L’AFRIQUE EST L’AVENIR DE L’EUROPE

Bonjour
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En envahissant l’Ukraine, Vladimir POUTINE a notamment réussi le tour de force de :
  • Redonner vie à l’OTAN. Alors qu’elle était « en état de mort cérébrale », elle apparait aujourd’hui comme le seul bouclier face aux visées agressives de Vladimir POUTINE. Cela a conduit deux pays, la Finlande, la Suède, à renoncer à leur neutralité et à demander leur entrée dans l’Organisation.
  • Entraîner un sursaut européen, avec une Allemagne qui a pris trois décisions historiques :
  • Elle a remis en cause son accord gazier avec Moscou ; il a fallu cette guerre pour que Berlin comprenne enfin la situation de dépendance dans laquelle ont été placées l’Allemagne et l’Europe en privilégiant le gaz russe.
Il faut espérer maintenant que la nouvelle coalition, nonobstant la participation des Verts, fasse à nouveau appel à l’énergie nucléaire dont le rôle peut s’avérer incontournable pour sortir le pays de l’impasse énergétique.
  • Pour la première fois depuis la fin de la seconde guerre mondiale, l’Allemagne a pris le risque d’apparaître, aux yeux des Russes comme un cobelligérant en livrant des armes à l’Ukraine.
  • Enfin, elle a décidé de consacrer 100 Md€ pour renforcer son armée.
La transformation de ce sursaut européen en affirmation de puissance dépendra de l’origine de ces futurs armements. Seront-ils européens ou américains ?
Nous avons vite déchanté puisque les Allemands, à l’instar des Polonais et d’autres pays de l’Est européen ont choisi américain. En achetant le F35 plutôt que le Rafale, Berlin a envoyé un message clair ; seule l’OTAN est en mesure de défendre l’Europe !
La Commission européenne a bien saisi l’enjeu puisqu’elle a proposé aux États membres une coordination des achats militaires. L’initiative est louable. Encore faut-il qu’elle se traduise dans les faits.
Après plus de dix de désintérêt, voire de désengagement à l’égard du vieux continent, les États-Unis sont redevenus, volens nolens, son incontournable parrain. Cela aura des effets sur la construction européenne compte tenu des positions des États baltes et des pays de l’est européen qui n’ont d’yeux que pour l’Oncle Sam qui n’hésitent pas à contester Bruxelles ou à remettre en cause le leadership franco-allemand, fragilisé par ailleurs avec la nouvelle coalition.
À ce stade, les États-Unis apparaissent comme le grand gagnant de cette aventure militaire poutinienne pour au moins deux raisons :
  • Le retour en force de l’industrie militaire américaine par :
  • Les achats allemands
  • Les livraisons américaines à Kiev
  • Et surtout par le remplacement des armes soviétiques livrées à Kiev par les anciens membres du Pacte de Varsovie par des armes américaines. Les Américains sont en passe d’acquérir une position monopolistique de fournisseur d’armes à l’Europe, et d’empêcher la constitution d’une industrie de la défense sans laquelle aucune affirmation européenne d’indépendance et de puissance n’est pertinente !
  • L’affaiblissement durable de la Russie du fait :
  • Des nombreuses pertes militaires, tant en hommes qu’en matériels. Comme avec l’invasion de l’Afghanistan en 1978 par l’Union soviétique, en déclenchant cette guerre, Vladimir POUTINE a mis en lumière les faiblesses de son armée ; les troupes se sont révélées insuffisamment entraînées et avec une faible motivation, au point de recourir aux mercenaires du Groupe Wagner, aux Syriens ou autres Tchétchènes… Par ailleurs, la fabrication et le renouvellement de ses matériels dépendent de nombreux sous-produits importés de l’Occident. Cela pourrait entraîner de véritables tensions sur les munitions qui pourraient permettre aux Ukrainiens de reprendre des territoires dernièrement perdus.
  • Des sanctions économiques qui vont durablement affecter l’économie russe.
  • Des conséquences morales de cette agression et des exactions des militaires russes. Pour se sortir de l’impasse dans laquelle ils se sont eux-mêmes placés, les Russes en sont arrivés à brandir la menace de l’arme nucléaire ou à créer une pénurie alimentaire en bloquant l’évacuation des céréales ukrainiennes. Il ne faut pas négliger cet aspect qui se traduit notamment par une fuite vers l’Occident dc cadres russes.
