Mattot-Massé: les avertissements du prophète Jérémie (vidéo)

A Chabbat Mattot on lit des extraits du Livre du prophète Jérémie qui  nous ramène au temps des derniers rois de Juda avant la destruction du Premier Temple.
L’apparition d’un prophète est toujours l’indice du mauvais état du peuple d’Israël, mais aussi une preuve de la grâce de Dieu.

Les origines du prophète

Jérémie naquit dans une famille de prêtres à Anatot, près de Jérusalem. Son père était le prophète et Grand-Prêtre ‘Hilkiyah. Jérémie commença ses prophéties la treizième année du règne du roi Josias (639- 608 av.). 
Timide, Jérémie commence par résister à l’appel de Dieu: « Je suis un enfant ». Ne parle pas ainsi, lui répond l’Éternel. Qu’importent tes capacités, du moment que tu ne dis et ne fais rien d’autre que ce que je te commande. 
L’homme que Dieu choisit pour cette tâche immense n’est pas un ambitieux, c’est Jérémie le modeste.
Pour encourager son jeune messager, Dieu lui donne deux visions remarquables : Le bâton d’amandier (« l’arbre qui veille ») rappelle la verge d’Aaron qui jadis avait bourgeonné, fleuri et mûri des amandes (Nomb. 17 v. 8) et confirme la décision de ce Dieu vigilant et fidèle.

Rôle du prophète sous les règnes de Josias, Joïakim et Sédécias

Il prophétisa les dernières années du règne de Josias et sous celui de ses fils : Yéhoa’haz, qui ne régnait que trois mois, et Joïakim (608-598 av.)) ; sous le fils de ce dernier, Yéhoyakhine, qui demeura cent jours sur le trône, et enfin sous Sédécias, fils de Josias et dernier roi de Judée (597-587 av.).
Il soutient le roi Josias dans son combat contre l’idolâtrie, exhorte le peuple avec véhémence au repentir, dénonce certains Cohanim (prêtres) hypocrites et fétichistes qui sont persuadés que le Beth-Hamikdach ne peut être détruit. Les Cohanim n’acceptent pas ses remarques et le critiquent violemment .
En tout, Jérémie prophétisa quarante ans, jusqu’à la destruction du Second Temple et peu de temps au-delà.

À partir de ce moment, Jérémie perdit toute appréhension et formula ses tristes prophéties et ses sombres avertissements sans se soucier du roi et de ceux qui l’entouraient, souvent au péril de sa vie. Si nous laissons Dieu régner sur nos cœurs et nos pensées, nous pourrons dire comme Jérémie : «La parole de l’Eternel me fut adressée» (1:4). Ce qui nous est rapporté ensuite, dans ce face à face très sérieux, fait penser à la rencontre de Moïse avec Dieu au désert, dans le buisson ardent. Même intimité, même intensité, même irrévocabilité.

Josias fut le dernier roi de Judée qui eût la crainte de D.ieu. Il tomba au champ de bataille alors qu’il combattait contre le Pharaon Nékho.

Rappelant le souvenir du roi Josias par des discours violents, il dénonça l’injustice sociale, l’impiété, l’hypocrisie et annonce le châtiment qui sera la mort, la destruction et la déportation, à moins d’un revirement sincère du peuple.

Il supplia le roi Joïakim de se soumettre à la Chaldée. Il se promèna, un joug sur la nuque, dans les rues de Jérusalem, démontrant symboliquement qu’il faut accepter cette servitude. Considéré comme un défaitiste ou un traître, il mit par écrit toutes ses prophéties et son secrétaire, Broukh ben Neria, les lit, lors des fêtes, au peuple rassemblé, afin de prouver que son seul but est de ramener le peuple vers D. Il a très peu d’amis et est haï par la population. Prison, lynchage, menace de mort, rien ne lui a été  épargné. Il n’échappa à la mort que grâce à quelques amis dont Ahikam, le fils de l’ancien secrétaire du roi Josias.

Lui mort, et des successeurs médiocres aidant, le peuple s’enfonça dans l’idolâtrie. Jérémie fit tout ce qu’il put, mais en vain, pour le ramener dans les voies de la Torah.

Dans une prophétie émouvante, il rappela à son peuple son histoire passée quand, plein de foi, il suivit Moïse dans le désert. Il décrit la fidélité du peuple juif à D.ieu, la comparant à la fidélité d’une nouvelle épouse à son époux ; et il se demande ce qui a bien pu arriver à ses frères pour qu’ils se détournèrent ainsi de D.ieu :

« Ainsi parle l’Éternel : Je me souviens de ton amour lorsque tu étais jeune, de ton affection quand tu étais fiancée, quand tu Me suivais au désert, dans une terre inculte. Israël est consacré à l’Éternel, il est les prémices de Son revenu ; tous ceux qui en mangent se rendent coupables, et le malheur fondra sur eux, dit l’Éternel.

