Les dessous du pas de deux Russie – Israël *

Un de ces points concerne la neutralité d’Israël envers l’Ukraine, où les séparatistes russes sont en guerre depuis un an. Israël s’est abstenu de vente d’armes au gouvernement de Kiev, qui est soutenu par l’Union européenne et des États-Unis, dans l’espoir d’obtenir de la Russie qu’elle renonce à la vente des missiles à l’Iran. 
«Israël a subi beaucoup de pression pour ne pas se joindre au consensus de tous les occidentaux sur la crise ukrainienne, » a déclaré Sarah Feinberg, chercheur à l’Institut de Tel Aviv pour les Etudes de Sécurité Nationale. «Ce fut une décision difficile pour le gouvernement israélien, qui était préoccupé par les possibles représailles russes au Moyen-Orient – comme la vente de S-300 à l’Iran. »

Le 18 Avril Poutine a mis en garde Israël contre la vente d’armes à l’Ukraine, affirmant que cela ne ferait qu’attiser les confrontations et à en créer de nouveaux foyers, à plus de victimes humaines, pour un même résultat. »

La préoccupation de M. Poutine sur les ventes d’armes israéliennes à l’Ukraine, y compris les drones, ne sont pas sans fondement. En Octobre dernier, le ministre ukrainien des Affaires étrangères Pavlo Klimkin s’est rendu en Israël et a dit à des journalistes locaux que son pays était très intéressé par l’importation de drones israéliens, en particulier pour surveiller les accords de cessez-le feu avec les séparatistes russes.
Un mois plus tôt, le canal 2 de la télévision israélienne avait rapporté que Aerospace Industries Ltd., le premier producteur de véhicules aériens sans pilote israélien, avait convenu de vendre des drones Ukraine. L’accord s’est heurté à une forte opposition au sein du gouvernement israélien, a déclaré Channel 2, sans citer de sources.

Un responsable israélien, qui n’a pas été autorisé à discuter de la question, a déclaré que la vente de drones à l’Ukraine a été annulée après que Poutine ait téléphoné à Netanyahou pour s’y opposer. Le bureau de Netanyahou, le ministère israélien de la Défense et IAI ont refusé de commenter. Un porte-parole de Poutine, Dmitri Peskov, n’a pas répondu aux messages demandant des commentaires.

Si l’Ukraine n’a pas pu obtenir les drones israéliens, c’est directement lié à la vente des S300 de la Russie à l’Iran qu’Israël veut faire capoter.

La Russie a exprimé son intérêt dans l’achat de drones israéliens après la guerre de 2008 avec la Géorgie. En 2010, la Russie a conclu un accord pour l’achat de 15 d’entre eux de IAI, et mis en place une joint-venture pour produire cette technologie de drone.

Un familier de la question israélienne dit que l’accord sur les drones avec la Russie  comportait une clause non écrite : Israël y renoncerait que si le Kremlin suspendait la vente des S-300 promis à l’Iran. Maintenant qu’ils ont obtenu la technologie israélienne, cette promesse n’entre plus dans les considérations des Russes regrettent les israéliens.

«l’Envoi de drones ou autres armes à l’Ukraine serait une réponse israélienne inefficace, au même titre que la vente des S-300 à l’Iran de la part de la Russie », a dit Feinberg. Plus efficace pour Israël, dit-elle, serait de lever sa neutralité politique sur le conflit ukrainien, ou de prendre des mesures au Moyen-Orient contre les alliés régionaux russes comme le régime de Bachar al-Assad en Syrie.

IAI dit vendre des drones à 50 clients internationaux, mais sans pouvoir fournir de chiffres. Israël est globalement le plus grand exportateur mondial de produits et services de drones, selon l’Institut « Stockholm International Peace Research », et le groupe de conseil Frost & Sullivan estime que les drones israéliens ont rapporté au moins 4,6 milliards de dollars de ventes à l’exportation de 2005 à 2013.

La Russie ne semble pas, vouloir renoncer à la vente de S-300 à l’Iran, si l’on en croit le ministre adjoint des Affaires étrangères Sergei Ryabkov. Comme le rapporte l’agence d’information Interfax la livraison ne se produira pas avant que les questions politiques et juridiques soient résolues. M. Poutine a reconnu que les objections israéliennes avaient déjà sabordé une potentielle vente de S-300 à une autre nation du Moyen-Orient, probablement la Syrie.

L’analyste russe Makienko suggère que ce qui se passe en public autour des S-300 est essentiellement du théâtre politique. « Il est probable que derrière le rideau, l’annonce de la levée de l’embargo sur la vente des S-300 n’ait été convenue avec Israël à l’avance,» dit-il. « Donc, la réponse d’Israël à cette décision russe n’est que du théâtre aussi.