Après l’assassinat du procureur général égyptien, Hisham Barakat, le 29 juillet 2015, et l’attaque terroriste de l’Etat islamique dans le Sinaï deux jours plus tard, dans laquelle quelque 70 soldats égyptiens ont été tués, la presse égyptienne a émis de vives critiques à l’encontre du Qatar et de la Turquie, les accusant de financer le terrorisme en Egypte et dans d’autres pays du Moyen-Orient.
Selon ces articles, la Turquie, sous la présidence de Recep Tayyip Erdogan, et le Qatar, sous Cheikh Tamim Aal Thani, soutiennent et financent les organisations terroristes extrémistes dans la région, et par conséquent « sèment la destruction au Moyen-Orient » et « transforment les pays arabes en enfer pour leurs citoyens ». Les articles appellent à étendre la guerre contre le terrorisme, y compris à tarir ses sources de financement et prendre des mesures juridiques contre les dirigeants qataris et turcs, considérés comme les responsables de l’effusion de sang dans le monde arabe, qui dansent sur les corps des innocentes victimes.
Notons que des accusations de ce genre contre le Qatar et la Turquie avaient déjà été entendues en Egypte depuis la chute du président Mohamed Morsi en juillet 2013. Ces pays, proches des Frères musulmans (FM), soutiennent que le gouvernement de Morsi a été renversé par un coup d’Etat militaire, et voient donc le régime du président Al-Sissi comme illégitime. L’Egypte, pour sa part, accuse ces deux pays de soutenir les FM, ce qui est interdit dans le pays, ainsi que des organisations djihadistes comme l’EI.
Ces accusations mutuelles ont entraîné une détérioration des relations de l’Egypte avec la Turquie et le Qatar, à tel point qu’en novembre 2013, l’Egypte a renvoyé l’ambassadeur turc et rappelé son propre ambassadeur d’Ankara. En janvier 2014, elle a également rappelé son ambassadeur de Doha. Le Qatar, à son tour, a rappelé son ambassadeur du Caire en février 2015. Les efforts déployés par l’Arabie saoudite pour négocier un rapprochement entre l’Egypte et le Qatar, entamés fin 2014 dans le cadre de ses tentatives pour former une large coalition sunnite contre l’Iran, n’ont pas porté leurs fruits.
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