Simone Veil – Fondapol, CC BY SA 2.0

“L’aube à Birkenau”: Simone Veil, l’inattendue de cette rentrée littéraire

Nicolas Gary – 10.10.2019

Était-ce le fameux ouvrage secret, annoncé à 250.000 exemplaires au milieu du mois de juillet qui a chamboulé le Landerneau ?

L’éditeur s’en défend, mais Les Arènes s’attendent de toute évidence à un bouche-à-oreille de grande ampleur. Avec L’aube à Birkenau, David Teboul signe l’aboutissement d’un immense travail.

« Ce livre a une longue histoire. À la fin des années 1990, alors jeune cinéaste, David Teboul avait proposé à Simone Veil de lui consacrer un film. Ce fut le point de départ d’une amitié, jalonnée de très nombreux entretiens, qui a duré jusqu’à sa mort », annonce Laurent Beccaria, directeur des éditions Les Arènes.

Et au sein de la maison, le secret a cependant été soigneusement préservé : des mois de labeur pour que cet ouvrage voie le jour.

L’aube à Birkenau s’ancre déjà dans l’histoire : lors de la panthéonisation de Simone Veil, en juillet 2018, le réalisateur David Teboul avait produit une installation, tirée de neuf heures d’entretiens avec Simone Veil.

C’était un an après sa mort, elle et son mari entraient au Panthéon, et plus de deux millions de Français avaient alors suivi la cérémonie, ainsi que celle de 2017, où elle avait reçu un hommage solennel aux Invalides.

L’ouvrage concrétise un peu plus encore les heures d’enregistrements et de témoignages, « forgé autour de l’expérience des camps » que Teboul avaient consacrées à Veil.

« C’est un ouvrage avec un statut particulier : elle ne l’a ni signé ni écrit. Il retient 17 années d’entretien, quelque 40 heures face caméra, parce que Teboul avait cette idée obsédante de la transmission, lui qui est de la génération d’après Shoah. Simone Veil lui avait fait promettre d’utiliser ces échanges et d’en faire quelque chose », détaille Laurent Beccaria.

Les camps, la mémoire

À 16 ans, en mars 1944, Simone Veil fut arrêtée, avant d’être déportée vers Auschwitz-Birkenau.

Ce livre revient sur cette expérience de l’indicible « l’impact de cet événement sur sa vie après les camps et sur ses engagements politiques, notamment pour la cause des femmes », nous indique l’éditeur.

Mais c’est également un dialogue avec sa sœur Denise, déportée alors qu’elle était résistante, et deux autres camarades de camps.

Cependant, l’ouvrage n’entend pas apporter de révélations — et n’en promet d’ailleurs aucune. En revanche, Simone Veil « habite littéralement le livre. Le lecteur entend sa voix et ressent sa liberté intérieure ».

Et d’évoquer une vérité « saisissante », portée par toute l’attention déployée par le réalisateur, l’écoute et le temps consacrés.

C’est au graphiste Bruno Monguzzi qu’a été confiée la réalisation de l’ouvrage, dont les pages ont été pensées « ligne à ligne, chaque image fut discutée ».

Devant l’ampleur du témoignage — et quand on songe à l’image que la France a conservée de Simone Veil — on imagine aisément combien le livre saura toucher, émouvoir et enseigner encore, la mémoire de ce que Primo Levi qualifiait d’enfer, parce qu’on n’y trouve pas de “pourquoi”.

Avec son autobiographie publiée chez Stock en 2007 (plus de 1,2 million d’exemplaires vendus, incluant des extraits en poche pour les scolaires), Simone Veil avait déjà apporté une pierre supplémentaire à l’édifice, au devoir de mémoire.

Cette parole qui nous parvient, deux ans après son décès, répond une fois encore à Levi : « Puisse l’histoire des camps d’extermination retentir pour tous comme un sinistre signal d’alarme. »

[à paraître le 20/11] Simone Veil, David Teboul – L’aube à Birkenau — Les Arènes — 9791037500908 – 20 €

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