Vladimir POUTINE a permis aux États-Unis de se rétablir rapidement après la débâcle afghane. Même s’il est encore trop tôt pour tirer des conclusions définitives, le sursaut de l’Occident face à l’agression poutinienne a peut-être conduit les Chinois à la modération et à éviter toute initiative guerrière. Ce n’est pas un hasard si, abandonnant la démarche « d’ambiguïté stratégique », Jo BIDEN a clairement laissé entendre que Washington enverrait des G.I’s défendre Taïwan.
Dans ce contexte, est passé complètement inaperçu le sommet entre l’Union européenne et l’Afrique qui s’est tenu, à Bruxelles, une semaine avant le début des hostilités en Ukraine. Pour la première fois, les Européens se penchent sur leurs relations avec ce Continent qui conditionne une grande partie de son futur.
L’Europe ne peut se désintéresser de l’Afrique à cause du terrorisme, du choc démographique et de la pression migratoire. L’Europe ne peut vivre à l’abri des malheurs africains. L’avenir de l’Europe se construit au-delà de la Méditerranée, même si sa prospérité se forge en Asie.
D’ici à 2050, l’Afrique va être confrontée à un choc démographique sans précédent, une urbanisation très rapide, à des effets collatéraux du changement climatique. En peu de temps, il faut à la fois nourrir les populations, les accueillir au sein d’importants ensembles urbains, donner aux jeunesses l’éducation et les qualifications pour assurer leur employabilité, créer des emplois en nombre suffisant, renforcer et développer les infrastructures…
L’Europe ne peut être absente de ces défis, autant par générosité que par intérêt bien compris. Si les Européens ne réagissent pas, ne nous étonnons pas ensuite de voir arriver sur notre sol des exilés politiques, des émigrés économiques, des fuyant le terrorisme, des migrants climatiques…
Alors que dans les années soixante, certains comme Raymond CARTIER n’hésitaient pas à critiquer l’aide au Zambèze au détriment de la Corrèze, aujourd’hui, une évidence s’impose : il faut aider la Zambèze pour protéger la Corrèze ! La présidente de la Commission européenne, Mme Ursula von der LEYEN a annoncé une enveloppe de 150 Md€ pour l’Afrique d’ici à 2027 ; 12 grands projets emblématiques ont été repérés dans les domaines de l’énergie, du numérique, de la lutte contre le changement climatique…
Cette récente prise de conscience européenne est très importante à un moment où la multiplication des coups d’État militaires dans la zone sahélo-soudanaise et l’inéluctable retrait de la France du Mali aurait pu alimenter un désintérêt vis-à-vis de ce continent. Cette persévérance européenne est essentielle à un moment où les difficultés russes en Ukraine les ont contraints à retirer une partie de leurs mercenaires de Centrafrique et du Mali.
L’Europe mais également les anciennes puissances coloniales comme la France, le Portugal et le Royaume-Uni sont en mesure de reprendre le terrain perdu depuis une vingtaine d’années.
En attendant le déploiement des grands projets, l’Union européenne doit impérativement intervenir pour éviter des famines en Afrique consécutivement à la hausse des prix des céréales résultant de l’arrêt des exportations ukrainiennes.
L’Afrique traverse une des plus graves crises alimentaires depuis des décennies. L’Organisation des Nations-Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial des Nations-Unies (PAM) considèrent que près de 30 millions de personnes sont en carence alimentaire ; ils ont recensé une quinzaine de zones de famine. Le blocage russe va accentuer la gravité de la situation.
L’Union européenne et la communauté internationale doivent très vite faire le nécessaire pour éviter tout risque de pénurie, voire de famine dans les pays africains, et surtout des plus vulnérables ; n’oublions pas qu’à l’exception de quelques-uns, ils sont tous touchés également par la hausse des hydrocarbures.
Le retour de la guerre en Europe ne doit pas nous faire oublier nos voisins du Sud. Ayons un œil à l’Est et un au Sud !
Au-delà du risque de catastrophe alimentaire, l’Afrique est confrontée aux défis du renchérissement des produits pétroliers et de la remontée des taux d’intérêt. Le moment est venu de réfléchir sur la mise en place d’une nouvelle catégorie de droits de tirage spéciaux (DTS) gagés sur les ressources naturelles africaines. Au-delà des ressources financières que cela apporterait au continent, le mécanisme permettrait la préservation de c es richesses, source de nombreuses tentations.
Dov ZERAH
N°280 : L’Afrique est l’avenir de l’Europe

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Filouthai

L’Afrique est l’avenir de l’Europe de la même façon que la Palestine est l’avenir d’Israel !