Le rabbin de Rome s’exprime avant la visite du pape
à la Grande synagogue
Fot. Twitter / @raviologist
L’expression de la continuité du dialogue judéo-chrétien – c’est ainsi que le Grand rabbin de Rome a nommé la visite du Pape François à la Grande synagogue de la Ville Éternelle, prévue le 17 janvier. Auparavant, deux papes l’avaient visitée : Jean-Paul II et Benoît XVI.
Lors de l’échange avec le journaliste italien de Corriere della Sera, le rabbin Riccardo Di Segni a rappelé que depuis que le cardinal Jorge Bergoglio a été élu Pape, ils se sont déjà rencontrés plusieurs fois. Ainsi, la possibilité d’une visite du Pape François à la synagogue avait été rapidement évoquée. Il ne s’agissait pas de quelque chose d’urgent, toutefois le désir en avait été partagé.
À la question, si le thème essentiel de leurs échanges relevait de la théologie, Di Segni a répondu que leurs rencontres avaient toujours eu lieu à l’occasion d’un événement, c’est pourquoi la théologie était plutôt « le dernier des sujets » abordés. L’on parle principalement des questions pratiques, de la vision du monde, et de l’Histoire.
Puisque le pape est jésuite, un jour, le rabbin a mentionné Le Père Diego Laínez, de la première compagnie après Ignace de Loyola, Supérieur général de la Compagnie de Jésus. Le rabbin a rappelé qu’Ignace de Loyola était originaire d’une famille de Juifs convertis – après la mort de celui-ci, la Compagnie de Jésus avait interdit de recevoir des personnes ayant des origines juives, même lointaines. Une autre fois, il était question de St-François d’Assise que d’aucuns soupçonnent d’avoir des racines juives quoique di Segni trouve qu’il s’agit d’une affabulation.
Interrogé sur ses échanges téléphoniques avec le pape François, le rabbin affirme que bien qu’il entretienne des relations cordiales avec lui, il ne s’autorise à le déranger qu’en cas d’affaires vraiment importantes. Ainsi, à l’été 2014, lorsque « Les parents – dont trois jeunes fils juifs furent enlevés par des terroristes palestiniens près de Hébron – demandèrent à rencontrer le pape », ce dernier avait accepté. – À peine j’ai reçu l’information que les garçons avaient été assassinés, j’en ai informé le Vatican. J’ai alors eu une conversation privée avec le pape – raconta Di Segni.
Il téléphona aussi au Pape François afin de l’avertir de l’utilisation, à la connotation négative, du terme « les Pharisiens », ce que le pape écouta avec entendement.
Selon le rabbin, la visite de Jean-Paul II à la Grande synagogue de Rome, il y a 30 ans, apparaissait comme une forme de « révolution ». La seconde visite – celle de Bénédict XVI, qui entretenait des relations particulières avec le judaïsme – visait « l’importance de la continuité ». Et, bien qu’ils ne se soient plus rencontrés depuis, ils maintiennent un contact épistolaire, tel que l’envoi des vœux, toujours écrits à la main.
– Son style était doctrinaire, théologique, sapientiel ainsi que formel. Je pense que, dorénavant, la continuité – surtout celle du moment historique – mais aussi le contact sacerdotal que le pape François détient avec des personnalités, seront les éléments essentiels de l’échange. Nous entendons bien la demande d’adaptation de l’événement à la mesure de sa personnalité. Bergoglio voudra saluer le maximum de gens. Et de nombreux Juifs lui serreront la main avec plaisir. Ce sera l’étape suivante de l’Histoire – affirme Di Segni.
À la question si la visite de François à la Grande synagogue avait un rapport avec le Jubilé de la Miséricorde, et si elle allait représenter un message contre le terrorisme islamiste, le Grand rabbin de la Ville Éternelle a spécifié que bien que l’appellation Jubilé provienne de la Bible, celui-ci est un événement chrétien. Il remarqua que « le monde d’aujourd’hui saigne dans des conflits, nourris de violence, de destruction, lesquels se réfèrent à une religion la présentant comme leur source ». – Notre rencontre doit transmettre un message opposé : une diversité religieuse en tant qu’expression de la coexistence, en tant qu’invitation à une coopération pour le bien de tous – propose Di Segni.
EKAI, pl (KAI/Corriere della Sera) / br, Rzym, 2016-01-08
– traduction du polonais Irena Elster
ekai.pl/wydarzenia/polska/x95824/rabin-rzymu-przed-wizyta-papieza-w-synagodze/
… Cette modalité, André, pour expliciter votre propos, est que Jésus est Fils de Dieu, c’est-à-dire Dieu Lui-même, incarné, en tant qu’alpha et omega de toute existence… y compris et même surtout celle juive.
Il me semble donc que le « dialogue » juif-chrétien actuel, voulant, le grand-rabbin vient de le dire, se baser sur tout, sauf sur la théologie, est surréaliste, menteur et profondément déviant. Il me fait penser à un épisode du premier christianisme. Saint Pierre fuyait la Rome de Néron, craignant d’y subir le martyr. Dans sa fuite pour s’éloigner de Rome, il voit le Christ, Jésus, lui apparaître. Il Le reconnaît tout-de-suite, et la vision lui montre le Christ marchant dans le sens exactement opposé à la direction qu’il avait prise en fuyant Rome. « Où allez-Vous, Seigneur ? » Lui dit-il. Et Jésus, de lui répondre : « Je vais à Rome pour y être crucifié de nouveau ». Saint Pierre comprit, lui que Jésus avait fait son premier pape, son tenant-lieu sur terre, rebroussa chemin, et fut crucifié à Rome, la tête en bas, car il se croyait indigne d’être crucifié comme le Christ.
Il me semble que le dialogue juif-chrétien actuel, commencé avec le Nostra Aetate de Vatican II, va exactement dans la direction opposée à celle qui doit être prise. Le vrai dialogue juif-chrétien, surnaturellement productif pour tous, inclut un SACRIFICE. Sacrifice du chrétien qui doit expurger avec soin tout antisémitisme dans sa Foi au Christ (et il y a certes bien du travail à faire de ce côté-là, les scolastiques, depuis le IVème siècle des saints Jérôme & Augustin, c’est-à-dire donc depuis de très-longs siècles, ayant supprimé agnostiquement beaucoup de données juives de la Foi, par exemple celle du Millenium), et sacrifice du juif qui, essentiellement, doit reconnaître la messianité divine de Jésus, là étant évidemment, pour lui, le point capital.
Voilà. Tout le reste n’est que poudre de perlimpinpin, fanfreluches & petites mignardises où on joue plus ou moins hypocritement à se tricher l’un l’autre, entre juifs et catholiques, en espérant très-fort, par la méthode Coué, créer une réalité qui n’existe pas, notamment autour de ces sciences psychologiques que sont la sociologie, l’humanisme intégral à dimension universelle. Mais surtout pas basée sur le roc de la théologie. Et, en tant que catholique, j’avoue avoir franchement honte de ce que font les papes modernes depuis Vatican II, surtout celui actuel, François (mais le grand-rabbin n’a pas l’air en reste, bien au contraire…).
Au fond, c’est-à-dire d’un point de vue théologique, il n’ y a aucun problème pour le judaïsme d’exister à côté du christianisme puisque le premier, qui précède le second, ne lui demande rien.
L’inverse est cependant moins évident dans la mesure où le christianisme a ajouté une nouvelle modalité, et de taille, au Dieu biblique et qui n’est pas reconnue par le judaïsme.