Sydney, Bruxelles, Paris, Copenhague hier, demain Londres, Madrid, Berlin ou Rome… C’est une guerre où les premières lignes sont partout et l’arrière nulle part. C’est une guerre inégale puisqu’elle met aux prise d’un côté des tueurs à la balle et au couteau, de l’autre des civils désarmés ou parfois armés d’un crayon. C’est une guerre asymétrique puisque les antagonistes ne jouent pas sur le même terrain, puisqu’elle oppose des abrutis fanatisés par des charlatans et des dingues à des sociétés dont les valeurs fondamentales, au moins en principe, sont la liberté d’expression, la tolérance, la laïcité. C’est une guerre anachronique puisqu’elle confronte des régimes démocratiques où la peine de mort a été bannie, des collectivités ouvertes au métissage et au multiculturalisme aux adeptes d’un Dieu unique dont ils ont fait un monstre à leur image, un Dieu cruel, un Dieu jaloux, un Dieu aussi borné qu’eux, un Dieu buveur de sang, avide de sacrifices humains, un Dieu du carnage.
L’Europe compte aujourd’hui vingt millions d’individus qui confessent, pratiquent ou propagent la religion musulmane. L’immense majorité d’entre eux ne posent aucun problème particulier en termes d’intégration, de coexistence, d’ordre social ou d’ordre public. Mais quelques centaines de milliers d’entre eux approuvent ou admettent qu’on puisse tuer un journaliste parce qu’il a moqué un Dieu qui n’est pas le sien ou un juif qui paie ainsi les péchés prêtés à Israël. Mais quelques dizaines de milliers d’entre eux, qui pratiquent un islam exclusif, intolérant et conquérant, ont tissé des réseaux de recrutement de djihadistes, voire d’aide aux terroristes qui, comme eux, se réclament du prophète. Mais quelques milliers d’entre eux sont prêts à passer à l’action, et ces assassins sont parmi nous.
Combien de chrétiens, combien de juifs vivent-ils aujourd’hui en Arabie saoudite, au Yémen, en Iran, en Libye, en Algérie et même en Tunisie ? Ils ont été chassés, éliminés par la violence ou par la persécution, de tous ces pays où leur présence, parfois millénaire, a été déclarée ou rendue incompatible avec l’islam. Et le rêve dément que les fous d’Allah cultivent, non seulement à travers le monde musulman mais désormais sur le sol de cette vieille Europe qui fut judéo-chrétienne, est dans un premier temps de nous imposer leurs lois au nom de leur foi, dans un deuxième temps de nous courber sous le joug de leur religion de malades mentaux.
Perspective insensée, dira-t-on, mais l’histoire, et la plus contemporaine, nous enseigne qu’il n’est pas de projet, si fou, si barbare qu’il soit, qui ne se réalise s’il conjugue la violence, la force et l’absence de tout scrupule humain ou de tout interdit moral. Le XXe siècle fut celui de Hitler, de Staline, de Mao et des Khmers rouges. Les djihadistes ne reculeront devant rien pour que le XXIe soit celui de l’État islamique, d’Al-Qaïda et de Boko Haram. Incapables de l’emporter sur un champ de bataille classique, c’est à l’intérieur de nos frontières, dans nos villes, dans nos cités qu’ils transfèrent leur combat, avec une double visée : intimider ou terroriser peuples, médias, gouvernements, creuser le fossé entre les importantes minorités musulmanes présentes sur le Vieux Continent et le reste de la population. Ce fut la tactique employée, finalement avec succès, par le FLN en Algérie. Les Français non musulmans et les musulmans de France commettraient une énorme erreur en tombant dans le piège grossier qui leur est tendu. Aux premiers de ne pas sombrer dans une hystérie islamophobe qui ferait de tout musulman un bouc émissaire, au risque d’en faire un complice des tueurs. Aux seconds de comprendre que les assassins islamistes présentent le pire visage et sont les pires ennemis de l’islam, donc les leurs. Et d’agir en conséquence. Sans tarder.
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