Photo prise en 1946 d'Alfred Nakache (1915-83), champion français de natation: 6 titres de champion de France sur 8 titres en 1942, recordman du monde du 200 m, recordman d'Europe des 100 et 200 m brasse dans les années 40. (Photo by AFP)

Un livre retrace la vie d’Alfred Nakache

Toulouse : l’auteur Renaud Leblond retrace le destin hors du commun du nageur Alfred Nakache

L’auteur Renaud Leblond s’apprête à publier un ouvrage émouvant et très documenté sur la vie d’Alfred Nakache (1915-1983). Il s’intitule « Le nageur d’Auschwitz» (ed. l’Archipel) et sera en vente en librairie à partir du jeudi 5 mai. Interview.

Comment avez-vous découvert le destin extraordinaire du nageur toulousain Alfred Nakache ?

C’était en 2019, au moment, où il a été intronisé au panthéon mondial de la natation en Floride. J’ai alors découvert l’histoire d’Alfred Nakache que je ne connaissais absolument pas.

Immédiatement, avez-vous vu là matière à un livre ?

Pas tout de suite. J’ai d’abord été bouleversé par tout ce que je venais de découvrir sur Alfred Nakache et j’ai commencé à m’intéresser à son histoire. Progressivement, le projet d’un roman autour de sa vie s’est imposé à moi.

« Le Nageur d’Auschwitz » est un roman vrai, dites-vous. Rien n’est inventé, même pas les dialogues ?

Le Nageur d'Auschwitz | Lisez!

Tous les faits marquants de la vie d’Alfred Nakache y sont restitués. J’ai choisi une forme romanesque pour être au plus près de sa psychologie, de sa vérité d’homme et pour le faire revivre à travers notamment des dialogues.

Dans ce livre, vous retracez son destin hors du commun depuis sa naissance à Constantine, en Algérie, à sa mort le 4 août 1983…

Tout à fait. Alfred Nakache a eu une enfance à Constantine, une ville extraordinaire, surnommée la Cité des Passions. Il a grandi dans une famille juive très unie, assez traditionnelle, qui partage beaucoup, notamment autour de cette piscine où Alfred Nakache va apprendre à nager.

Au départ, il a la phobie de l’eau…

C’est en la surmontant qu’il va devenir le champion olympique qu’on sait. Nakache a une force vitale en lui qu’il partagera avec tout le monde, durant toute son existence. Mon livre alterne donc toutes les époques de sa vie depuis son enfance à Constantine, à ses années parisienne, les JO de Berlin en 36, en passant par son arrivée à Toulouse.

En effet, en 1941, Alfred Nakache est déchu de sa nationalité par le régime de Vichy. Il rejoint alors la France libre et s’installe à Toulouse avec sa femme et reprend l’entraînement aux Dauphins du TOEC…

Oui, il trouve là une extraordinaire famille avec les Jany qui s’occupent beaucoup de la piscine. D’ailleurs, le jeune Alex Jany va devenir un champion. En 1942, Nakache gagne tout, alors que la politique de persécution contre les juifs fait rage. En 1943, il est interdit de bassin, ses copains des Dauphins du TOEC décident, en soutien, de boycotter les compétitions du championnat de France qui se déroulent à Toulouse.

Nouveau coup dur en 1944, il est déporté à Auschwitz avec sa femme et sa fille…
Ce sont les heures sombres de sa vie. Lui va réchapper des camps ; sa famille, non.
De retour à Toulouse, il trouve la force de reprendre la natation…

Oui, c’est incroyable. Son comportement force l’admiration. La famille Jany va être, une fois de plus, extraordinaire avec lui, ainsi que son entraîneur Alban Minville, puisqu’ils vont l’aider à retrouver une force physique, en l’incitant à renager, à se réalimentant progressivement. C’est ce qui va lui permettre de décrocher de nouveaux titres en 1946. Durant, ces compétitions, il a dû penser très fort à sa femme et à sa fille. Jusqu’à ce qu’il apprenne la disparition de sa fille en 1946, il allait tous les jours à la gare Matabiau pour voir si elle ne descendait pas du train. Qu’il arrive à continuer à nager pour sa famille après qu’il ait appris leur disparition, je trouve cela bouleversant.

Cela en dit beaucoup sur sa capacité de résilience ?

Complètement. Je dirais même plus sur sa capacité d’amour.

Avec ce roman, souhaitez-vous encourager notre vigilance par rapport à l’antisémitisme et au racisme ?

Oui, Nous avons un dé voir de mémoire, plus on pourra témoigner de ce qui s’est passé, plus nous serons vigilants pour le présent et l’avenir.

Sophie Vigroux  www.ladepeche.fr

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Henriette Irène

J’ai eu un professeur juif rescapé et sauvé par des Russes. Ces Russes l’ont emmené à là-bas et lui ont donné un job coomme chef d’orchestre. Il adorait les Russes et me disait qu’ill étaient trèz cultivs, bien éu-dessus de la moyenne en Belgique; Il a du se sauver à cause de Stéline je suppose. C’éit le meilleur professeur de musiiqaue que j’ai jamais eu. Il est enterr à Kraianem je crois. Une amie m’é emmenée aussi à l’enterrement de sa mère. je n’ai jamais vu un enterrement aussi simplemple. J’aurai leur souvenir jusqu’à la fin de mes jours. Il s’appelait Alexander