L’Arabie saoudite mise désormais sur ses ressources minières, le potentiel évalué à 2.500 milliards de dollars

En quête d’alternatives au pétrole, le royaume saoudien a réévalué ses réserves minières. Son estimation est maintenant de 2.500 milliards de dollars contre 1.300 milliards estimés précédemment.

La mine serait-elle la prochaine manne financière de l’Arabie saoudite ? Le gouvernement saoudien a annoncé avoir rehaussé les estimations de ses ressources minérales, ce mercredi. Une annonce qui est loin d’être anodine. D’autant plus que le royaume a réévalué le potentiel d’un secteur appelé à contribuer à la diversification de l’économie du premier exportateur mondial de pétrole brut.

« Je suis heureux d’annoncer que notre estimation du potentiel minéral inexploité du royaume est passée de 1.300 milliards de dollars à 2.500 milliards de dollars, soit une augmentation de 90% », s’est réjoui Bandar Alkhorayef, le ministre saoudien de l’Industrie et des Ressources minérales, lors d’une conférence à Ryad.

Le chiffre de 1.300 milliards de dollars était cité par des responsables du pays, notamment le prince héritier, et dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane, depuis au moins 2017.

Le prince héritier Mohammed ben Salmane souhaite faire transitionner son pays pour qu'il soit moins dépendant du pétrole.

Le prince héritier Mohammed ben Salmane souhaite faire transitionner son pays pour qu’il soit moins dépendant du pétrole. (Crédits : SAUDI ROYAL COURT)  (Avec AFP)

« Cette augmentation est due à de nouvelles découvertes de terres rares, à l’augmentation des volumes de phosphate, d’or, de zinc et de cuivre, ainsi qu’à la réévaluation de ces minéraux », a-t-il énuméré.

Recherches d’alternatives au pétrole

Il s’agit donc d’une très bonne nouvelle pour le premier exportateur mondial de brut. et pour cause, l’Arabie saoudite cherche à réduire sa dépendance aux combustibles fossiles.

Preuve en est, la société nationale, le géant Aramco, commence a montrer des faiblesses. Il a indiqué à ses clients asiatiques, européens et américains qu’il allait baisser le prix officiel de ses bruts à partir de février. Pourtant, trois clients asiatiques de brut saoudien, interrogés par l’agence Bloomberg, ont également indiqué que la baisse des prix d’Aramco ne les conduirait pas à augmenter leurs livraisons, alors que se profile la période de maintenance dans les raffineries asiatiques.

Un revers pour le ministre de l’Énergie saoudien, le prince Abdulaziz bin Salman, qui n’a pas manqué de fustiger régulièrement les « spéculateurs » sur les marchés à terme du pétrole qui « shortent » le marché. Autrement dit, il accuse certains investisseurs de vendre aujourd’hui des barils pour une échéance plus lointaine, en pariant que les cours seront plus bas au moment où ils devront livrer les barils.

Les investisseurs ont toutefois intégré ces derniers mois que, durant le premier semestre de 2024, le ralentissement économique mondial va s’accentuer en particulier avec une conjoncture plutôt morose en Chine, comme l’ont reconnu les plus hauts dirigeants du Parti communiste (PCC). Ces derniers ont concédé en décembre que le pays allait rencontrer des « difficultés » pour relancer l’activité économique du pays.

L’Arabie saoudite mise donc en partie sur le secteur minier pour attirer les investissements étrangers. D’ailleurs, la société de conseil et d’analyse des risques Verisk Maplecroft estime que le développement des activités minières est « l’une des parties les plus réalisables » du programme de réforme Vision 2030 du prince MBS, grâce aux infrastructures existantes, notamment les chemins de fer. Plutôt que d’être seulement un producteur de pétrole, « nous voudrions être un pays producteur de toutes les sources d’énergie », a affirmé à son tour le ministre saoudien de l’Énergie, Abdulaziz ben Salmane.

Déjà un pied dans les mines

Dans les faits, l’Arabie saoudite a déjà commencé sa transition. Le fonds souverain du royaume et la société minière d’État Maaden ont créé l’année dernière Manara Minerals, pour investir dans des actifs miniers à l’étranger. Manara a annoncé en juillet sa première grande acquisition, une participation de 10% dans la société brésilienne Vale.

En 2023, Ma’aden a aussi annoncé la signature de partenariats stratégiques. L’un avec la compagnie minière américaine Ivanhoe Electric, sous la forme d’une prise de participation de 9,9% pour 126 millions de dollars. Objectif, explorer le sol saoudien riche en or, cuivre, zinc, plomb nickel et argent. Par ailleurs, Ma’aden a renforcé son partenariat avec le deuxième producteur mondial aurifère, la compagnie étasunienne Barrick, pour développer la production de cuivre dans les mines locales de Jabal Sayid et de Umm Ad Damar que les deux groupes exploitent déjà ensemble depuis plusieurs années.

Les investissements directs en Arabie Saoudite restent toutefois « loin des objectifs », a souligné Torbjorn Soltvedt, de Verisk Maplecroft. Le secteur minier est « l’un des meilleurs atouts pour stimuler les investissements étrangers », souligne-t-il.

« Mais l’Arabie saoudite n’a pas encore conclu d’accord historique avec une grande société minière mondiale pour aucune de ses licences minières actives », tempère Torbjorn Soltvedt.

Riyad mise sur le nucléaire

Autre source d’énergie qu’entend utiliser Riyad dans la transition énergétique : le nucléaire. Toujours début 2023, le ministre de l’Énergie, le prince Abudlaziz bin Salman, a annoncé qu’une récente prospection a permis d’établir que du minerai d’uranium pourrait être exploité localement. Il permettrait au pays de fournir en toute indépendance le carburant de ses futures centrales nucléaires.

« Les explorations récentes ont montré l’existence d’une quantité diversifiée d’uranium dans différents sites géologiques du Royaume, tels que Jabal Saeed, Madinah et Jabal Qariah dans le nord », a-t-il expliqué, précisant que des ressources de titane avaient été également identifiés, « en quantités significatives, débloquant des opportunités d’investissement encore plus importantes. »

Outre le solaire et l’éolien, le royaume compte en effet sur le nucléaire pour répondre à ses besoins en électricité de plus en plus importants – ils ont augmenté de 20% entre 2012 et 2020 – , notamment pour procéder à l’énergivore dessalement de l’eau. Aujourd’hui, la production reste encore largement dépendante de la combustion des hydrocarbures, fortement émettrices de CO2. En 2018, le pays avait annoncé son intention de construire 16 réacteurs nucléaires sur 20 ans pour un montant de 80 milliards de dollars. Mercredi, le prince Abdelaziz ben Salmane a annoncé que « deux grands réacteurs » vont être développés, qui permettront en toute logique d’« exploiter les ressources (locales) en uranium ».

JForum.fr avec latribune.fr

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