameux « nettoyage de Pessah » qui, tant que nous habitions à Alger, prenait tout son sens alors que, lorsque nous fûmes contraints de nous exiler en France (à l’époque on disait qu’on vivait désormais en « métropole »), sans doute à cause d’un climat moins clément, il devint difficile de lessiver les couvertures, les oreillers et de repeindre les maisons…

A cette époque, les légumes ne se voyaient pas toute l’année sur les étals ce qui forçait les maîtresses de maison à « prévoir » ce qu’elles devraient servir pendant les fêtes aux nombreux invités qui se presseraient autour de la table. Ainsi, dès l’été Maman achetait plusieurs corbeilles de 20 kgs de poivrons verts ou rouges que l’on faisait griller avec l’aide d’une femme dont on louait les services à la journée. Une fois grillés, pelés et épépinés, une grande partie des poivrons étaient salés et étalés sur des planches de bois en plein soleil pour en faire par la suite des bocaux de poivrons séchés à l’huile d’olives. Une autre partie des poivrons était mise à égoutter dans un filet pour faire des poivrons en conserve selon une recette que ma mère avait découpée (Mériollah). Puis, une autre quantité était destinée à la confection de « chakchouka » avec laquelle on faisait des conserves pour les grandes occasions. Il faut préciser que Maman gardait toujours dans un placard des ustensiles et des produits pour Pessah toute l’année car elle avait une propension à faire des confitures et des conserves tout au long de l’année ce qui permettait donc de déguster à Pessah, bien avant qu’il en fût la saison, de la salade cuite ou des haricots verts : elle avait acquis tout le matériel pour faire des conserves maisons : stérilisateurs, pots en verre, rondelles en caoutchouc etc…

Poivrons seches

D’autre part, toujours en été, elle faisait sécher des raisins et des figues bien charnues qui serviraient plusieurs mois plus tard, à la confection du « harosset » ou mortier du seder.

Les vacances scolaires de printemps nous permettaient de prendre une part proportionnelle à notre jeune âge : astiquer le plateau en cuivre hérité d’une arrière-grand-mère, astiquer l’argenterie, et puis, tâche sans doute moins noble d’écosser les fèves en les triant par taille. Ce que j’appréciais le plus était d’écosser les petits pois qui crissaient, tant ils étaient frais, sous mes doigts agiles. « Tourner » les artichauts – c’est-à-dire qu’un adulte les effeuillait au couteau pour en garder les cœurs destinés à être cuisinés soit au citron soit à être farcis – était aussi quelque chose que j’aimais car je réussissais toujours à grignoter une partie du cœur de l’artichaut, ceci noircissait mes lèvres et me laissait une légère âcreté que j’aimais bien…

Plateau en cuivre du seder

Aujourd’hui on se contente de tout acheter congelé et c’est une partie de la joie qui s’envole avec les emballages….

Parallèlement à tous ces préparatifs, ma mère était occupée à confectionner des vêtements à étrenner pour la fête et à l’achat de nouvelles chaussures, blanches de préférence, pour accueillir la saison d’été qui, déjà, se profilait.

Toute la famille était invitée chez nous et j’adorais ces instants où mes cousines, ma tante, mon cher oncle (qui nous fut ravi dans la force de l’âge en étant sauvagement assassiné par un maudit fellagha), ma grand-mère, s’installaient autour de la table.

Les achats de viandes se faisaient bien entendu quelques jours avant la fête et, ma mère, fine cuisinière, passait des heures à apprêter chaque viande selon sa recette traditionnelle. Ce que je n’appréciais pas (à cause des odeurs) était toute cette préparation relative aux tripes (gras-double) dont une partie était débitée en cubes très menus destinés à être cuits en sauce et une autre partie était cousue pour former une poche contenant de la viande hachée.

Mon frère et moi râpions les figues séchées avec des noix et des amandes et de la noix muscade pour la confection du « harosset » dans lequel nous mêlions du gingembre en poudre et un peu de vin rouge. Le moment privilégié du « seder » de Pessah était celui où mon Père distribuait à chacun les feuilles de salade avec le harosset ou encore quelques instants plus tard le fameux « sandwich » matsa, salade et harosset. Inutile de souligner que le lendemain mon petit doigt plongeait avec délice dans le compotier contenant cette masse de « mortier » pour en subtiliser encore et encore.

Aujourd’hui on dispose sur le plateau ou ké’ara de seder 3 matsot. A Alger, on nous vendait ce qu’on appelait des « helishot » sortes de crackers épais et carrés qui arboraient des « dents » sur l’un d’eux il y avait une dent sur un autre deux et sur le suivant trois dents : cohen, lévy et israël…..

Le deuxième soir du seder, mon Père distribuait à chacun des commensaux un petit morceau de matsa que chacun s’empressait d’enfouir dans son portefeuille ou dans l’armoire….

Nous, les enfants, nous savions apprécier la merveilleuse soupe avec des fèves qui, non seulement donnaient leur goût au potage, mais lui conféraient tout l’amidon qu’elles contenaient.