 « Écoutez la parole de l’Éternel, la maison de Jacob, et vous toutes, familles de la maison d’Israël ! Ainsi parle l’Éternel : quelle iniquité vos pères ont-ils trouvée en Moi, pour s’éloigner de Moi et aller après des choses de néant et n’être eux-mêmes que néant ? Je vous ai fait venir dans un pays semblable à un verger, pour que vous en mangiez les fruits et les meilleurs produits ; mais vous êtes venus, et vous avez souillé Mon pays, et vous avez fait de Mon héritage une abomination… Car Mon peuple a commis un double péché : ils M’ont abandonné, Moi qui suis une source d’eau vive, pour se creuser des citernes crevassées, qui ne retiennent pas l’eau. » (Jérémie 2, 2-13)

Ce n’est pas tout. Le prophète se plaint de ce que le peuple juif a abandonné D.ieu et Sa Torah, la source de vie, et s’est tourné vers l’idolâtrie et un mode de vie contraire à la vérité, et dont ne peut résulter justement aucune vie, mais seulement le malheur.

La valeur réelle

Le prophète déclara que la « sagesse » des nations idolâtres, leurs richesses, ni leur puissance n’ont une valeur réelle ; seulement de connaître D.ieu et de marcher dans Ses voies, en a une. L’un des enseignements les plus célèbres de Jérémie est le suivant :

« Ainsi parle l’Éternel : Que le sage ne se glorifie pas de sa sagesse, que le fort ne se glorifie pas de sa force, que le riche ne se glorifie pas de sa richesse. Mais que celui qui veut se glorifier se glorifie d’avoir de l’intelligence et de Me connaître, de savoir que Je suis l’Éternel qui exerce la bonté, le droit et la justice sur la terre ; car c’est à cela que Je prends plaisir, dit l’Éternel. »

(Jérémie 9, 23-24)

Le prophète enseignait aussi qu’il est inutile de se fier à l’homme, car se faisant l’on nie D.ieu ; seule la confiance en D.ieu est sûre d’être récompensée :

« Ainsi parle l’Éternel : maudit soit l’homme qui se confie dans l’homme, qui prend la chair pour son appui, et qui détourne son cœur de l’Éternel ! Il est comme un misérable dans le désert, et il ne voit point arriver le bonheur… Béni soit l’homme qui se confie dans l’Éternel… car il est comme un arbre planté près de l’eau, et qui étend ses racines vers le courant ; il n’aperçoit pas la chaleur quand elle vient, et son feuillage reste vert ; dans l’année de la sécheresse, il n’a pas de crainte et il ne cesse de porter des fruits. »

(Jérémie 17, 5-8)

Quand le pieux roi Josias mourut, la vie spirituelle commença à décliner au sein du peuple. Les successeurs de Josias étaient loin d’avoir sa stature.

Avant sa mort, il avait désigné pour lui succéder sur le trône son fils Yéhoa’haz qui semblait plus enclin que son frère aîné à marcher sur les traces de son père. Le peuple accepta ce choix, et le proclama roi. Mais le règne de Yéhoa’haz fut très bref ; il ne dura que trois mois pendant lesquels il déçut tous les espoirs qu’il avait suscités.

L’invasion du pays de Juda par le Pharaon Nékho mit fin à son règne. Nékho captura Yéhoa’haz qui fut emmené dans les chaînes en Égypte ; il y mourut en captivité. A sa place, le Pharaon mit sur le trône le frère aîné de Yéhoa’haz, Elyakime qui changea son nom en Joïakim.

Ce dernier fut encore pire que son frère. Il négligea les lois de la Torah que son père avait si solidement implantées dans le pays, et fut un triste exemple pour son peuple en s’engageant dans la voie du mal et de l’idolâtrie.

Il continua à proclamer au roi Sésécias la soumission à la Chaldée, se battit contre des faux prophètes qui annonçaient le retour des premiers déportés. Au contraire, il prophétisa que l’exil durerait 70 ans et écrit une lettre aux déportés où il les conjure de s’installer, de se marier et de vivre selon la loi de D .

« Bâtissez des maisons et habitez-les, plantez des jardins, et mangez-en les fruits. Épousez des femmes et mettez au monde des fils et des filles… »

En 589 av., lors de l’approche des Chaldéens, Sédécias mit en prison Jérémie, craignant qu’il ne décourage le peuple fort inquiet de l’évolution de la situation.