Si nous boudions un peu le reste du repas, le dessert était, en revanche, accueilli avec enthousiasme : sfériés et confiture d’oranges amères. Les sferiés sont une sorte de petits choux frits et plongés dans un sirop de miel absorbé immédiatement. Les oranges amères d’Algérie étaient d’une taille respectable avec une peau épaisse. La pulpe était luisante de sirop et la couleur d’or pâle était appétissante.

Caroline Elishéva REBOUH

Sferies copy

Si votre nettoyage de Pessah dure plus d’une journée, ce n’est pas le ménage de Pessah mais celui du printemps. Ne vous trompez pas ! –

Par le Rabbin Efrem Goldberg 9 mars 2021

Maintenant que Pourim est derrière nous, le compte à rebours pour Pessah a officiellement commencé, avec son angoisse, l’anxiété, le stress et l’épuisement. Malheureusement, beaucoup de gens associent Pessah au travail éreintant, aux frais exorbitants, à la préparation sans fin et la privation de pain.

Il n’est pas rare d’entendre des gémissements et les plaintes venant des hommes et des femmes en parlant de cette fête à venir. Beaucoup se décrivent comme épuisés avant Pessah et incapables de profiter de l’ambiance festive, des Sedarim avec les amis et la famille. Les conséquences de cette attitude ne nous touchent pas seulement, elles influencent négativement nos enfants et ceux qui nous entourent.

La Haggadah selon le Rasha, parlant du fils « rasha » méchant, remet en question si cela est du travail pour vous. Pourquoi choisit-il spécifiquement le Seder en prenant le temps de poser cette question ? Le Seder est rempli de bon vin, de bonne nourriture et de bonne conversation. Ne serait-il pas plus logique que le rasha pose cette question le jour de Yom Kippour, quand nous jeûnons et nous nous abstenons de tout plaisir ?

Dans sa nouvelle Hagaddah, le Rav Avraham Elimelech Biderman dit que le travail de l’enfant n’est pas le jour du Seder, mais sa préparation jusqu’à Pessah. Après avoir entendu ses parents se plaindre du nettoyage dans ce travail acharné, après l’obligation de ne pas apporter du hamets partout dans la maison, après avoir entendu les gémissements sur le coût des courses de Pessah, il vient à la table et se dit : « Pourquoi cette fête, si pour tout ce travail que vous faites, vous n’arrêtez pas de vous plaindre ? »

Ce n’est pas la façon dont la Torah ou nos Rabbins l’ont voulu. Je crois que la plus grande partie de ce stress, des maux et des douleurs résultant de la préparation de Pessah est auto-induite et tout à fait inutile. Certes il y a le coût élevé de la matsa, du vin et de l’épicerie casher pour Pessah qui ne peut pas être évité en ces temps difficiles sur le plan économique. Cependant, les préparatifs de la maison et cet excès de main-d’œuvre, ces longs menus et ces recettes trop compliquées peuvent être tous évités.

Aujourd’hui, pour une raison quelconque, Pessah n’est plus Pessah ; depuis ces normes obligatoires, les principaux objectifs deviennent presque entièrement négligés et rejetés. Sans aucun doute, la loi Halacha nous demande de chercher et détruire tout hamets en notre possession.

Selon la définition de « Hamets », de « chercher » et de « en notre possession », ces trois expressions sont très claires et demandent la préparation d’une maison qui devrait prendre seulement quelques heures au total :

Les zones et les lieux où le hamets n’est jamais apporté n’ont pas besoin d’être nettoyés ou vérifiés (Choul’han Aroukh 433 oc: 3) ;
Les appareils qui ne sont pas accessibles ou utilisés ne doivent pas être nettoyés ou vérifiés, ils doivent simplement être mis de côté et scellés ;
Tout aliment qui n’est pas classé comme étant comestible (un chien ne pourra pas les manger) n’est pas considéré comme du hamets (Choul’han Aroukh 442: 2) ;
Il n’y a pas besoin de vérifier les miettes qui font moins d’un « kazait » (30 g) ou qui sont sales ou souillées et ne seraient donc pas comestibles par un humain (Michna Beroura 442: 33) ;
En pratique, une armoire, un placard ou une pièce qui ne sera pas utilisé(e) à Pessa’h peut simplement être fermé(e) avec un morceau de ruban adhésif sur la porte et tout hamets contenu sera vendu ;
Les armoires de cuisine, tiroirs ou placards qui ne seront pas utilisés pour Pessah n’ont pas besoin d’être nettoyés du tout, il faudra juste les fermer ;
Tous les appareils (robot ménager, machine à sandwich, mixeur, machine à pain, etc) qui ne seront pas utilisés n’ont pas besoin d’être nettoyés ; il faudra juste les mettre de côté pour Pessah dans un espace fermé.
Cependant, à un moment donné dans l’histoire juive, la préparation de Pessah a été remplacée par le nettoyage du printemps. Si l’on déplace un réfrigérateur, un four ou tout autre appareil lourd, nous commençons le nettoyage de printemps et non pas la préparation de Pessah.   Lire la suite  https://rakbeisrael.buzz

Cet article est pour l’élévation de l’âme du Gilda Adina bat Louise Yoheved ZAL et Louise Yoheved Bat Noira Chochana.

Source: Rabbi Efrem Goldberg

 

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