A la demande d’officiers excédés par ses proclamations, Jérémie futt condamné à mort par le roi qui le fit jeter dans une fosse profonde, remplie de boue. Sauvé de justesse par un serviteur du roi, il fut remis en prison et délivré par les troupes chaldéennes, après le 9 Av 586 av.

« Une nation contre vous »

Jérémie constata avec une peine infinie la dégradation de la moralité parmi ses frères et il admonesta sévèrement :

« Parcourez les rues de Jérusalem ; regardez, informez-vous, cherchez dans les places, s’il s’y trouve un homme, s’il y en a un qui pratique la justice, qui s’attache à la vérité, et Je pardonne à Jérusalem. Même quand ils disent : “l’Éternel est vivant”, c’est faussement qu’ils jurent. Ils renient l’Éternel, ils disent : “Il n’existe pas ! Et le malheur ne viendra pas sur nous. Nous ne verrons ni l’épée, ni la famine…”

« C’est pourquoi ainsi parle l’Éternel, le D.ieu des Armées : Parce que vous avez dit cela, voici, Je veux que Ma parole dans ta bouche soit du feu, et ce peuple du bois ; et que le feu les consume. Vois, Je fais venir de loin une nation dont tu ne connais pas la langue, et dont tu ne comprendras point les paroles. Son carquois est comme un sépulcre ouvert ; ils sont tous des héros. Elle dévorera ta moisson et ton pain que tes fils et tes filles doivent manger ; elle dévorera tes brebis et tes bœufs, elle détruira par l’épée tes villes fortes dans lesquelles tu te confies.

« Mais en ces jours, dit l’Éternel, Je ne vous détruirai pas entièrement. »

« Quand le prophète Yirmiyahou (Jérémie) vit le Beth Hamikdash en ruines, il tomba sur les pierres et le mortier et pleura.  Un philosophe grec, vint vers lui et s’exclama, « Comment pouvez-vous, vous le plus intelligents des Juifs pleurer sur des briques et du mortier ? Et pourquoi pleurez-vous sur le passé ? Ce qu’il devait se passer s’est passé. Une personne intelligente ne pleure pas sur le passé mais pour le futur. » Yirmiyahou répondit, « vous êtes un grand philosophe, vous avez donc sans doute des dilemmes philosophiques.» Le philosophe lui dit « J’ai des questions, mais je ne pense pas que quiconque puisse y répondre. » Yirmiyahou dit « Posez les moi et je vous répondrai » Le philosophe grec demanda et Yirmiyahou répondit à chacune d’entre elles. Le philosophe était tellement étonné par sa sagesse qu’il ne savait pas s’il était un homme ou un ange Yirmiyahou lui dit alors “Toute cette sagesse vient de ces briques et de ce mortier. Les raisons pour lesquelles je pleure sur le passé, vous n’êtes pas capable de les comprendre. Seul un Juif peut comprendre la profondeur des pleurs sur le passé.``(Rav Eliahou Lopian, Lev Eliahou, Vol. I)  (photo des Vestiges de l’escalier d’ascension du second beth Hamikdash, découverts par l’archéologue Benjamin Mazar, jusqu’à l’entrée de la cour du Beth Hamikdash. Les pèlerins venant offrir des sacrifices au Beth Hamikdash entraient  et sortaient par cet escalier.)

Le grand prophète Jérémie vécut en une période des plus critiques de l’histoire juive. Il fut témoin de la destruction de Jérusalem et du Premier Temple après que ses avertissements répétés et ses prophéties eurent été ignorés de tous.

Après le 9 Av 586 av., il aida Guédalia à gouverner et, après l’assassinat de ce dernier, quitta la Judée pour l’Egypte, où l’on perdit sa trace.
Son œuvre se composait de 52 chapitres contenue dans le 2e livre des « Derniers Prophètes » et de la Meguila « Les lamentations » (Ei’ha).   Ce qui ne l’empêcha pas, une fois le malheur arrivé, d’être une source de réconfort pour ses frères en leur indiquant la voie de leur rédemption. Jérémie, prophète de la douleur, fut un des plus grands prophètes d’Israël.

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L’art du Shabbat autour du monde…Magnifique paire de chandeliers d’art yéménite. Ils sont réalisés à la main en argent filigrané et représentent des musiciens klezmers.
Jforum avec www.coolamnews.com et Marianne Picard Z’l (Juifs et Judaïsme de -700 à + 70)  Mis en page par N. G

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